LA PROPHÉTIE DES MÔMES
Quand le logo d’Amblin apparaît à l’écran pour ouvrir cette Prophétie de l’horloge, le message est clair. Connu pour son appétit pour le sang et les entrailles avec Hostel et Cabin Fever, le réalisateur Eli Roth opère un virage avec son premier film grand public, sous l’égide de la société de production de Steven Spielberg. Après avoir failli réaliser En eaux troubles, et marqué un désir d’entrer dans l’arène hollywoodienne avec Keanu Reeves (Knock Knock) Bruce Willis (Death Wish), le cinéaste s’essaye donc aux films pour enfants.
Cette histoire d’orphelin qui vient vivre chez son oncle pour découvrir que c’est un magicien, qui se prépare à affronter un dangereux mage avec l’aide d’une amie elle aussi magique, aurait des airs de Harry Potter. Sauf que La Prophétie de l’horloge est adapté de La Pendule d’Halloween de John Bellairs, publié en 1973, bien avant J.K. Rowling donc. Nul doute que le succès de Poudlard a donné des idées, puisqu’il y a une douzaine de livres autour du héros.
Mais au-delà de la comparaison facile, cette prophétie n’annonce rien de bien bon, et prend soin de le démonter durant tout le film. Spectacle paresseux et facile, qui alterne entre humour simplet et déferlante de CGI pas très heureuses, et se repose un peu trop sur le numéro de Jack Black et Cate Blanchett, le film d’Eli Roth manque clairement de la magie du 7e art.
LAURELLE ET JACKY
Dès que Jack Black se retrouve à calmer un fauteuil en CGI qui ressemble à un vieux Looney Toones décrépit, et que Cate Blanchett parade avec sa canne comme une sous-Mary Poppins édition mauve, il est clair que La Prophétie de l’horloge va se reposer sur le charisme de son improbable duo d’acteurs. Le jeune Owen Vaccaro n’est pas mauvais, au contraire, mais le scénario ne redouble pas d’effort pour l’installer comme héros, préférant laisser les deux adultes occuper la scène.
En enfer, les citrouilles sont en CGI
Chose qui se retourne vite contre le film, tant leur dynamique d’amour-haine est vieillotte, passablement lourde et peu drôle. Jouant la carte d’une amitié non amoureuse, le scénario se contente de petites joutes verbales à coup d’insultes de cour d’école, espérant mettre en place une relation amusante et piquante. Or, elle est plus artificielle et lassante qu’autre chose. Et ce n’est pas la tentative de donner un sous-texte plus noir et dramatique à leur relation, qui en fera quelque chose de plus solide.
Même si ces saynètes restent en arrière-plan, elles illustrent bien l’aspect old school raté du film, qui court après une ambiance eighties, type Les Goonies. Le résultat n’est à peu près jamais satisfaisant et ne devrait satisfaire que les enfants, dans le meilleur des cas. Seuls eux pourront accepter que cette maison soit si peu exploitée, que la magie soit si petite, et que l’aventure se révèle finalement si plate.
LES AIGUILLES DE L’ENNUI
La grande ironie de La Prophétie de l’horloge, c’est qu’il n’a aucune magie, ou si peu. La mythologie est si simplette que l’idée que chacun puisse devenir magicien, s’il prend quelques cours, est énoncée sans jamais être illustrée ou traitée. L’intrigue tourne autour d’une simple histoire de manuscrit hyper-dangereux, caché dans un placard hyper-sécurisé, qui va éveiller un sorcier hyper-dangereux : des enjeux hyper-classiques, mais super artificiels. Il manque un bon ciment pour assembler cette histoire et ce trio, qui donne l’impression de tourner à vide, sans rien raconter, jusqu’à un dernier acte en accéléré.
Il n’y a qu’à voir le pauvre Kyle MacLachlan traîner sa face déconfite de latex et Cate Blanchett transformer sa canne en pistolet laser qui résonne comme dans la galaxie Star Trek, pour se dire que le spectacle est plus triste que drôle. Et quand la tête de Jack Black adulte se retrouve sur le corps d’un bébé, la farce va si loin que la tristesse laisse place à l’exaspération.
Bien sûr, La Prophétie de l’horloge est destiné aux plus jeunes, et ne s’en cache pas. L’adulte pourra sans mal approcher la chose en s’armant de sa vieille naïveté poussiéreuse, prêt à brandir son âme d’enfant pour contrer l’écriture grossière, et les couloirs de banalité dynamisés par quelques effets spéciaux pas bien jolis.
Mais même en ayant ça en tête, difficile d’être séduit et encore moins émervéillé par cette excursion d’Eli Roth dans le domaine mainstream, à laquelle il manque beaucoup de tendresse et d’imagination.
Ce n’est pas si mauvais. En tout cas personnellement j’ai pris un certain plaisir à regarder. Le spectacle porté par un bon trio d’acteurs est agréable. C’est un film jeune public. Il faut juste le considérer comme tel.
Plus proche de Chair de Poule le film que d’un Amblin des familles. Après c’est pas forcément désagréable non plus, juste insipide et sans intérêt.
@Oula
Tout est pardonné. On sait très bien que lire c’est surfait de toute façon.
Sérieusement, qu’est ce que les gens apprécient dans le cinéma de Eli Roth ? Il s’appuie sur des sous-genres extrêmement codifiés sans jamais essayer de proposer une réflexion nouvelle dessus ou au minimum de faire évoluer un tout petit peu le genre, comme pourrait le faire un Tarantino ou dans une moindre mesure un Rodriguez.
De plus, même en tant que pur films de genre/d’exploitation, bah ils sont vraiment pas terribles, surtout qu’ils tentent de se hisser au niveau d’oeuvres beaucoup plus provocatrices que ce soit dans la forme ou le fond (les Cannibal Holocaust, A serbian film et Funny Games sont des films bien plus violents et complexes à analyser que Green Inferno, Hostel ou Knock, Knock).
Du coup, la question posée au début n’est absolument pas rhétorique ou condescendante, je comprends juste pas du tout pourquoi un mec comme Roth a pu acquérir une certaine réputation auprès des amateurs de genre, et si quelqu’un peut me l’expliquer, j’accepte sa réponse avec joie.
2 étoiles ça craint… désolé Geoffrey j’ai pas pris le temps de te lire.