18 jeunes gens à l'appel de l'orage aurait dû être, selon la volonté du cinéaste, la représentation d'une certaine jeunesse japonaise des années 60, haïe de tous, sous-exploitée, sans compétence et laissée à l'abandon. Le pari n'est qu'en partie réussi, car le cinéaste est davantage occupé à développer le personnage principal, un ouvrier alcoolique embauché pour canaliser les 18 mais les dénigrant à son tour, et ses relations sentimentales tumultueuses, qu'à le confronter au groupe et à tenter de décrire la vie monotone de ces individus désœuvrés et sans espoir.
La description de ces individus entre deux âges, point d'ancrage parfait pour un drame social, passe finalement au second plan. La fiction reprend le dessus. Si, dans ses films précédents, le cinéaste savait mettre en œuvre une critique du monde ambiant autour d'un personnage créé de toute pièce, ici ce même personnage, individualiste notoire, fait obstacle à la mise en forme de cette peinture sociale. Finalement Yoshida a agit comme s'il pouvait se reposer sur un réel qu'il serait inutile de chercher à maitriser, mais le récit qu'il met en scène finit par ne lui accorder que trop peu de place.
Moins développé formellement que ses précédents films et que ceux qui suivront, comme si le cinéaste avait également voulu se libérer de son style pour adhérer à une vision davantage « documentaire » du monde qu'il dépeint, 18 jeunes gens est un film hésitant et finalement aux objectifs incomplets, d'autant que certains effets stylistiques reviennent au galop, notamment l'utilisation qu'il fait du noir et blanc, sans jamais atteindre le niveau de grâce de ses autres œuvres.