MR. ROBOT
Révélé par Saw et donc sa capacité à tirer la substantifique moelle d’un projet au budget extrêmement limité, il fit ses armes de metteur en scène avec le piteux Insidious : Chapitre 3. Upgrade était donc logiquement passé sous les radars. Du moins, jusqu’à ce que le film se paie un trailer aussi serein qu’un demi-kilo de cocaïne et que tout le monde se prenne à espérer que ce vigilante movie mâtiné de science-fiction vienne réhabiliter un genre récemment souillé par l’atroce remake de Death Wish.
Il est ici question d’un homme, Grey, qu’une agression ultra-violente laisse veuf et paralysé. Alors que la police se révèle incapable de retrouver ceux qui ont assassiné sa femme et transformer sa colonne vertébrale en smoothie à la viande, il se voit proposer une greffe d’un genre nouveau. STEM est une intelligence artificielle embarquée ainsi qu’un processeur neuronal capable d’interagir avec son hôte, mais également d’opérer les gestes que son système nerveux ne peut plus accomplir. Voilà qui va faire de Grey une machine à tuer inarrêtable.
DEUS SUPLEX
Si en apparence, la construction d’Upgrade est ultra-balisée et ne cherche jamais à dévier du programme attendu du sous-genre auquel appartient le film, le metteur en scène et scénariste sait par quel biais il peut renouveler ce canevas. Tout d’abord, il hybride son récit de vengeance des concepts de hard SF issus notamment de Deus Ex, confrontant un vieux monde analogique, à un futur plus libéral, agressif et augmenté.
« Attention monsieur, vous oubliez votre couteau. »
Non content de s’offrir un petit festival de visuels léchés, et souvent impeccablement évocateur, Upgrade est un véritable festival technique. Pour retranscrire l’urgence, l’horreur, puis les maintes accélérations qui s’abattent sur son héros, il joue – en demeurant toujours remarquablement clair et lisible – de la lumière, des angles, des formats et des accroches.
Sa caméra figure les flux d’énergie qui parcourent le corps amélioré de Grey, retranscrit l’impact ravageur des coups qu’il distribue, ou nous donne à sentir comment sa personnalité devient progressivement la subordonnée d’une équation glacée qui ignore la pitié. Ainsi, sans jamais tomber dans la direction artistique périssable et tape-à-l’oeil, ou surjouer les codes geeks à outrance, le cinéaste travaille essentiellement à transformer sa grammaire cinématographique en réseau d’impulsions, en une suite de décharges électriques, dont le sens n’apparaît que progressivement.
Effet d’Upgrade sur le spectateur captivé
DIE VERY HARD
Et c’est la deuxième force du métrage : user du concept d’intelligence artificielle pour questionner les codes et symboles du vigilante movie. Comme vanté par ses trailers, la violence tient un rôle prépondérant dans le récit. Les mises à mort sont graphiques, ouvertement gores. Les chairs se déchirent, les os rompent, alors que Grey part en quête de ceux qui ont détruit sa vie.
Mais ce dernier, s’il souhaite ardemment punir les coupables, est incapable d’assumer ses « actes » en face. En témoigne une séquence initialement jubilatoire, où il plie dans les toilettes d’un bar une demi-douzaine de quidams, avant de sous-traiter à son double numérique une séquence de torture cette fois hors-champ, forçant le personnage et le spectateur à questionner sa soif d’hémoglobine, depuis sa position confortable de voyeur.
Enfin premier rôle pour Logan Marshall-Green
C’est en renonçant à une partie de son humanité, en laissant un programme user de ses membres comme d’une poupée de chiffon létale que notre anti-héros réussit à se venger. Ainsi, le film accomplit le petit exploit de jouer à la fois la virtuosité meurtrière et le questionnement qui l’accompagne, l’adrénaline et la damnation. Et jusqu’à un twist suffocant, Leigh Whannell tient parfaitement cette ligne de questionnement, à savoir, s’il est possible de jouir de la brutalité pure, ce qui jouit en nous est-il encore humain ?
Face à tant de maîtrise et parfois de radicale puissance, on regrettera simplement que le scénario, tentant peut-être de masquer sa nature de série B mal élevée, dilate trop son premier acte et délaie un peu le surgissement de l’action. De même, on saisit mal pourquoi le réalisateur accorde tant d’importance à un personnage de mère éplorée artificiel, ainsi qu’une policière au charisme en berne, dont les sous-intrigues distraient et empêchent la narration d’accorder plus de temps aux bad guys, presque tous excellents.
Merci encore @titi, comme ça on sait d’avance que ça se termine mal.
Bravo!!
Une très bonne surprise vu le petit budget. Un bon casting avec une bon réalisateur çà fait plaisir. Certes il y a quelques longueurs et quelques défois, mais au moins il y a un vrai scénario et de vrais attentes.Jj’ai adoré la fin qui pour une fois (rare fois) ne se termine pas comme 99% des films hollywoodiens. Marre des happy End à la con
@SimonRiaux ok! Nénanmoins c’est bien dommage pour Félix Maritaud, après tout si sa prestation est louée partout, c’est bien qu’il le mérite, alors pourquoi se priver d’en remettre une couche… (mais j’ai vu l’argument rédaction à l’arrache)
À mon avis.
Upgrade est attachant, bien joué joué et visuellement beau pour un budget moindre, à part ça c’est juste divertissant, pas bourrin, pas ultra-violent (sauf pour ma grand mère) un peu mou et n’arrive malheureusement pas à trouver sa place entre de la sf dure avec une vraie réflexion et un film d’action violent et jouissif, on reste le cul entre deux chaise en restant sur sa soif, c’est pas Verhoeven ni du Cronenberg mais j’ai passé un moment sympa.
Logan Marshall-Green est bien meilleur dans l’excellent Invitation.
Cheers
@trashyboy
On s’est plusieurs fois désolés de ne pas voir Logan-Green bénéficier d’un rôle avec une grande visibilité. Il est comme toujours très bon, mais le rôle en tant que tel n’est pas particulièrement intéressant, ou marquant, on s’est donc contentés de l’indiquer en légende d’une des illustrations.
Concernant Maritaud, la critique de Sauvage a dû être rédigée juste après la projection de Sauvage à Cannes, dans un laps de temps extrêmement bref, ce qui explique… sa brièveté. Et la performance de Maritaud étant louée absolument partout (à raison), on n’a pas jugé nécessaire d’en rajouter. Ou de modifier un texte déjà publié.
@SimonRiaux comme pour la critique de « Sauvage », pas un mot sur son acteur principal, alors quel’on aimerait savoir s’il mérite d’être hissé plus souvent au rang de premier rôle.
Et puisque je n’ai pas été lu en commentaire de la critique de « Sauvage », je réitère ma demande concernant Félix Maritaud qui, je le rappelle, a déjà été récompensé 2 fois… Ce qui aurait peut-être mérité d’être relevé, non?
Je crois que le budget a fait défaut au film, car plusieurs paramètre pouvaient être abordés. Très bon petit film qui nous quand même sur le siège ou les fauteuils.
De la SF appréciable en effet, un futur crédible pas si lointain, qui ouvre à la réflexion. On sent que cela aurait pu donner un grand film, avec plus de moyens ou des personnages plus nombreux ou plus développés.
Un bon p’t*t film de série b certe le scénario vole pas bien au haut mais la fin du film est assez cool et techniquement c’est au point… Et puis Logan Marshall-Green à énormément de talent dommage qu’il soit le quasi jumeaux de Tom Hardy j’imagine que ça doit le bloquer pour certains casting
Se laisse voir, mais rate la thématique du transhumanisme.
On sens très vite les limites du petit budget (ils ont une seule voiture futuriste, qu’il recycle à l’envie).
Le film s’arrête aux promesses de la bande annonce, dommage.
Hardcore Henry, pour un budget bien moindre, arrivait à nous en donner beaucoup plus.