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Batman : critique de la renaissance du Joker avec The Winning Card

Par Lucas Jacqui
20 juillet 2024
MAJ : 29 juillet 2024
2 commentaires

Le Joker a connu pléthores de versions parfois inspirées, parfois à côté de la plaque – et on attend de voir dans quelle catégorie sera Joker Folie à Deux. Avec le comics Joker : The Winning Card, Tom King et Mitch Gerads proposent la leur avec une particularité : ils modernisent la toute première apparition en comics du célèbre vilain de Batman.

Batman : critique de la renaissance du Joker avec The Winning Card

Joker : Année Un

En 1940, avec Batman #1, le Chevalier Noir débute sa première série éponyme et à cette occasion affronte son mythique ennemi, le Joker. Commence alors l’une des plus longues et populaires confrontations de l’histoire des comics. Et avec la minisérie The Winning Card, Tom King et Mitch Gerads viennent rendre hommage à ce récit fondateur de deux icônes de la pop culture.

Ce travail de relecture de l’aventure d’origine passe par une recontextualisation de celle-ci. Ainsi, l’intrigue fait suite aux péripéties du culte Batman : Année Un (1987) de Frank Miller et David Mazzucchelli. Pour rappel, ce comics avait en son temps modernisé la figure du fan de chauve-souris, posant dans le même temps les fondements du Batman que l’on connaît désormais. Pourtant, hormis le coup de polish sur l’image du justicier, Année Un a permis de se rendre compte que les bases du héros sont là depuis ses débuts.

Comics Joker DC Batman
Joker en chasse

Et à la lecture de The Winning Card, le constat est le même avec Joker. La nouvelle version de cette histoire par King et Gerads n’a pas de nécessité à changer la trame principale ou les rebondissements de Batman #1, malgré les plus de 80 ans qui séparent les deux comics. Tout comme Batman, le Joker est un personnage intemporel et parfait depuis 1940. Les deux artistes de la version de 2024 tirent donc en quelque sorte leur chapeau à Bill Finger, Bob Kane et Jerry Robinson, les créateurs du premier numéro de la série sur l’alter ego de Bruce Wayne, pour leurs travaux si inspirants pour les générations qui ont suivi.

Le travail de King reste néanmoins important et ne se limite pas à du copiage. Ce dernier vient combler les trous scénaristiques du comics d’origine, et donner du sens à quelques pirouettes narratives. Avec ça, Winning Card se veut la combinaison de deux ères, comme l’a été Batman : Année Un, en offrant l’essence du Joker des débuts à la sauce de l’écriture noire des comics modernes.

Comics Joker DC Batman
Le Joker a ses raisons que la raison ne cherche pas à comprendre

Joker Begins

Toucher au Joker est une cascade réservée aux professionnels. On ne compte plus les dérapages visuels ou narratifs du personnage, que ce soit en comics ou à l’écran (Jared Leto, on parle de toi). Mais The Winning Card fait (très) fort en étant (très) malin. Contre le Joker bavard et rigolard, étalant son verbe comme un enfant étale du feutre sur un mur blanc, King et Gerads font du Clown Prince du Crime un quasi-muet.

Cette prise de risque audacieuse offre les plus belles idées de ce comics. Plutôt que de faire s’exprimer le criminel maquillé, et de fait inutilement justifier ses actions injustifiables, le comics traduit les pensées du psychopathe par des blagues cruelles insérées dans des cartons façon film muet. Le parallèle avec le cinéma, cet art où les corps se mettent en scène comme aime le faire le Joker, est évident, mais on peut également penser aux enregistrements audio récupérables dans les jeux Batman Arkham. Dans tous les cas, ces plaisanteries du Joker nous en disent plus sur lui que n’importe quel monologue à rallonge.

Comics Joker DC Batman
La première rencontre entre Batman et Joker est aussi un exercice difficile

Joker en perd donc la voix, mais gagne indubitablement en charisme. Plus effrayant que jamais, le meurtrier inarrêtable se transforme, sous le trait de Mitch Gerads, en croque-mitaine à la Pennywise de Ça. Le vilain devient alors une silhouette capable de surgir de nulle part et jouant sans un mot – mais avec le sourire – avec ses victimes. Mitch Gerads parvient presque à créer le jumpscare sur papier. L’aspect horrifique de la série s’en voit aussi renforcé par le style de l’artiste. En effet, son coup de crayon réaliste et minutieux, accompagné d’une palette de couleurs froides (à l’image de ce Joker en noir et blanc) fait du comics un véritable polar noir de toute beauté.

La mini-série The Winning Card fait à la fois honneur aux créateurs d’un antagoniste aussi marquant, tout en offrant au Joker l’une de ses plus élégantes et terrifiantes représentations. En bref, le duo Tom King et Mitch Gerads a créé un thriller haletant plus proche du style de David Fincher que ne l’est The Batman.

Joker The Winning Card est disponible depuis le 5 juillet 2024 chez Urban Comics.

Couverture officielle Joker The Winning Card
Rédacteurs :
Résumé

S’attaquer au premier duel entre Joker et Batman aurait pu être un bourbier gênant à vouloir trop en faire. Mais Tom King et Mitch Gerads s’en sortent si bien avec The Winning Card qu’on aimerait voir plus de ce Joker tout droit sorti d’un cauchemar du vieil Hollywood.

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dutch

Tom King c’est un vieux de la vielle sur Batman, il as écrit un million d’histoires, donc tout l’arc Batman rebirth, je me demande ce qu’il peux avoir de nouveau à dire sur cet univers…sinon oui DC fais beaucoup d’histoires sur Batman et le Joker, le comics est en crise, il n’y as que eux qui font vendre.

Aktayr

Par rapport à votre intro, quelles sont les versions comics du Joker à côté de la plaque ? Le Joker est un personnage archi utilisé mais au vu de votre article, The Winning Card semble plutôt s’en être bien sorti en renouvelant la figure du Joker. Et les dessins ont quelque chose de flippant qui rappellent Asylum.
Merci pour votre article !