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The Strange Ones : critique cauchemardesque

Par Geoffrey Crété
22 novembre 2018
MAJ : 21 août 2019
4 commentaires

The Strange Ones est un petit film sorti de nulle part qui est passé un peu inaperçu en France, loin du circuit des festivals de ciné indé. Et ce serait une perte de ne pas le découvrir, tant le premier film de Lauren Wolkstein et Christopher Radcliff, avec Alex Pettyfer, est l’une des plus belles propositions depuis un moment dans le paysage du cinéma américain. Il est maintenant disponible en DVD et VOD.

Photo

LES BOIS DONT MES CAUCHEMARS SONT FAITS

The Strange Ones est de ces films précieux dont il vaut mieux taire les chemins et méandres pour en protéger la force. Le synopsis officiel parle du road trip d’un jeune homme et son petit frère dans la campagne américaine, qui cachent de lourds secrets, et c’est tout ce qu’il faudra dire de l’histoire. 

A l’origine, il y a le court-métrage du même nom, diffusé en France sous le titre Deux inconnus, et qui a eu son petit succès en 2011. Les réalisateurs Lauren Wolkstein et Christopher Radcliff en ont tiré un long-métrage qui étire l’argument et le mystère, et les place illico comme deux talents à suivre tant leur premier essai au cinéma est un objet envoûtant et déstabilisant, aussi beau que troublant, qui se situe aux frontières des genres entre thriller et fantastique.

 

PhotoLa chasse

 

PARTIE DE CHASSE

Dès les premiers instants, The Strange Ones assemble les pièces d’un puzzle noir. Un visage, une maison, des flammes, du sang et une fuite vers l’avant qui emporte en quelques secondes. Avec une économie de moyens évidente vue les dimensions très serrées de la production, mais également une utilisation remarquable et intelligente des effets de montage, le film se construit au sein d’un nuage de mystère, refusant de céder trop vite aux attentes du spectateur. La magie des ellipses et des dialogues sert à merveille le voyage du duo de frères incarnés par la révélation James Freedson-Jackson et Alex Pettyfer, belle gueule hollywoodienne vue dans Numéro quatre et Magic Mike.

Les réalisateurs filment l’Amérique profonde, celle qui est perdue et isolée, avec un talent indéniable, transformant des zones vues milles fois en théâtre d’une angoisse et d’un malaise sourds. Un motel avec une vieille piscine, une route qui traverse une forêt, un sous-bois avec une grotte obscure, deviennent ainsi, le temps de séquences étirées, des lieux troubles, avec un sentiment de danger et de menace susceptible de venir briser la fausse accalmie. Car il y a bien quelque chose qui se trame, comme une tempête prête à s’abattre sur les deux garçons. Reste à savoir d’où elle viendra, qui elle emportera, et qui la mérite.

 

Photo James Freedson-Jackson James Freedson-Jackson, révélation du film 

 

LA FIN DE L’INNOCENCE

Hier lancé comme une belle gueule banale parmi tant d’autres avec Alex Rider : StormbreakerNuméro quatre et SortilègeAlex Pettyfer trouve ici son meilleur rôle. Animal, sensuel, ténébreux, fragile, glaçant, il impressionne dans la peau moite de ce garçon énigmatique. Tout en finesse, en silence, en violence intériorisée, il opère ici un choix de carrière passionnant. S’il n’est pas à proprement parler une révélation vu sa filmographie, il se révèle ici sous un jour nouveau.

Face à lui, le jeune James Freedson-Jackson est en revanche une vraie révélation. L’acteur aperçu dans la série Jessica Jones donne au film une intensité fascinante. Avec ses allures de chérubin innocent et ses grands yeux insondables, il est l’autre visage de The Strange Ones, et en porte toute la charge émotionnelle. Avec lui, le film de Laurent Wolkstein et Christopher Radcliff aborde le thème de l’innocence et l’éveil au monde avec une brutalité, une frontalité et une intelligence impressionnantes, explorant des territoires rarement vus ou traités avec tant de finesse et d’audace.

 

Photo Photo lumineuse pour ambiance noire

 

The Strange Ones est particulièrement puissant dans sa première moitié, où le spectateur se laisse glisser comme dans un rêve à demi-éveillé, conscient que les portes du cauchemar sont ouvertes et susceptibles de libérer quelques monstres à tout moment. L’ambiance discrètement saisissante happe, et accroche en l’espace de quelques scènes. 

La baisse de régime qui coïncide avec une rupture narrative significative, aussi déstabilisante qu’intéressante, ne saurait abîmer pleinement l’expérience, qui retrouve vite son cap dans sa conclusion. Le film abat alors ses cartes avec suffisamment d’adresse et de précision pour définitivement se placer comme une première oeuvre à ne pas manquer. De celles qui laissent une empreinte puissante, qui donnent envie d’y replonger à nouveau, très vite.

 

Affiche

Rédacteurs :
Résumé

Un puzzle noir et troublant qu'on traverse comme un cauchemar à demi éveillé, tenu par une ambiance envoûtante et un duo d'acteurs fantastique.

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Prétentieux et racoleur

Je ne suis pas arrivée à le regarder en entier. Quand à ce que j’en ai compris, c’est tout à fait différent ; ce n’est pas un film SF mais pseudo-psychologie et les effets sont trop appuyés ( la fin avec le chat noir, la forêt, la grotte , Freud aurait adoré ), les lenteurs de la narration m’a fait perdre patience et j’ai fini par aller aux dernières minutes du film.
C’est aussi à cause du gros malaise qui m’a saisi dès les 1ères minutes, les longs plans fixes sur le visage du gamin, son regard, son dos, son profil etc m’a mis mal à l’aise, la caméra est un peu trop amoureuse du gamin, si cela avait été un adulte ce n’aurait pas été gênant mais là c’est quand même poussé, cela m’a fait penser à ses pseudos artistes qui photographiait les enfants en disant que c’était de l’art mais cà puait quand même. Alors même que les personnages féminins ont été choisies plus dans la norme dans ce film, il y a vraiment un gros décalage esthétique entre les héros et les quelques femmes que j’y ai vu. La caméra devient en se voulant intime, racoleuse et le film chichiteux et maniéré à force de vouloir être esthétique et mystérieux. Bref pour moi c’est raté, dommage, les 2 acteurs sont bons même si le gamin finit quand même par cabotiner comme Aniston quand elle briguait un oscar avec  »Cake ». Pour moi ce film est plus que raté et pue la complaisance.
Pour info les victimes d’abus parlent lorsqu’ils le peuvent, de dissociation, de distanciation lorsqu’ils subissent les viols et ou les coups. Plus les victimes sont jeunes, isolées et plus il y de viols/coups subis plus la psyché est abîmé voire brisée irrémédiablement. Apparemment c’est le cas de ce gamin qui en plus a développé un sentiment amoureux envers Petyfer.

pepe

Grosse déception, j’avoue ne pas comprendre les avis positifs … J’attendais un sens, une explication qui n’est jamais venue.
Habitué aux films SF aux fins mystérieuses et ouvertes, celui là est un ovni. Pas ma came !

Okay

Et encore un bon film qu’on ne pourra pas admirer avec le blu-ray (inexistant!) une fois de plus… bien trop fréquent en France.

Pierre 0802

Excellent !
Je recommande chaudement !