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Kin : le commencement – critique Verminator

Par Simon Riaux
1 juin 2021
MAJ : 15 juillet 2023
24 commentaires

Kin : le commencement, ce soir à 21h05 sur W9.

Annoncé comme une potentielle nouvelle franchise à succès, Kin : le commencement annonce dès son affiche être né sous la bonne étoile des producteurs de Stranger Things et du « studio de Seven Sisters ». Un curieux attelage, synonyme autant de malice commerciale que d’habile récupération nostalgique. Une orientation qui ne serait pas problématique, si elle ne venait pas parasiter un point de départ intéressant et souligner de grosses carences thématiques.

Affiche

LE DÉTROIT DE GUNBRALTAR

Dans cette Amérique de friche industrielle, pour laquelle la crise ne s’est jamais arrêtée, un adolescent récupère et revend les rares matériaux alentours encore exploitables. Chez lui, il doit faire face à un père veuf, intransigeant et aussi psychologue qu’une mine antipersonnelle. Le retour de son frère aîné après six ans de prison n’arrange pas les choses. Irresponsable et impulsif, Jimmy n’est revenu que pour annoncer qu’il a contracté une dette de protection qu’il ne pourra honorer à un caïd local, branché trafic d’armes.

 

Photo Dennis Quaid, Myles TruittUn quotidien en pleine déliquescence

 

Dans un premier temps, Kin : le commencement établit habilement son décor. Si le film entend raccrocher les wagons avec l’esthétique néon en vogue, les canons des années 80 et la veine super-héroïque contemporaine, plutôt que d’établir sa greffe n’importe où, il se plonge tête la première dans un ghetto urbain en pleine gueule de bois. Les passions sont tristes, l’avenir obstrué, la violence prête à surgir à chaque instant. Pour un peu, on se demande si, de manière encore plus assumée que dans le Chronicle de Josh Trank, on ne va pas assister à une relecture d’Akira, propulsée dans un néo-Detroit au bord de l’écroulement.

Cette entrée en matière est d’autant plus réussie que la photo de Larkin Seiple (récemment à l’œuvre sur le clip très remarqué This is America de Childish Gambino alias Donald Glover) nappe l’image d’un faux naturalisme très cinégénique, lequel fait parfaitement écho à la musique de Mogwai. Certains comédiens ne sont pas en reste, notamment Zoë Kravitz et Jack Reynor, qui n’atténuent jamais les failles de leurs personnages de losers inconscients.

 

photoFirst moron shooter

 

VERMINATOR : LE RENONCEMENT

Mais ces nobles intentions sont rapidement fracassées par un scénario aussi facile que paresseux. Qu’une œuvre s’inspire fortement de celles qui l’ont précédé n’a rien de foncièrement original, mais Kin : le commencement procède avec un je-m’en-foutisme rarement atteint. Recyclant jusqu’aux décors de Terminator, le métrage, sitôt sa course-poursuite centrale mise en place, se contente de remâcher les thèmes et concepts du chef-d’œuvre de James Cameron.

Plus embarrassant encore, cette histoire, qui s’efforce en progressant de ne rien raconter et de tourner autour du pot – « le commencement » veille à conserver ses munitions pour d’hypothétiques suites – verse dans une complaisance vis-à-vis de la violence totalement hors sujet, puisque Kin transforme son innocent héros en sorte de super-bourrin, dont le seul talent est d’avoir dégotté par hasard une arme extraterrestre.

 

photo« Waouh frangin, tu tues super bien les gens ! »

 

Sans doute troublé par le surjeu grotesque d’un James Franco une nouvelle fois en roue libre, le jeune Myles Truitt se contente de sourire en massacrant tout ce qui l’entoure, alors que la caméra s’attarde inlassablement sur sa pétoire cosmique.

Moteur et McGuffin de l’intrigue, présenté comme une bénédiction capable de sauver et racheter toutes les situations, le calibre de l’espace témoigne malgré lui d’un trouble symbolique typiquement américain, poussé ici dans des retranchements ridicules, jusqu’à faire du meurtre de sang froid un levier humoristique fun. Glaçant de bêtise.

 

Affiche

Rédacteurs :
Résumé

Fausse création originale et vrai pillage de Terminator, fausse aventure nostalgique et tract pro-armes venu du futur, Kin : Le Commencement est un beau ratage.

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Flo

Ce côté « film de jeunes de banlieue, empêtrés dans des crimes malheureux »… Avec une relation entre frères bien touchante (on pense un peu à celle de « En avant ») et dans lequel on rajoute une arme alien puissante pour rééquilibrer un peu les chances…
C’est très plaisant. Sauf que James Franco en antagoniste a l’air de débarquer de « Spring Breakers » (ou d’un film avec Nicolas Cage), et ça jure assez avec tout ça. Même si ça nous donne une menace vraiment extrême, justifiant ce flingue.
Un Young Adult communautaire étonnant (on suggère que seul les gens de couleurs peuvent utiliser cette arme !), mais qui n’ira pas plus loin que son commencement.

Pat Rick

Kin : Le Commencement est plutôt une agréable surprise, les 30 premières minutes sont même très bonnes et prenantes dommage que passé ce début accrocheur le film faiblit.
Le début est assez sombre mais énergique, les situations sont rapidement mais efficacement présentées, pas de bavardages inutiles, pas de perte de temps et ça me plaît donc voilà un film mélangeant plusieurs genres qui démarre bien et les scènes d’action sont pas mal de plus les décors d’un Détroit délabré sont judicieusement mis en avant et donne du cachet au climat du film.
Dommage par contre comme je l’ai dis qu’au bout d’une demi-heure tout cela devient moins accrocheur, la partie road-movie est moins réussie car plus banal, le personnage joué par Zoë Kravitz n’est pas vraiment gênant mais un peu mal intégré au récit, le bad guy interprété par un James Franco cabotin est un peu trop en retrait et surtout le côté SF de l’histoire avec cette arme de l’espace n’est pas assez mis en avant.
Cependant je trouve que Kin : Le Commencement reste un divertissement honorable bien que son potentiel ne soit pas exploité à son maximum.

yannski

Les personnages sont plus débiles les uns que les autres…

Sicyons

Sinon à aucun moment vous ne fates le rapprochement avec cette série Z :
https://www.qwant.com/?q=rayon%20laser&t=images&o=0:20963b9db764109cc80c0bebfc3e2edf

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rayon_laser_(film)

Lutin

Par les producteur de Stranger things, le studio de Seven sisters, Le stylo de Avatar, le papier de Gunm…. bref il y avait tout mais malheureusement le cerveau de Teletubbies c’est glisser au millieu

DamienLT

@Number6
Et le dernier de la trilogie sera « Kin et Barbie »

Rudy Mako

Pour le cinéphile lambda, l’affiche te dit tout. C’est une poussière aveuglante. Je l’ai regardé sur Canal, nom d’une pipe en bois, j’ai dormi d’un sommeil semblable à celui d’un comateux. Ce film est une maladie

Victeam

« Fausse création originale et vrai pillage de Terminator ». C’est sur que Cameron n’a pillé personne pour faire Terminator, a part, au hasard : le War games de badham sorti un an avant, Harlan Ellison, Marvel comics (deathlok), etc…en gros si ça marche, que c’est bien et que c’est James Cameron, c’est de l’inspiration voir un hommage…sinon on appel ça du plagiat ou du pillage.

Number6

La suite c’est Kin le survivant ?

Titi16

Moi , j’ai aimé ce gamin avec son arme , mais son frangin quel sale con …
Sinon , j’apprécie l’histoire mais ce jeune noir qui plonge dans la violence si vite , c’est dommage …