KING OF THE WORLD
Si la popularité de Stephen King n’a jamais vraiment faibli (environ 80 adaptations en quatre décennies, depuis Carrie au bal du diable), le succès monumental de Ça en 2017 a remis une pièce dans le jukebox horrifique. D’où une flopée de projets, de la suite de Shining intitulée Doctor Sleep à Castle Rock, en passant par le remix de La Tour Sombre sous forme de série. Discrètement développée depuis 2010, la nouvelle adaptation de Simetierre a ainsi eu un coup de boost en octobre 2017, quelques semaines après le début du phénomène Ça.
Publié en 1983, adapté en film en 1989 par Mary Lambert, Simetierre a une place particulière dans le cinéma de genre (la mythologie indienne, avec ce cimetière qui est devenu un poncif), et même dans le coeur de l’auteur lui-même, qui considère que c’est l’histoire la plus troublante qu’il a imaginée. Car derrière l’horreur, il y a une belle et déchirante réflexion sur le deuil et la mort, qui fissure une famille dont le père s’aventure un peu trop loin dans les méandres de l’âme humaine.
C’est cette double lecture qui était attendue dans Simetierre version 2019, côté cœur et côté frisson. Et si le film de Kevin Kolsch et Dennis Widmyer (Starry Eyes) ne sort jamais des sentiers battus, il offre sa petite dose de frissons, remplit son modeste programme, et bénéficie d’une ambiance très réussie.
PÈRE TOMBALE
Jason Clarke incarne ici le père de famille qui va découvrir, malgré lui, l’existence d’un lieu sacré aux pouvoirs inimaginables, capable de ressusciter ceux qu’on y enterre. Si Church le chat des enfers est naturellement de retour (mais moins flippant que dans le précédent film), le scénario prend une grosse liberté avec le livre pour ce qui du principal enjeu, comme révélé dans la bande-annonce.
La logique est pragmatique et n’abîme pas, a priori, le cœur de l’histoire. Le film s’amuse même avec ce changement dans la mise en scène, dans une scène cruciale. Sauf que ce parti pris donne lieu à une dernière ligne droite passablement ordinaire, où le cauchemar prend la forme d’un vulgaire film de zombie-possession, vu mille fois.
La conclusion se voulait neuve, différente et plus noire, mais là encore c’est au nom du spectacle qu’elle a été façonnée. D’où un vague frisson de série B, loin de rendre justice à la véritable noirceur du récit de Stephen King. Un choix regrettable, qui rabaisse Simetierre et lui fait perdre une partie importante de son âme. Au lieu d’un film terrible sur la mort et sa puissance dévastatrice sur l’être humain, il y a donc une production horrifique trop classique et balisée.
IN THE MOOD FOR DEATH
C’est d’autant plus regrettable qu’avant ce troisième acte, Simetierre est porté par une belle sobriété, et une ambiance envoûtante. Les réalisateurs Kevin Kolsch et Dennis Widmyer offrent ainsi à cette forêt sans fin, aux frontières du réel, une atmosphère fantastique, en grande partie grâce à la photographie bleutée et embrumée de Laurie Rose (High-Rise, Free Fire, Overlord). Le cheminement jusqu’à ce cimetière de l’angoisse est particulièrement beau, et bien plus fidèle au livre que dans le film de 1989.
La direction artistique est réussie, avec quelques effets bien sentis (la porte qui s’ouvre sur la forêt). Le film n’abuse pas non plus des jumpscares et sursauts de bas étage, préférant distiller l’angoisse et le trouble au fil des scènes. En somme, tous les signaux sont au vert pendant une grosse partie du film.
Même chose du côté des acteurs. Si Jason Clarke a une filmo bancale, marquée par Terminator Genisys, il a prouvé ses capacités dans Gatsby le magnifique, La Planète des singes : L’affrontement ou encore Zero Dark Thirty. Il le rappelle ici au premier plan. Et si le rôle de Jud est un peu trop raboté pour que l’excellent John Lithgow s’y épanouisse, Amy Seimetz s’impose en quelques scènes.
Le personnage de Rachel est particulièrement complexe et torturé, et l’actrice révélée chez Shane Carruth et vue depuis dans Alien : Covenant l’interprète avec brio. Il suffit de la voir réagir à un câlin d’outre-tombe, pour se dire qu’Amy Seimtez mérite pleinement un grand premier rôle.
Il y a donc suffisamment de bons éléments pour que ce Simetierre version 2019 réponde aux attentes du public de 2019, tout en plaçant les réalisateurs Kevin Kolsch et Dennis Widmyer sur le radar des noms à suivre. Ne manquait plus qu’une ligne directrice plus forte, et un désir des producteurs de ne pas tomber dans le programme très sage du genre.
Réalisation de bonne facture mais histoire déjà vue manquant singulièrement d’ambition. On évoque le wendigo et les américains natifs, pourquoi ne pas les représenter à l’écran? On en reste donc au drame familial, et c’est bien peu hélas.
@Barbadoom
« (vu que je ne spoile rien tout est dans la bande annonce) »
Sauf que plein de gens (dont moi) ne regardent justement plus les bandes annonces, afin d’éviter les spoilers de ce genre…
J’ai trouvé ça archi nul! C’est le remake de trop!
Rien n’allait dans ce film, que ce soit la mort de Ellie (vu que je ne spoile rien tout est dans la bande annonce) spectaculaire et archi mal faite (Plan large, ellie qui va sur la route et le 5 tonnes qui passe, auraient été plus efficace), les flashbacks qui n’ont ni queue ni tete de la mère, le pretexte pour aller enterrer des corps, ce Papy et le final… je m’attendais à flipper, à redecouvrir une nouvelle version de la même qualité qu’a été IT, tu parle! Nul ce film et pis, Jason Isaac je sais pas j’accroche pas avec lui.
Je me dis que voilà… le remake de trop!!!!
ATTENTIONS SPOILERS
Je suis parti en salle cet après midi, je l’ai regardé en Vost et franchement j’ai été assez surpris ! Pour du bon et du mauvais… Premièrement, je trouve que certaines choses dont la mort de Ellie rajoute une belle touche de nouveauté au film, ils n’y a pas trop de screamers et l’ambiance et vraiment sympa ! Les personnages ont tous un certain charisme (sauf le vieux papy tout pourri qui se fait tuer comme un con) je dis les choses telles qu’elles sont ! Sérieux c’est qui ce papy ultra bête qui après avoir réussi a faire sa pour son chien propose de le faire pour church alors qu’il sait ce qu’il va se passer !! Bref… Aussi quelques défauts de réalisme (la gamine qui se fait renverser par un camion de 15 tonnes et qui est en un seul morceau) mais dans l’ensemble un film stressant plutôt bien réussi mais pas mieux que le Fléau !!
Je sais pas mon problème avec Simetierre. Peut-être parce que je sais que les chats ont pas besoin d’être des zombies pour être maléfiques ou parce que les conneries de cimetières indiens me les brisent (qui expliquerait aussi mon indifférence vis-à-vis de Shining).
Mais tout ça sans nier le message de King derrière, toujours d’une intelligence et d’une puissance folle. C’est juste une histoire de forme je pense. Ou de contexte. Faudrait que je relise Simetierre pour lui donner sa chance peut-être (bien que pour Shining ça n’ait rien changé). Je me souviens pas d’une quelconque empathie ou connection avec les personnages, contrairement à d’autres (Ça ou Le Fléau).
C’est pas aussi mauvais que peut l’être Dreamcatcher, mais venant de la bonne période de King, j’ai été un peu déçu (sans avoir détesté non plus, mais planté au milieu de ses chefs d’oeuvres, ça me laisse froid).
@Jean-Michel Jarre Jarre
Autant je te rejoins pour Salem, autant je suis surpris pour Simetierre, j’avais trouvé le bouquin tellement prenant! Bon après les 100 premières pages… Et la fin est une des plus tragiques et mélancoliques de tous les King je trouve!
@Cinéman
Un peu chelou ta critique, tu dis qu’il ne faut pas regarder la deuxième Bande-annonce mais en même temps tu dis qu’Elie meurt… Je comprends le Spoiler Alert, mais du coup, pour rien savoir, il ne faudrait pas lire ta critique, et donc on ne saurait pas qu’il ne faut pas regarder la 2ème bande annonce… Aîe j’ai mal à la tête…
Un des rares King à m’avoir étrangement laissé de marbre (avec Shining). Autant Ça, Le Fléau ou Salem ont été de monumentales claques, autant Simetierre…
Du coup cette adaptation m’intéresse pas du tout.
Après je lui souhaite du succès histoire qu’on puisse avoir, je sais pas, un remake de Bazaar, au hasard. Notre époque me semble idéale pour claquer celui-là à notre face avec toute la puissance qu’il mérite.
Et Salem. Bordel un bon gros Salem en mode R-rated qui tache.
Marre des clowns. Enfoiré de Tim Curry.
@Cinéman : Tu nous la refais avec majuscules et points stp…