13 Hours : critique de la pelle du devoir

Simon Riaux | 16 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 16 novembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après les succès très remarqués d'American Sniper ou encore Du sang et des larmes, Hollywood est en forte demande de drame martial sévèrement burné. C'est dans ce contexte que Michael Bay tente de nous enrôler de nous emporter avec 13 Hours, récit guerrier du drame de Benghazi.

AMERICA FUCK YEAH

Si vous êtes un fanatique de divertissement militaire, un amateur de grosses pétoires fumantes, ou un soutien inconditionnel de la politique de George Bush, le dernier Michael Bay va probablement vous offrir 2h24 de bonheur intense. Car sous ses airs de récit documentaire, emprunt de gravité désireux de témoigner du destin édifiant d'hommes exceptionnels, on tient là une des créations les plus ouvertement débiles de son auteur.

Un film qui explique frontalement que la vie d'un américain vaut (beaucoup) plus que celle de n'importe quel autre individu, que les Libyens (comprendre les arabes en général) sont au mieux des silhouettes quasiment animalisées, au pire des hordes de barbares aux yeux injectés de sang et que le fiasco qui amena à la mort de l'ambassadeur américain de Benghazi était en fait une belle réussite. C'est d'ailleurs sans doute cet aspect du film qui est le plus ridicule, voire le plus odieux.

 

Photo John KrasinskiJohn Krasinski a bien changé depuis The Office

 

Michael Bay nous montre ainsi que le diplomate américain que tenteront vainement de sauver ses héros est quand même une grosse baltringue au comportement si imprudemment amical avec les indigènes qu'il menace la sécurité de bons américains. Une façon de dénigrer artificiellement le travail d'un ambassadeur pro-actif et de nous montrer combien nos héros sont de nobles combattants, quand il s'agit essentiellement de soldats de fortune chargés d'encadrer des barbouzes de la CIA.

 

Photo Dominic Fumusa, John KrasinskiIl sort sur quelle console le prochain Call of Duty ?

 

WAY OF THE GUN

Si vous adhérez au message ou pouvez le supporter, 13 Hours est un Bay Movie de bonne tenue, dont le budget raisonnable semble avoir forcé son auteur à questionner un peu l'utilisation de sa caméra. Pour un peu, on serait tenté de dire que l'on tient là une belle selle guerrière, bien démoulée et pas trop collante. En témoigne le jeu - bourrin mais maîtrisé - de Michael Bay avec nos repères de spectateurs. Après un premier assaut au montage frénétique, où l'espace, la géographie et l'action sont pulvérisés et nous projettent au coeur d'un conflit que les personnages ne comprennent pas et où ils n'ont aucun repère. L'effet est saisissant, happe le spectateur et le propulse en première ligne.

 

Photo Max MartiniÀ la guerre comme à la guerre

 

Puis, alors que 13 Hours se transforme en film de siège et que les guerriers en déroute se retranchent, le réalisateur propose à nouveau une mise en scène fluide, beaucoup plus harmonieuse, qui permet à son récit de prendre un peu d'ampleur. C'est la partie la plus réussie du récit, celle où le cinéaste parvient à faire cohabiter son goût (et son génie) de la pyrotechnie délirante, son amour de la belle image et ses désirs de plans délirants. Le métrage a beau être trop long de 45 minutes, il recèle dans sa dernière heure quantité d'images souvent impressionnantes, parfois inédites, ainsi que quelques relectures des outrances favorites du metteur en scène (le plan du mortier directement issu de Pearl Harbor), qui font passer la pilule.

 

Affiche

Résumé

13 Hours échoue largement à nous émouvoir, ou à délivrer un quelconque message, tant il est bouffi par son nationalisme benêt asséné comme un grand coup de pelle et sa durée excessive. Mais en tant que divertissement bourrin et guerrier, l'ensemble fonctionne et remplit sa mission par endroits.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(3.8)

Votre note ?

commentaires
Babar77
17/11/2018 à 18:19

film propagandiste ultra-raciste

Hasgarn
17/11/2018 à 11:10

Un film de Bay que j'aime assez pour son côté bourrin régressif et surtout parce que malgré son discours, c'est quand même drôlement bien réalisé et visuellement beau.

Alfonzo
17/11/2018 à 09:17

et allez, un gros coulis de morale et de bien-pensance arrosé d'anti-américanisme primaire sur un rien d'autre qu'un western urbain royalement emballé. Trip bourrin totalement assumé bien supérieur aux autres fils du gars Michael.

Roukesh
16/11/2018 à 22:00

"Délivrer un message" et film de Bay c'est antithétique. On ne passe pas un mauvais moment. C'est du Bay aussi vite vu aussi vite oublié.

Flash
16/11/2018 à 20:09

Vu bourrin comme il faut, j'ai adoré et "fuck" les pisses froids !

4lstroM
28/03/2016 à 08:12

C est degueulasse et repugnant de sortir encore des films de propagande comme ca en 2016... Bien evidemment les gros beaufs vont se masturber sur ces "récits imaginaire" alors qu ils ne connaissent même pas cette histoire qui traite quand même d une déroute du système.... Mais bon....j aime bien BAY quand il fait du disney mais là le sujet est trop grave pour en faire n'importe quoi

Gonzo
26/03/2016 à 20:56

Changement de carriere pour Jim, le business du papier etait effectivement en declin

popopopopo
25/03/2016 à 18:57

@la redaction autant pour moi, mais ça reste quand même des soldats de très haut niveau ;

Simon Riaux
25/03/2016 à 17:43

Non, il ne s'agit pas de Seals, mais de contractants privés (type Blackwater en gros), seul d'eux d'entre eux sont d'anciens Seals.

popopopopo
25/03/2016 à 17:33

"soldats de fortune" c'est vite dit, c'est des SEAL gars, comme nos commandos marine, la crème de la crème !

Plus
votre commentaire