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Le Secret des Marrowbone : critique spectrale

Par Simon Riaux
31 janvier 2018
MAJ : 3 août 2020
1 commentaire

Scénariste de L’Orphelinat et The Impossible, Sergio Sanchez est tout sauf un débutant, même si Le Secret des Marrowbone est le premier film qu’il met en scène. Pour l’occasion, il retrouve Juan Antonio Bayona, qui après avoir porté ses scripts à l’écran, assure la production de ce conte ténébreux, riche de nombreux mystères.

Affiche

UNE FAMILLE EN GORE

Dès l’ouverture de son récit, le cinéaste fait montre d‘un sens de la dramaturgie particulièrement aiguisé. En une poignée de plans, il parvient à établir une atmosphère singulière, aussi bien en nimbant de mystère la batisse où emménagent ses personnages, qu’en définissant sans les dévoiler les jeux de pouvoir de et d’influence qui les liens. La fratrie Marrowbone est venue se retrancher dans la vieille demeure maternelle, fuyant un trauma ancien, comme pour se retrancher d’une malédiction dont chacun tait le nom.

Il ne faut à Lopez que quelque minutes pour conférer au lieu et à ses habitants une aura énigmatique, ainsi qu’une véritable incarnation. Ses protagonistes existent, et on sent bien le scénariste maître de son découpage, de sa photographie, ainsi que de son montage. Probablement grâce au soutien de l’excellent Bayona, il affûte pendant une heure un récit dégraissé, qui manie aussi bien la montée de tension que l’ellipse inquiétante. La driection artistique de l’ensemble est pour beaucoup dans cette réussite, qui tiendrait presque à elle seule dans la patine mélancolique et faussement surannée qui nous aspire très rapidement au coeur du récit.

 Photo Mia GothLes Marrowbone

 

Si le scénario établie enjeux et zones d’ombre avec malice et réussite, Sanchez ne dépare pas non plus derrière la caméra. Ainsi, sans jamais céder aux sirènes de l’horreur anglo-saxone, il refuse toute stimulation facile du spectateur en quête d’adrénaline bon marché, préférant étirer cruellement ses séquences et jouer de leur inéluctabilité. Avec l’aisance d’un amateur du hors-champ, il transforme ainsi une partie de dé, en piège aussi indolent qu’inexorable, tandis que quelques mois après A Ghost Story, il propose à son tour une séquence « drapée », dont l’intensité dramatique est saisissante.

 

PhotoUn drap suffit parfois pour initier la terreur…

 

L’ENFER C’EST LES AUTRES

Mais pour intelligent et suffoquant que soit le film dans sa première partie, il a en revanche bien du mal à maintenir ce niveau d’exigence quand il se voit forcé d’abattre ses cartes. A trop s’appuyer sur la structure désormais transparente des Autres d’Amenabar, Le Secret des Marrobowne sort le spectateur de sa logique narrative. En effet, sitôt établi que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent, jouer à deviner qui ment, s’illusionne ou n’est pas ce qu’il paraît parasite totalement l’immersion, et rend le déroulé de l’ensemble bien trop mécanique.

 

Photo Anya Taylor-JoyAnya Taylor-Joy, toujours aussi fascinante

 

De même, si le film possède en son cœur un beau sens du tragique et une idée dramatique passionnante, Sanchez se montrre beaucoup moins maître de ses effets quand il s’agit d’accompagner l’accélération des révélations et de faire passer ses héros à l’action. Une fois son secret dévoilé, le metteur en scène se contente d’accompagner les révélations et poussées de violence, mais à bien du mal à nous les amener avec la force qu’elles réclament.

Au final, Le Secret des Marrowbone est un conte sépulcral qui ne tient pas toute ses promesses, mais nous offre une promenade mélancolique aux accents parfois enivrant, un premier film très prometteur de la part d’un cinéaste au talent ample, qu’il nous tarde de retrouver.

 

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Rédacteurs :
Résumé

Un premier  film prometteur, riche d'une mélancolie profonde et parfois terrifiante. On attend avec impatience que son jeune réalisateur maîtrise tout à fait les influences et articulations de son récit.

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Euh

Vu le film il y a quelques semaines, loin d’être parfait mais sa sincérité fait du bien et quelques scènes et plans superbes rappellent effectivement Bayona, sans oublier la jolie BO, du compositeur de A monster calls justement