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Elyas : critique du man on friteur de Roschdy Zem

Par Mathieu Jaborska
4 juillet 2024
4 commentaires

Les amateurs de cinéma d’action connaissent bien le nom de Florent-Emilio Siri. Et ils n’ont pu que saluer son alliance avec l’acteur Roschdy Zem pour Elyas, thriller français qui se voudrait beaucoup plus énervé que la moyenne. Mission accomplie ? Réponses en salles depuis ce 3 juillet.

Elyas : critique

Déjà-vu

Bien que sa participation à la série Marseille ait été très remarquée, Florent-Emilio Siri restera dans nos cœurs le réalisateur du jusqu’au-boutiste Otage avec Bruce Willis, mais surtout de Nid de Guêpes, éternel exemple d’actioner réussi à la française. De toute évidence, l’artiste connaît ses classiques, les limites et les possibilités de l’industrie dans laquelle il évolue. C’est pourquoi Elyas tient moins du bonbon pop blindé de bastons que du thriller au rythme effréné, mâtiné de fusillades intenses et de mano à mano méchants.

Tout sauf un « John Wick français » (surnom attribué à tout ce qui relève de près ou de loin du cinéma d’action de nos jours), le long-métrage va plutôt chercher ses influences chez Tony Scott. Le héros éponyme ne dépareillerait pas dans sa filmographie, vétéran rendu à un métier aussi trivial qu’exigeant et qui va devoir se surpasser. Quant au scénario, il rappelle bien sûr celui de Man on Fire, avec ce garde du corps chargé de protéger une famille menacée et qui va finalement se prendre d’affection pour la jeune fille, puis largement outrepasser ses prérogatives pour assurer sa survie.

« Son art, c’est la mort »

Ici, le pauvre Elyas doit composer avec un stress post-traumatique qui alimente l’incertitude : le commando venu s’occuper de ses clients est-il bien réel ou issu de son imagination ? Une idée pas inintéressante, qui sert cependant plus de béquille, sur laquelle peuvent s’appuyer le cinéaste et son co-scénariste Nicolas Laquerrière pour se lancer dans la longue poursuite tendue qui les intéresse vraiment. D’ailleurs, une fois les enjeux établis par le twist attendu, elle est abandonnée, au profit de l’action.

On peut s’agacer de ce choix, ou déplorer l’artificialité d’un scénario qui tente un peu maladroitement de prendre en compte le triste état du monde (il est question de talibans, de clandestins et de manipulations informatiques). On peut aussi apprécier la modestie de l’entreprise, en quête permanente de nervosité. Malgré ses défauts, Elyas est assez terre à terre pour ne pas se compromettre… et assez régressif pour proposer un vrai spectacle à son public.

Il flingue dans toutes les positions

Frigo encastrable

Oui, le film joue un peu la montre à force de détours narratifs et de lieux communs. Mais une fois les chiens lâchés, il faut lui reconnaître une vraie générosité, voire une véritable ambition qui se concrétise dans une dernière demi-heure bien bourrin, osant ce que d’autres réservent au cinéma américain. Il comporte son lot de fusillades, pas les plus originales de l’histoire, mais d’une efficacité indéniable, grâce à une mise en scène qui ne s’encombre pas d’effets de style tape à l’œil.

Et surtout, il nous offre une petite dose de bastons archi-violentes, dont une empoignade dans une caravane qui s’impose d’emblée comme l’un des morceaux d’action les plus marquants proposés cette année – et pas qu’en France. Siri manie la caméra aussi bien que la porte de frigo et dévoile quelques exécutions qui nous ont arraché un « outch » compatissant. Dommage qu’en dépit de ses multiples scènes de torture, il n’embrasse pas plus cette sauvagerie physique absolument réjouissante et qu’il faille se contenter de cette pastille très bien chorégraphiée.

Une vitrine de son talent

Puis il y a l’évidence : si le metteur en scène s’inspire de Tony Scott, Rochedy Zem a des airs de Denzel Washington. L’acteur était évidemment né pour incarner un vieux briscard traumatisé et mutique capable de se transformer en machine à tuer. Avec son air déterminé, laissant toutefois apparaitre ses blessures, il est la force tranquille qui lie les lourdeurs narratives et les gros rushs d’action, le moteur d’un film calqué sur son sérieux et son visage menaçant. Et de toute façon, on n’oserait pas critiquer sa performance, de peur qu’il vienne à la rédac nous enfoncer un tesson de bouteille dans la gorge.

Rédacteurs :
Résumé

Une série B d’action qui souffre de grosses lourdeurs, mais profite de dérapages bourrins remarquables. Espérons qu’il ouvre une brèche et que Roschdy Zem se précipite dedans.

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Sanchez

Roshedy , notre Denzel . Je l’aime

saiyuk

La bande-annonce faisait en effet clairement pensé a Man on fire j’aurais été étonné que vous n’en parliez pas.
Quand a Siri c’est dommage qu’il tourne si peu car Nid de guepes / L’ennemi intime / Otage était de bonne petite claque a l’époque, pas sans defaut, mais sacrément bien foutu

Flo

Quitte à Denzelifier Roschedy, n’oubliez pas aussi la version grand écran de « Equalizer », bardée de tics obsessionnels et assez pétée de la tête – étonnant que personne ne la cite.