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Les Animaux fantastiques : Les Crimes de Grindelwald – critique des moldus

Par Simon Riaux
17 avril 2022
MAJ : 17 décembre 2022
27 commentaires

Les animaux fantastiques : les crimes de Grindelwald est ce soir à 21h10 sur TF1.

Les Animaux fantastiques était venu nous rappeler en 2016 que la qualité d’une franchise et son succès sont rarement corrélés. Après un épisode introductif aussi laid que creux, on se demandait bien comment David Yates (également réalisateur des quatre derniers Harry Potter) allait pouvoir nous surprendre, malgré la présence de J. K. Rowling au scénario. Mais l’univers de Harry Potter est loin d’avoir dit son dernier mot puisque voilà Les Animaux fantastiques : Les Crimes de Grindelwald.

photo, Eddie Redmayne

LES GODIVEAUX FANTASTIQUES

Dès ses premières images, on note dans ce second volet une volonté apparente de nous soigner les rétines. Nimbée dans un clair-obscur dépressif, l’introduction nous met aux prises avec le redoutable Grindelwald, qui compte bien ne pas se laisser paisiblement transférer de sa geôle américaine vers un cachot européen. Cadres soignés à l’extrême, sens du détail méticuleux, découpage minutieux… le gouffre entre cette ouverture et le premier film est frappant.

Frappant, jusqu’à ce que survienne la première séquence d’action, quelques minutes plus tard, nous imposant une bouillasserie numérique aussi laide que techniquement inaboutie, pour un résultat totalement illisible. Ce manque de finition marquera l’ensemble des Crimes de Grindelwald, qui oscille entre direction artistique maîtrisée (le Père Lachaise, la planque des méchants, les Ministères de la Magie…) et ratages spectaculaires, à l’image de ce Paris dont on ne comprend jamais la géographie ou les arcanes.

 

photo, Callum Turner, Eddie RedmayneLes Scamanders, deux frangins au coeur d’une intrigue politique nébuleuse

 

Un rendu brouillon, particulièrement criant du côté de l’écriture. Puisqu’il convient de diluer tout ça sur une franchise à rallonge, le récit se doit de ne rien raconter d’essentiel, et de jouer la diversion. Ainsi, malgré un temps de présence notable, un magnétisme indiscutable et une écriture parfois inattendue, Johnny Depp devra composer avec un scénario qui préfère se focaliser sur d’obscurs allers-retours thématiques, des romances brouillonnes, des captures animales répétitives et autres traumas grossiers.

Et ce n’est pas David Yates et sa caméra aussi pataude que lourdement illustrative qui pourront l’aider. Le réalisateur semble le plus souvent encombré par une photographie grisâtre, dont il ne tire parti que lors de la première séquence, puis aux abords de la conclusion, lors d’hommages rafraîchissants (et bordéliques) à une certaine Forteresse noire.

 

photo, Johnny Depp Johnny Depp

 

LE COTE OBSCUR DES CGI

Les premières victimes de ce fatras sont les personnages, dont on saisit mal les motivations. La pauvre Katherine Waterston souffre d’un personnage à peu près dénué d’enjeux, au comportement erratique, pour ne pas dire franchement incohérent. Quant à Zoë Kravitz, elle se débat avec une protagoniste annoncée dans le premier film, dont les motivations vont demeurer tragiquement artificielles.

Dans ces conditions, impossible pour Eddie Redmayne de dépasser la caractérisation de chasseur de Pokémon trépané de Newt Scamander. Autant dire que l’empathie pour les personnages serait proche du néant total si Queenie (Alison Sudol) n’avait pas droit à un arc scénaristique surprenant et pertinent.

 

photo, Alison SudolUne des rares bonnes surprises du film

 

Ce qui sauve en partie Les Animaux fantastiques : Les Crimes de Grindelwald, c’est la tonalité surprenante de sa seconde moitié, et les risques qu’il prend lors de son climax. Transformer les blockbusters en dénonciation du Trumpisme et des propagandes droitières est désormais un geste courant à Hollywood, mais on sent ici que J.K. Rowling s’y livre avec une grande intelligence, et un pessimisme authentiquement surprenant.

Le parallèle entre Grindelwald et l’actuel président américain est évident, mais le métrage se garde bien de le caractériser comme un pur méchant. D’abord, en le situant comme un proche (le seul ?) de Dumbledore, mais surtout, en démontrant combien sa dénonciation du quotidien des magiciens peut faire sens. Plus intéressant encore : ses adversaires sont bien loin de constituer une alternative positive. Pour la première fois, la saga Harry Potter sort de ses tropismes manichéens, et touche juste avec sa description d’un univers tout de nuances de gris, où la masse des innocents est promise à un sacrifice impitoyable.

 

photo, Eddie RedmayneEddie Redmayne

 

Non pas que la noirceur soit une valeur en tant que telle, mais la frontalité avec laquelle le blockbuster essaie de dénoncer la radicalisation de deux camps sur le point de s’affronter, et également persuadés d’agir pour le meilleur, a quelque chose d’indiscutablement rafraîchissant. Pour autant, la saga aura encore fort à faire pour extirper sa narration et ses personnages de la gangue de mollesse numérique où ils sont engoncés.

 

Affiche française

Rédacteurs :
Résumé

Plus surprenants et politiquement chargés que le catastrophique premier épisode, ces Crimes de Grindelwald souffrent d'une direction artistique calamiteuse et d'un scénario nébuleux.

Autres avis
  • Geoffrey Crété

    Moins fade, mou et impersonnel que le précédent film, Les Crimes de Grindelwald installe une mythologie plus intrigante et mystérieuse. Mais rien qui ne rende l'aventure particulièrement spectaculaire, sensationnelle ou simplement trépidante.

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Commentaires
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Odessa James

Ah oui, ce site de cinéma ne cache même pas son méga-parti pris idéologique (présenté naturellement comme le parti de la lucidité de combat, natürlich) (en même temps, quel magazine de ciné n’embrasse pas la justice sociale ?).
J’adore le passage de l’auteur sur le wok-isme, qui pose bien là le niveau d’endoctrinement de ce gars qui se croit de toute évidence très malin.
Je sens que je ne vais vraiment aller voir ce film QUE pour sa gueule. Enfin, non, j’attends toujours de la substance… mais s’il est aussi original que le premier, c’est mal barré. Pour certains, son anticapitalisme/anti-colonialisme/anti-tout le système bien bruyant suffira, j’imagine.
Oh, et : la « régie vegan »…? Ah ouais encore.

Odessa James

Oulà. Je comptais poster ce commentaire sous l’article sur Avatar 2 film gauchiste. Il m’a fallu faire dix modifs pour ne pas avoir droit à un ridicule « no spam » (la solution : ne pas écrire « wok-isme » !), et dans mes essais, j’ai fini par me gourer d’article. Merci de le supprimer !

Mick

Si le premier opus est qualifié de creux et laid, il aura eu au moins le mérite de ne pas m’endormir comme le deuxième…et il faudrait inventer un nouvel adjectif plus puissant que « creux » du coup.

Mr Vide

Vu aussi. Pas terrible. Surtout un peu trop  »Santa Barbara » sur les bords. Le frère de machine qui en fait est le demi cousin de truc…bref.
Scènes d’action horribles , on comprend rien et le final digne des chevaliers du zodiaque. Bref très moyen tout ça et c’est dommage. Et le personnage principal pour ma part, je le supporte difficilement.

Marc

Je viens de sortir de la salle , plutôt réussi les Creatures magnifique ! Impressionné par la première Scène et la 3D ma bluffé . L’histoire franchement je passe c’est une prequel a la Saga Harry Potter. Une bonne surprise.

yellow submarine

franchement j’ai beaucoup aimé cette suite. Elle pose des bases très intéressante pour la suite (plus que le premier).

Je n’ai pas trouvé la réal ou les sfx désagréables, bon j’étais au second rang mais quand même. Un second visionnage en 4K à la maison confirmera ou non mes dires.

En tout cas JD a quand même de la gueule en badguy beaucoup moins manichéen que voldemort. Et jude Law, parfait as usual

Vivement la suite

Atlantis

Faut Que JK Rowling prenne des cours de scénariste.

Le film est 2h15 de rien du tout de vide intersidérale, l’écriture enfantine pour les livres allaient très bien je les ai moi-même adorer.

Mais la pauvre elle ne sait pas raconter d’histoire et encore mois avec grammatique du cinéma.

Elle n’est pas aidée pas un réalisateur mou du genou qui tiens une caméra mais pas plus.
L’action qui est peux présenter est mal filmée et apporte rien ou presque au récit.
Fou que Yates ne sache jamais ou mettre sa caméra pour sublimer les plans et que le montage soit juste mais chiant.

La seule bonne surprise et le score.

A croire qu’ils se sont empêtrer avec le titre animaux fantastique et doivent nous servir des animaux étrange partout et qui justifie pas la série

Le personnage de Newt sert à rien, que viens faire un zoologiste dans cette bataille … Dr. Doolitle viens il en aide pour régler les problèmes interraciaux ?

5-10 minutes de films pas top mal cela ne suffit pas.

Opale

Vu hier. Bon blockbuster. Ecriture il est vrai brouillonne, enjeux dilués mais film soigné avec des acteurs convaincants. Une certaine noirceur assez inattendu qui m’a surpris. Pas le film de l’année mais plus qu’honnête!

Andarioch

@Lé Waw

Certains mots, voir absence de mots (comme un rire retranscrit) font que le serveur n’accepte pas le message et dit no spam. C’est automatique, les rédacteurs n’y sont pour rien.

Sinon, j’ai vu le film. Et c’est sur que les scènes jouées sont 100x plus intéressantes que les scènes d’action, souvent illisible (la première comme dit dans l’article, est un « modèle » du genre). Mais s’il y a bien quelques raccourcis psychologiques typiques de JK Rowling, l’enchaînement de l’histoire, le rythme et les coupures de rythme, la trame, la structure, sans être d’une originalité folle nous sort tout de même du monotone train train habituel des blockbusters. Si vous ne vivez que pour une baston de 20 mn en guise de conclusion d’une histoire (avec victoire du héros et french kiss avec le quota seins du film) passez votre chemin. Que l’on aime ou pas on garde tout de même l’impression qu’on nous raconte vraiment une histoire. Je suis prêt à parier que le scénar est resté inchangé entre le premier jour de tournage et la sortie du film, sans retouches pour rendre les choses plus comme ci ou rendre cela plus explicite. Je peux me tromper mais on ressent quand même un cohérence qui manque cruellement à un paquet de film de ce prix là (on reparle de JLA?)

Tonto

@Lé Waw J’avoue que la critique de Solo était quand même vachement gratinée, là je suis d’accord… (le film méritait franchement pas ça)