Films

Coco : critique de la Muerta

Par Simon Riaux
29 octobre 2020
MAJ : 26 mai 2023
20 commentaires

Coco, ce soir à 21h05 sur M6 !

Depuis Vice Versa et son succès critique, nombreux sont ceux qui se demandent si Pixar va retrouver la gloire de ses débuts phénoménaux où le studio, depuis tombé dans l’escarcelle de l’ogre Disney, parvenait avec une grâce rare à manier sophistication des concepts, limpidité des enjeux et maîtrise technologique. Coco confirme-t-il le retour en grâce de la firme à la lampe ?

 

Coco : Affiche

LA MORT LUI VA SI BIEN

On oppose souvent en cinéma le sens, la puissance émotionnelle et l’accomplissement technique. Le film de Lee Unkrich et Adrian Molina nous rappelle justement qu’ils ne se confrontent pas mais se complètent, la finesse de l’un révélant la puissance de l’autre. En effet, ce n’est ni dans la construction du récit, ni dans ses thématiques qu’il faudra chercher les réussites du métrage.

Si les mésaventures de Miguel, aspirant musicien à la passion contrariée par une légende familiale et embarqué au Royaume des Morts pour y débusquer un artefact, se déroulent sans grande inventivité narrative, elles nous filent souvent une belle larmiche aux coins des yeux, et n’oublient jamais de nous décrocher la mâchoire.

 

Photo

Miguel

 

Et si on est si régulièrement touchés par le récit, c’est justement grâce à la finesse des graphismes, la profondeur de champ délirante de certaines images, et le soin maniaque apporté à la composition symbolique et mythologique d’un univers aux couleurs tout bonnement sublimes. Forts d’une direction artistique souvent grandiose, Lee Unkrich et Adrian Molina peuvent donner libre court à la précision de leur art de conteurs, au gré d’un découpage simple, mais qui parvient toujours à capter le cheminement émotionnel des protagonistes et nous le donner à ressentir.

 

Photo

Un univers visuellement riche et magnifique

 

COMME A LA MAISON

Aucun doute, les plus jeunes apprécieront ce qui constitue le haut du pavé de la production d’animation américaine contemporaine. Toutefois, les spectateurs avides de surprise, d’originalité, ou tout simplement à cheval sur la construction narrative des œuvres qu’ils visionnent, risquent de laisser échapper ici et là un soupir d’ennui poli.

 

Photo

La famille, une des thématiques centrales du film

 

Car pour somptueux qu’il soit, Coco donne souvent le sentiment de choisir la solution de facilité dès qu’un choix s’offre à lui (jusque dans le design de ses squelettes, toujours pensés pour ne jamais effrayer le minot en bas âge), voire dans l’écriture de ses personnages. On a beau apprécier son sympathique clébard, difficile de ne pas y voir une resucée d’un archétype résolument Pixarien.

De même, les enchaînements de situations sont souvent trop propres, car téléphonés. Un problème qui s’efface progressivement une fois Miguel chez les zomblards, mais qui entâche le film dans sa première partie, et donne le sentiment qu’il s’agit plus d’une relecture de l’excellent La Légende de Manolo (un film du studio Fox sorti en 2014, notamment produit par Guillermo del Toro), que d’une création férocement originale, mue par un désir créatif indiscutable, à l’image des plus grandes réussites de l’entreprise.

 

Affiche française

 

Rédacteurs :
Résumé

Trop mécanique et désincarné pour s'imposer instantanément comme un classique, Coco n'en demeure pas moins une fable particulièrement émouvante, grâce à une direction artistique somptueuse.

Tout savoir sur Coco
Vous aimerez aussi
Commentaires
20 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Flo

Pourquoi est-il immédiatement formidable, ce film, une passé les pinaillages (on y reviendra) ?
Parce-que une fois passées les vingt premières minutes, au rythme rapide plutôt proche d’un Disney… Il y a cette ambiance, ce foisonnement d’environnements incroyables, de détails osés (on y voit bel et bien des enfants morts), de divers formats (les films de de la Cruz) et d’idées inventives – dont le fait de baser une partie de l’action dans un centre douanier mexicain… qui refoule les resquilleurs (nous étions pendant la présidence de Trump).
C’est festif, tout en restant morbide, le Jour des morts étant alors l’environnement rêvé pour faire un film à la Beetlejuice.
Et qu’est-ce que ça chante bien, en plus !

C’est un film qui bien entendu repose sur une multitude de références :
La Mort/le Deuil et la Mémoire, ce sont des thématiques qui, couplées ou non, font partie de l’identité créatrice de Pixar. Il n’est pas question de redite dans ce cas-là, mais de variations.
Oui il faut savoir lâcher prise, savoir se remettre en question, savoir accepter les erreurs passées… et faire reposer un climax sur un personnage devant retrouver miraculeusement sa mémoire (comme pour Wall-E, Buzz dans « Toy Story 3 », Dory).
Et c’est toujours très bien, d’une angoisse et d’une émotion à pleurer.
Un peu aussi de points communs avec « La Légende de Manolo », mais c’est surtout culturel et ça n’imite pas sa structure narrative.
Et un précurseur de « Encanto », puisque ça a failli être une comédie musicale familiale, avec une abuela en guise d’ »adversaire ».

Alors le scénario a beau avoir une sacrée complexité (la recherche d’un personnage particulier va de rebondissements en rebondissements, et une chanson plutôt simple n’a pas le sens que l’on croit), il n’empêche que la gestion de l’évolution des protagonistes principaux est remarquable.
Notamment tout ce qui concerne les retournements, qui nous donne ainsi des personnages non unidimensionnels, très complexes.
Cocœur !

fifi

La légende de Manolo est d’inspiration espagnole avec les torreros. Coco est une recherche exceptionnelle et purement mexicaine qui est d’une justesse peu égalable.

Eddie

Coloré, entrainant, triste et joyeux… un grand Pixar et un classique au rayon film d’animation! A consommer sans modération

Numberz

Préférence pour Manolo pour ma part.
Coco est beau, mais le A à Z est franchement classique. Déçu.

Kyle Reese

Un feu d’artifice pour les yeux surtout aux royaume des morts, une très jolie histoire avec beaucoup d’émotion, des persos attachant, la musique comme passion et thème principal et une animation au top. Un grand Pixar.

TDD

J’avais énormément apprécié le film au cinéma. Cette scène où l’on voit toute l’émotion animer le visage de Coco reste un joyau pour moi…

Après c’est évident qu’il y a eu une « inspiration » appuyée du côté de Manolo, et c’est malheureusement une maladie chez Disney/Pixar (salut le Roi Léo, Nadia et le secret de l’eau bleue etc)

Par contre je me souviens que quelques mois après la sortie de Coco; j’avais été très mal à l’aise en regardant la cérémonie des oscars. L’une des chansons du film y avait été reprise, mais avec des costumes pour les danseurs (non latinos) sur scène absolument ridicules. Et je me demande toujours pourquoi, alors que d’habitude il y a toujours des bien-pensants pour crier contre « l’appropriation culturelle » et le « white washing » c’était cette fois passé comme une lettre à la poste.

Satan LaBite

Celui qui ne pleure pas à la dernière scène n’est pas un être humain.

Sylvain PASSEMAR

Entre onirisme et fantastique, avec des couleurs à faire pâlir Caro et Jeunet. Tout simplement magnifique.

Olive

Exceptionnel
Bcp d’emotions, un grand Pixar!

Coco_Rico

@Pseudo, outre le jour des morts et les ancêtres sous forme de squelette, il n’y a rien en commun entre les deux. En fait, les deux films s’inspirent de la culture mexicaine mais partent dans deux directions opposées. Dans Coco, Miguel reste un enfant, toujours vivant et se retrouve de l’autre côté car « maudit », il recherche l’un de ses ancêtres pour retourner parmi les vivants sans contrepartie. Alors que Monolo doit affronter des épreuves pour retrouver Maria dont il est amoureux alors qu’il s’est fait empoisonné par son meilleur ami. Dans ce film on retrouve des divinités et autres créatures complètement différentes de Alebrijes puisqu’on retrouve d’autres légendes mexicaines.