PSYCHO SEVEN
Le premier est un sans abri défiguré, qui massacre ses victimes à coup de démonte-pneu, le second un flic cocaïné jusqu’aux yeux. Ces deux hommes, mus par des pulsions opposées en apparence mais également mortelles, sont surplombées par la figure d’un serial killer mythique, qui fit couler le sang 40 ans plus tôt.
On ne peut pas dire que le film de tueur en série soit un genre en odeur de sainteté de par chez nous, tant ces productions confrontant meurtrier insaisissable et enquêteur torturé ont préféré copier Seven jusqu’à le vider de sa substance, plutôt que se renouveler. Par conséquent, il est d’autant plus rafraîchissant de se retrouver face à une enquête aussi soignée et excitante.
LES CRIS ET LA FUREUR
Kashyap a entre les mains un scénario à la fois basique et méchamment énervé. Une équation simple, qu’il résout en usant de sa caméra comme de la locomotive d’un grand huit. Il enchaîne les plans d’une complexité folle, les mouvements de caméra ultra-sophistiqués, mais toujours connecté au maelström d’émotions qui assaille les personnages.
Le résultat risque de laisser sur les genoux une partie des spectateurs, tant la violence physique et psychologique est puissamment retransmise. De meurtres en pétages de plomb, les morceaux de bravoure et les bouffées de cauchemar s’enchaînent, souvent avec réussite. Au-delà de ses effets de style réussis, c’est bien l’atmosphère de The Mumbai Murders qui en fait un régal formidablement vénéneux. Ainsi nous nous enfonçons, au cours de séquences toujours plus éprouvantes, dans un dédale urbain aux airs de labyrinthe mythologique, hanté par un assassin portant jusque sur son visage la marque de ses actes terribles.
Mumbai, filmée comme un outre-monde dévorant ses habitants
Mais si vous ne regarderez plus jamais un démonte-pneu de la même manière, force est de reconnaître que Anurag Kashyap n’a pas toujours la pleine maîtrise de ses effets, notamment durant la seconde partie de son film.
Un peu trop long, le montage réserve quelques effets très imparfaits, voire un peu ridicules, et la conclusion du rapprochement entre le flic et celui qu’il traque donne le sentiment d’avoir été greffé artificiellement au récit. Des scories qui n’empêchent toutefois pas The Mumbai Murders de s’imposer comme une claque brutale et bienvenue.
Merci pour cet article, il me hâte de foncer sur ce film.
@mysterek
En effet, il s’agissait bien de 2016, et d’un « lapsus » écrit, puisque l’immense majorité des sorties Cannoises en salles que nous traitons en ce moment proviennent logiquement de l’édition 2018.
Merci du signalement !
Et le réalisateur aussi rencontré dans le même festival au détoures de quelques projectoins car il faisait partie d’un des jury, est une personne très sympathique.
C’était pas plutôt 216 à Cannes ?
Je l’ai vu dans un autre festival en 2016 et revu l’année suivante sur Netflix. Excellent film et les autres oeucres de Kashyap sur Netflix valent aussi le détour, surtout Ugly.
Euh …. Le film est toujours dispo sur Netflix depuis des mois sous le titre Raman Raghav 2.0, nom d’un tueur en série indien. Je suis assez surpris de voir qu’il sort aussi en salle. En tout cas, ça vaut largement la peine de le voir. Pour vous en faire une idée https://www.netflix.com/search?q=Anurag%20Kashyap&jbv=80115687&jbp=2&jbr=0