Curieux débat qui se fait jour autour de Mad Max : Fury Road.
Le film a beau s’être livré à une promotion démentielle et ses précédents épisodes être particulièrement connus du public (et suppose-t-on, de la presse), tout le monde s’excite autour du féminisme que véhiculerait le film. A tort ou à raison ?
Attention les lignes qui suivent contiennent quelques LÉGERS SPOILERS, pour la grande majorité déjà dévoilés dans les bandes-annonces du film.
GIRL POWER
Pour beaucoup, la saga Mad Max surprend et se renouvelle en mettant en avant de nombreux personnages féminins, parmi lesquelles une troupe de rebelles, décidées à échapper au tyran qui les a transformées en objets sexuels voués à la reproduction. De pures icônes sorties d’un antique film bis, elles vont ainsi se transformer en véritables walkyries de la route.
Le chemin de Max croisera également les dernières survivantes d’une tribu matriarcale, où les femmes faisaient la loi et dominaient les hommes. Guerrières impitoyables, elles donneront bien du fil à retordre au terrible Immortan Joe.
Enfin, la pierre angulaire de la dimension féminine de Mad Max : Fury Road n’est autre qu’Imperator Furiosa (Charlize Theron), qui s’échappe d’une monstrueuse citadelle avec un précieux chargement et compte bien déjouer toutes les attaques de ceux qui convoitent son butin, ou veulent simplement attenter à sa vie.
VRAIMENT NOUVEAU ?
On le voit, il y a donc de nombreux personnages féminins dans le dernier film de George Miller. Mais faut-il s’en étonner ?
Ce n’est pas notre avis, car voir dans le possible féminisme de Mad Max une innovation reviendrait à dire que les précédents volets ne jouaient que sur la carte du divertissement viril, ce qui est parfaitement inexact.
Ainsi dès le premier épisode, la compagne de Max est centrale, on oublie un peu vite qu’elle est loin de disparaître dès le début du récit, et qu’elle constitue véritablement son pivot émotionnel, moral et symbolique. Elle est ainsi très loin de n’être qu’un vague faire valoir.
De même, dans Mad Max 2, il faut se souvenir du rôle primordial joué par Virginia Hey. Guerrière dans le camp des « civilisés », son courage et son abnégation seront pour beaucoup dans la décision de Max de prendre parti entre les deux camps qui se déchirent sous ses yeux.
Enfin, si l’histoire du cinéma retient surtout ses costumes pas totalement réussis (c’est un euphémisme), Tina Turner est dans Mad Max au-delà du Dôme du Tonnerre un véritable alter égo du héros. Son parcours, ses choix et ses ambitions les amènent logiquement à s’affronter, mas qu’on ne s’y trompe pas, Entity est une femme de pouvoir, un personnage puissant, dans tous les sens possibles et imaginables du terme.
Tina Turner dans Mad Max 3
C’EST FEMINISTE OU BIEN ?
Indiscutablement, Mad Max : Fury Road est un film féministe. Pas dans une optique pseudo-militante comme on peut le lire ici et là, mais tout simplement parce que George Miller envisage ses figures féminines comme des personnages à part entière. Avec leurs qualités, leurs défauts, leur part d’ombre, de lumière.
La place qu’occupe Furiosa dans le récit, décriée par certains fans de Max lui-même, est parlante. Que George Miller ait plusieurs fois évoqué un autre épisode centré sur elle, et sous-titré Furiosa, égalelement.
C’est en cela que son travail peut-être considéré comme féministe. Sauf que ce n’est ni une nouveauté, ni une surprise. Cela fait trente cinq ans que le cinéma de ce remarquable metteur en scène est marqué du sceau d’un humanisme originel et exigeant.
Ainsi ceux qui applaudissent à deux mains devant le soit disant progressisme de Mad Max : Fury Road révèlent bien plus leur méconnaissance du sujet qu’une bascule idéologique chez l’un des cinéastes les plus accomplis en activité.
Et pour savoir pourquoi il faut vous ruer devant MAD MAX : FURY ROAD, lisez donc notre critique !
« Ce remarquable metteur en scène est marqué du sceau d’un humanisme originel et exigeant »
« l’un des cinéastes les plus accomplis en activité ». L’auteur de cet article est-il sur de bien connaître le cinéma et son histoire? D’une part, quand on regarde la fimographie de George Miller, on ne peut pas dire que cela déborde de classiques du cinéma (Babe 2, Happy Feet 1&2, Mad max 1,2,3,4…) ou même de fims qui aient marqué les 30 dernières années du cinéma d’une façon ou d’une autre. D’autre part, il est très très facil de trouver des cinéastes dont les films sont bien plus restés dans les mémoires par leur intelligence ou leur qualités artistiques. Il ne suffit pas d’avoir des personnages féminins à la forte personnalité ou avec des zones d’ombres dans ses films pour devenir un grand réalisateur. La relecture des qualités des cinéastes et des films à la lumière des critères féministes de plus en plus intensément présents me semble plus être le moyen de faire plaisir à cerianes personnes et de célébrer des mauvais films que de faire émerger des cinéastes à l’humanisme réellement originel et exigeant…
Je pense que vous passez à côté d’une évidence : la portée féministe de la saga va en crescendo, de manière très claire.
Car dans Fury Road, et contrairement aux précédents, c’est le véritable enjeu scénaristique du film (les Breeders qui cherchent à échapper à leur triste destin d’accessoires de procréation).
Sans parler de Furiosa qui semble clairement être le coeur du film (spoiler : Miller décide, lors de la scène de nuit après l’arbre, de ne pas montrer ce que fait Max pour stopper les assaillants ; on reste avec Furiosa et les femmes, et lui sera hors champ).
Par ailleurs, il faut souligner que Miller avait pour projet de tourner Mad Max : Furiosa dans la foulée de Fury Road à une époque (aujourd’hui, il continue de dire qu’elle sera primordiale pour la suite). C’est quand même très significatif. Ok Entity est une femme forte, mais elle était nettement moins moteur de l’action, et son sexe, beaucoup moins questionné par les thématiques du 3ème film.
à Harry, ton propos est bien macho, elles ne sont pas là pour « contraster » avec la barbarie, elles s’en sont extirpés. Je vois pas en quoi d’anciennes victimes de sauvageries de toutes sortes, frôlant la folie « allègeraient » le propos du film et distillerait de l’espoir.
Toujours cette manie de faire des films de simples hochets politiques…lorsque les passions s’amenuiseront, ces passions paraitront dérisoires. (au XIXe siècle que nous aurait dit la presse : « Mad Max film anti esclavagiste ?? »)
Mad Max est juste un bon film nerveux, une énorme course poursuite avec une idée de cascade par seconde et qui renvoie les blockbusters dans les cordes de leur suffisance boursouflée par un vrai amour de l’artisanat et du design artistique fleuri. La présence féminine est essentiellement là pour contraster avec la barbarie ambiante, pour équilibrer le scénario et donner une touche d’espoir (tout comme « Mad Max 2 » n’est pas non plus un film enfantiniste car il donne la part belle au gosse qui a aussi son coté « bras droit »…comme Charlize Théron).
Bien d’accord sur le parallèle avec ses films précédents. Mais ce n’est pas parce que George Miller a déjà fait cela que les gens qui applaudissent des deux mains ont tort… ils n’opposent pas forcément la touche féministe de ce film aux autres films de Miller, mais plutôt aux autres blockbusters en général. Et ils ont plutôt raison, non ?…