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Le grand film d’amour (ou pas) de Xavier Dolan : Laurence Anyways et l’art de la rupture

Par Axelle Vacher
4 juillet 2024
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Lawrence Anyway

Avec Laurence Anyways, Xavier Dolan achève sa trilogie de l'amour et propose l'épilogue d'un récit plutôt que son déroulé.

Il y a eu les tragédies de la Grèce antique, l’historique Roméo et Juliette, la quête amoureuse de Pamela ou la Vertu récompensée. Il y a eu les écrits de Jane Austen, des soeurs Brontë ou encore d’une généreuse poignée d’adolescentes sur les plateformes Wattpad et Livejournal — en d’autres termes, coup de foudre et retors associés agitent les plumes depuis qu'elles existent. Mais chaque médaille implique son revers, et les récits de déliaisons sont tout aussi légion que leurs contreparties énamourées. 

Marriage Story, Les Noces Rebelles, ou encore Scènes de la vie conjugales sont ainsi autant de mises en scène d’un déchirement, d’une séparation lente plus ou moins fielleuse, et si le genre a bien entendu fait le sel de moult récits, Xavier Dolan semble en avoir fait son fer de lance depuis ses débuts. C'est ainsi qu'au travers de son Laurence Anyways, le cinéaste propose l’étude simultanément clinique et lyrique d’un inévitable échec amoureux.

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Stand by me

Troisième long-métrage du cinéaste et ultime titre de sa trilogie de l’amour, Laurence Anyways propose moins le récit d’un couple que celui d’une rupture, dont les dents de scie s’étalent péniblement deux décennies durant. Déroulée par un dispositif in ultima res, la romance que partagent Laurence (Melvil Poupaud) et Fred (Suzanne Clément) figure initialement l’image d’un duo fusionnel et marginal, à l’amour quasi compulsif. 

Confinés à l’habitacle enfumé d’une voiture aux fenêtres obstruées par la pluie, les deux personnages énumèrent, un brin égayés par le joint qu’ils se partagent, les choses qui leur apportent ou leur retirent du plaisir. La focale, sciemment raccourcie à l’extrême, distend l’anatomie automobile jusqu’à lui conférer des proportions artificielles, et déforme simultanément les silhouettes. 

They see me rollin'

L’espace sonore jouit d’une cacophonie où se mêlent l’averse, l’autoradio, les voix. Le chaos est assumé, stabiloté par un montage alternant les échelles de plan avec l’énergie d’un épileptique sous cocaïne. Alors oui, l’image suscite le sourire ; mais comme souvent chez Dolan, la technique est au service d’un double dessein. L’enjeu est-il relatif au portrait d’un amour vigoureux, ou laisse-t-il entrevoir une instabilité funeste ? 

À l’allégresse de la voiture se substitue, sans transition aucune, l’atmosphère plus lascive d’une boite de nuit. La division de la cellule continue de se pérenniser dans l’inconscient du spectateur tandis que le cinéaste prend le parti d’isoler ses personnages, tant par le cadre que le choix d’une rythmique distincte pour chacun d’eux.

"Moving through an unknown past, dancing at the ...

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