POUR LE MEILLEUR
Loin des ambitions sociales de Samba, le duo de cinéma se penche une nouvelle fois sur une brochette de personnages hauts en couleurs et passablement mal assortis, ici une équipe d’organisateurs de mariage, rassemblée autour d’un chef charismatique mais usé (Jean-Pierre Bacri), à l’occasion de noces fastueuses, qui vont progressivement souligner les non-dits, tensions et désaccords au sein du groupe.
Depuis leurs débuts, Eric Toledano et Olivier Nakache sont parvenus avec une certaine réussite à se tenir à égale distance de la comédie populaire panzer et d’un rire perçu comme plus pointu, ou arty. Une nouvelle fois, ils font montre de leur capacité à jongler simultanément avec la dimension émotionnelle du récit, une écriture comique qui ne craint jamais de revisiter de grandes figures classiques et une curiosité formelle, un véritable désir de cinéma qui permet à leurs travaux de toujours se hisser au-dessus du tout-venant.
Aussi à l’aise avec Vincent Macaigne que Gilles Lellouche, capable de magnifier le jeu pas toujours fin d’Alban Ivanov tout en offrant une partition joliment remuante à Eye Haidara, le duo de metteurs en scène rappelle constamment qu’il a su tracer une ligne claire délicieuse entre humour « old school » et regard humaniste candide mais sincère. Le résultat comme toujours est pétri de charme et désarme souvent par l’infini tendresse qui s’en dégage, sans toutefois retrouver la grâce de Tellement proches.
ET POUR LE MOINS MEILLEUR
Malheureusement le film a souvent le cul entre deux chaises. Si Jean-Pierre Bacri se révèle une nouvelle fois impeccable, son rôle de clown bougon ne surprend jamais et on voit mal pourquoi le récit se focalise à ce point sur lui. Non seulement il écope des gags les plus téléphonés ou attendus (les fameux SMS), mais il occupe un espace qui étouffe souvent les autres protagonistes et menace la dimension chorale du film. Un déséquilibre d’autant plus regrettable que l’ensemble du casting s’articule avec une remarquable harmonie.
Enfin, le choix du thème et du décor central (un mariage, au sein d’un splendide château), menace également le métrage, en en gommant partiellement la personnalité. Malgré le soin apporté par les cinéastes pour proposer un véritable moment de cinéma, le travail (discret, chaleureux et soigné) de la photographie, Le Sens de la fête peine souvent à se démarquer des innombrables « comédies de mariage » déjà passées par là.
Plus embêtant, le choix d’un décor unique extrêmement classique enferme encore un peu plus le récit dans les oripeaux d’une certaine école française, un peu bourgeoise, assez loin du monde, hors du temps, qui sied mal aux caractères que voudrait dépeindre le film.
J’ai vu ce film au cinéma récemment et j’ai été très déçu tant on m’en a dit du bien. Tout est téléphoné, on voit tout venir à des kilomètres, jusqu’à ressentir du soulagement plus qu’autre chose quand les résolutions (gags ou non) arrivent enfin.
Il y a aussi trop de différentes intrigues qui gâchent le traitement du sujet de la fabrication de l’évènement pour d’autres. La sur-participation des professionnels à la fête dévalorise d’autres constructions. Le pseudo discours politique est gratuit et malaisant. L’antipathie du marié est trop appuyée. Ce film, globalement, est lourdingue. Ça aurait mérité un peu plus de finesse pour qu’on puisse passer un bon moment.
Nakache et Toledano et à nouveau une troupe de personnages tentant de remplir une mission casse-tête, alors que tout est contre eux… Mais, pour ce bref retour à la comédie ouverte, ça ne marche plus.
Parce-que le résultat ressemble surtout à une mini saison de « Kaamelott », avec là aussi des sketchs courts où les participants bras-cassés visent régulièrement à côté, pendant que le patron bougon essaie péniblement de tout gérer… Sauf que contrairement à « Kaamelott », là les gags ne sont majoritairement pas drôles, les dialogues pas toujours fins, les situations sont extra éculées (des trucs d’amoureux qui s’engueulent et s’ignorent, ou de vieux largués par la technologie) ou inexploitées (le pote qui aurait pu être à la place du marié, le stagiaire qui a clairement la tête de Al Yankovic)… c’est pas loin de la ringardise.
Pire, une grande partie des acteurs sont sous-utilisés. Des stars comme Gilles Lellouche et Jean-Paul Rouve jouent des semi-idiots adulescents comme ils ne le faisaient plus autant à l’époque… Suzanne Clément est trop désagréable pour être crédible en amoureuse vengeresse.
Des acteurs secondaires, qu’on connait un peu mieux maintenant, comme Antoine Chappey, Vincent Macaigne, Judith Chemla, William Leghbil, Kévin Azaïs… Ils ont du talent, on le sait déjà à l’époque. Et c’est seulement ça qu’on leur fait jouer ? Les cantonner à une partition trop unidimensionnelle – seuls Eye Haïdara, les comédiens hindous ou même Pauline Clément s’en sortent mieux, peut-être parce-qu’ils sont un peu plus « frais ».
Ça fait même drôle de voir Benjamin Lavernhe dans un rôle intégralement puant, même pas rattrapé par quelques secondes de grâce, censées ouvrir la narration vers une forme d’apaisement.
À l’image de Alban Ivanov, lui-même coincé dans son emploi habituel de dingo qui comprend tout de travers, le film n’arrive pas à s’extraire de l’obligation de se croire drôle, pour mieux laisser le dramatique affluer par touches. Bref, montrer un peu plus régulièrement que cette équipée n’est pas composée que de purs tocards, et arrêter d’essayer d’imiter en vain « Kaamelott ».
Rétrospectivement, ce qu’on en retient c’est une mise en scène toujours léchée et souvent énergique dans ses déplacements de caméras…
Une répétition de ce que sera le plus réussi « Hors Normes », notamment lors du speech passionné sur la difficulté de tenir une organisation complexe et ingrate, sans pouvoir faire autrement que d’engager des amateurs…
Et l’un des derniers rôles principaux de Jean-Pierre Bacri, déjà un peu diminué à ce moment là, alors qu’il ne sera vraiment touché que des années après. Surtout dans la scène introductive, ou lorsque son personnage s’évanouit – sensation prémonitoire ?
En tout cas, lui arrive sans peine à être aussi drôle que touchant, à être presque le seul à donner l’impression d’y croire jusqu’au bout, et à s’accrocher alors qu’on est continuellement au bord du gouffre.
Si les autres (trop) nombreuses attractions de cette fête ne sont pas assez en état de marche, la Grande Roue au centre c’est lui. Et elle tourne encore très bien, avec les serviettes et tout le toutim.
J’avais beaucoup aimé ce film au cinéma, et je l’ai encore beaucoup aimé quand je l’ai revu depuis. C’est pour moi une des meilleures comédies françaises de ces dernières années (mais vous me direz que le niveau global est très bas, c’est vrai).
Quand j’en vois certains qui disent la meilleure comédie des 20 dernières années, je me dis vous avez pas vu babysitting, alibi.com, very bad trip,
même la comédie beaux parents avec benabar est largement plus drôle que ce film
Moi je pense que ce film en fait trop dans le comique de situation. C’est lourd. Il y a de bons acteurs dommage
@fido
un air de famille
cuisines et dépendances
le gout des autres
kennedy et moi
si t’appelle ça du cinéma franchouille, hâte de voir ce que tu considères comme du bon cinéma
Nul. Idem pour le gout des autres que j’ai vu il y a bien longtemps. Des films qui se donnent un genre pour dissimuler le fait qu’ils n’ont absolument rien à raconter. C’est pas possible de voir le cinéma tomber si bas. Quand je pense qu’aujourd’hui on appelle des gens comme Guillaume Galienne et Pierre Niney « Acteurs » je me dis que c’est de pire en pire. Des trucs comme Guillaume et les garcons à table. Incroyable. Tout ça c’est du direct to nanarland.
Pour citer un superbe film qui a lui quelque chose à raconter « Le Premier Jour du reste de ta vie ». Récemment j’ai lu un article très intéressant au sujet de l’homme qui voulait être roi de John Huston. Voilà du vrai cinéma.
Comparez les trucs plus haut avec du vrai ciné genre hicthcock, hawks, leone, spielberg, Bong Joon-ho, Par Chan Wook, Denis Villeneuve et vous verrez que ça ne tient pas la route.
Caricatural à outrance, dommage, c’est juste sympatoche comme ça, du Danyboon sans Danyboon.
Et heureusement Bacri!
Entre meilleure comédie française de tous les temps et film consternant il y a peut-être un juste milieu…Mitigé sur Haidara effectivement, dans la droite lignée des acteurs sans classe qui ne font plus l’effort d’articuler, sans doute pas à la hauteur du rôle. A voir sur autre chose.
Le film a plusieurs réussites à son actif, mais il reste un peu côté arrangeant et artificiel dans la globalité.
Fido, j’imagine que tu as vu un air de famille, cuisine et dépendances, Le goût des autres et on connait la chanson…
Consternant est le mot juste. Comme toute la production française et ses acteurs. Bacri faisait du Bacri dans de mauvaises comédies franchouilles. Qu’on me cite un seul film inoubliable avec lui…. Mes condoléances à ses proches.