SOUS LES PAVES…
Sur le papier, Ami-Ami ne manque pas d’atouts. Emmené par William Lebghil, révélé par la série SODA, le film bénéficie grandement de ses faux-airs de loser, du simili-détachement goguenard avec lequel il dynamite quantité de dialogues et situations convenues. Jouant toujours le contretemps, il évite à son personnage de se vautrer dans les clichés du jeune branleur fini au Smecta. Et si le reste du casting n’est pas toujours aussi performant que lui, tous déploient une belle énergie (notamment Margot Bancilhon).
William Lebghil
De même, on sent Victor Saint Macary décidé à ne pas tomber dans les travers télégéniques du rire à la française. Au maximum, il bannit le plan moyen, et se démène pour conférer au film une identité visuelle. Plans qui durent, caméra portée, image souvent composée avec soin, sens du non-sens (l’invraisemblable baston entre colocs, qui ferait passer La Guerre des Rose pour une partie de dames) : l’ensemble peut se targuer de se démarquer régulièrement de l’aphasie qui préside esthétiquement au tout venant des comédies nationales.
Dangers de la colocation
… DE (trop) BONNES INTENTIONS
Malheureusement, si la plupart de ces ingrédients sont délectables, ils fonctionnent très mal de concert. La photographie de David Cailley, souvent sombre et mélancolique, s’accommode très mal des joutes pipi-caca-prout de nos héros, quand le découpage souvent complexe – et maîtrisé – de certaines séquences les alourdit plus qu’il ne les dynamise. Conséquence : on ne rit jamais, ou très peu, tiraillé entre une image mélancolique et des vannes reposant essentiellement sur des dialogues artificellement modernes, souvent lourdauds.
Margot Bancilhon
Ami-Ami souffre par conséquent d’un terrible problème de tempo, induit par ce constant décalage, lequel paraît plus subi par le récit que voulu. Il est encore accentué par l’écriture des différents protagonistes, dont les caractères et enjeux sont plus que flous. Tout au plus parvient-on à leur accoler de vagues adjectifs, mais jamais leur parcours, leurs réactions ou leurs décisions ne semblent mues par une réelle cohérence, à l’image du nœud dramatique du récit (l’impossibilité du héros à faire cohabiter sa colocataire et sa petite-amie), dont l’origine paraît strictement incompréhensible.
Pour autant, le film de Victor Saint Macary ne saurait être considéré avec le dédain accompagnant les À bras ouverts et autres Momo, tant l’ensemble paraît constamment motivé par un sincère désir de cinoche. Maladroit, brinquebalant par endroits, mais néanmoins prometteur.
@zanta:
libre et assoupi c’etait excellent !!! lecaplain enorme !
bref un tres bon film francais !
Bon…
Mieux vaut revoir le très chouette « Libre & Assoupi », donc !