UNE JUSTICIÈRE DANS LA VILLE
Jennifer Garner n’a pas vraiment caressé la gachette depuis Le Royaume en 2007, et la fin de la série Alias en 2006. Elle s’est aussi contentée de seconds rôles au cours de la décennie passée, de Juno à Love, Simon, en passant par Dallas Buyers Club et Men, Women & Children. Peppermint est donc sur le papier un double retour aux sources, qui traduit une envie de revenir sur le devant de la scène, et réaffirmer son potentiel dans l’action.
C’est aussi, involontairement, un aveu terrible sur ce qu’elle a à disposition, et plus largement sur l’état du genre vu que Peppermint est une histoire passablement attendue. Soit celle de Riley, une gentille mère de famille et épouse qui dérape après le meurtre de sa famille par un méchant gang. Et quand la justice se révèle incapable de faire son travail, elle décide de les venger.
Quelques mois après Death Wish avec Bruce Willis, remake officiel d’Un justicier dans la ville, et quelques années après À vif avec Jodie Foster, remake non officiel du même classique, c’est le pitch le plus pauvre du monde. Surtout quand le genre du vigilante movie s’est éparpillé pour être un peu partout, de John Wick à Upgrade, bientôt en salles.
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DOUBLE PEINE
Peppermint commence directement dans l’action, laissant espérer une approche plus brute et moins chichiteuse, mais c’est pour mieux plonger la tête la première dans la construction classique du genre. Bienvenue donc dans la famille du bonheur, dans la fameuse scène du traumatisme, dans celle du réveil en pleurs, des cris, de la colère, des révélations. Il y aura les saynètes avec les policiers qui enquêtent et réalisent que la petite chose blessée est devenue une warrior, il y aura les dialogues entre bad guys interchangeables. Il y a aura tout ce qu’on peut attendre ou redouter.
Le scénario de Chad St. John (derrière La Chute De Londres en même temps) ne feint même pas une envie de changer d’un iota la formule, si bien que la longue première partie a des airs de promenade de santé, qui ne requiert qu’une petite attention. Aucune étincelle donc dans ce programme ultra-scolaire, qui met environ 45 minutes à démarrer.
Contrairement à À vif, le traumatisme de l’héroïne n’est pas traité par l’angle psychologique, et la vengeance ne prend pas la forme d’une cicatrisation indispensable et douloureuse. Ici, il n’y a qu’un prétexte à un film d’action qui se prend très au sérieux, et qui ne brille même pas de ce côté. Action ultra-découpée avec de la grosse musique et du vieux ralenti : le réalisateur Pierre Morel respecte un cahier des charges sans saveur, et ne s’amuse pas particulièrement à filmer son héroïne. C’est d’autant plus triste que la chose a coûté dans les 25 millions, à peine moins cher qu’un John Wick ou un Atomic Blonde, autrement plus distrayants et vifs.
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ALIAS REBORN
L’angle le plus amusant reste celui de Jennifer Garner l’actrice. Dans le film, elle incarne une mère de famille et épouse a priori parfaite, qui se retrouve finalement transformée en machine de guerre après cinq ans d’absence où elle s’est réinventée. Comme si le talent d’agent secret coulait dans ses veines sans qu’elle le sache, Riley revient donc avec une maîtrise des armes, de l’usurpation d’identité et du combat totalement absurdes.
Il n’y a pas de twist sur une identité cachée et un passé refoulé, mais le parallèle avec l’actrice est aussi évident que drôle. Propulsée par la série d’espionnage Alias, promise à un avenir de tête d’affiche avec 30 ans sinon rien et Elektra, Jennifer Garner s’est rangée côté civil avec sa vie de famille très médiatisée aux côtés de Ben Affleck. Et si cette inutile donnée people figure ici, c’est qu’elle semble rejouée dans ce film, véhicule pour elle. Comme par magie, l’épouse et mère redevient femme à part entière, redevient actrice, et retrouve ses talents d’hier pour castagner et reprendre le contrôle de son existence.
En ça, Peppermint est moins l’histoire de cette Riley que de Jennifer Garner. C’est elle qui reprend les armes, et se relance à l’assaut de sa carrière. Elle passe par la petite porte du film d’action ultra-stéréotypé sans aucune saveur, mais qui sait, elle pourrait bien signaler là qu’elle est prête à affronter la concurrence, et se (re)faire une place au soleil.
J’ai vu le film ce soir, et j’ai bien aimé. L’histoire tient bien la route, et on ne s’ennuie pas du début à la fin. Il y a du suspense jusqu’à la dernière minute. J’aime les films d’action qui sont bien construit, et celui-là en est un. Après, chacun ses goûts et ses couleurs. Un tel va l’aimer, un autre un peu moins, un autre pas du tout, mais cela ne veut pas dire que le film ou les acteurs sont mauvais, mais qu’il va plaire à certains et pas à d’autres, comme tous les films. Bonsoir à tous, et bon film.
@Pinto-Vegas
On rappelle juste que jamais nous ne présentons notre avis comme une vérité. Et la piste de réflexion, c’est peut-être la dernière partie, sur Jennifer Garner et le film comme véhicule pour elle.
Si vous citez Twitter, c’est que vous savez vous aussi très bien que le ton, en langage écrit et dans cet océan de communication, est bien souvent mal retranscrit.
A part ça, on dort très bien. Et on espère que vous n’êtes pas plus vexés ou flippés ou choqués ou condescendants que nous – c’est-à-dire aucunement.
@Geoffrey Crété – Rédaction
Je ne vois pas trop ce que cet instant « dictionnaire » bourré de condescendance vient faire là. Que je sache, je n’ai pas dit que l’auteur de cette critique se trompait, ou bien qu’il avait mal vu le film, je dis juste que contrairement à lui, moi j’ai trouvé ça pas mal. Je donne donc mon avis mais je ne dis pas que votre critique est à jeter, c’est mon opinion, et si c’est le mot « prétendre » qui vous fait tant flipper je vous déconseille Twitter. Votre critique explique clairement que le film est mauvais, et je n’ai pas l’impression que l’auteur de la critique prenne des pincettes, puisqu’il parle – je cite – de « film sans âme », ou encore de « film insipide qu’il n’y a aucune raison de s’infliger ». C’est donc cela vos « clés d’analyse » et vos « pistes de réflexion » ? Si je vous ai choqué avec mes mots,je me demande ce que Pierre Morel penserait des votres. En tout les cas, merci mais je n’ai pas besoin de rappel ou de définition. La prochaine fois je dirai « dire » au lieu de « prétendre » et vous dormirez mieux.
@Pinto-Vegas
Rappel : une critique ne « prétend » rien. Elle élabore sur un avis, en donnant une simple opinion et d’éventuelles pistes de réflexions, clés d’analyse. En aucun cas elle ne saurait être prise pour parole d’évangile, et on va donc le répéter : chacun devrait aller en salles se faire sa propre opinion, et accepter l’avis d’autrui puisque c’est la base de la cinéphilie (du moins, de celle qu’on aime et défend ;).
Ce n’est pas aussi nul que cette critique le prétend. Le film est bien mené, on ne s’ennuie pas et c’est un vrai plaisir coupable de voir Jennifer Garner se faire justice elle-même en dégommant tout le monde froidement. C’est clair que Pierre Morel n’est pas le réalisateur du siècle, et que certaines scènes auraient pu être mieux gérées (notamment le meurtre de sa famille), mais c’est un très bon divertissement qui donne ce qu’on en attend. J’ai pas été déçu en tout cas, si ce n’est que j’aurais préféré un réalisateur d’un autre acabit pour vraiment peaufiner le tout.
c’est vrai que ses seconds rôles etait plutot pas mal, et ce n’est pas honteux de le dire, ce ne serait pas la 1ere actrice ou acteur a etre des seconds role de qualités. Et puis depuis Alias je l’aime bien moi, dans Juno elle etait excellente.
Mouais, un punisher avec des nichons, je passe.
Dommage que Garner ait choisi la facilité pour ce comeback ciné… J.J. Abrams n’a pas quelque chose sous la main pour elle ?
En attendant, sa série pour HBO a l’air beaucoup plus attrayante. Cette fois, elle joue une mère qui contrôle tout et qui finit par pêter un câble.
Méta, quand tu nous tiens.
Bouhou, ça sent mauvais.
Elle n’a pas de bol Jen, elle mérite mieux quand même.