AU-REVOIR LES ENFANTS
Nous y suivons une troupe d’adolescents réunis autour du magnétique Nicola (ravageur Francesco Di Napoli). Le groupe, entre provocations juvéniles, appât du gain et ambition, se frotte chaque jour un peu plus à la Camorra. Metteur en scène d’Ali a les yeux Bleux et de plusieurs épisodes de Gomorra, Claudio Giovannesi est un familier des thèmes que charrie ce récit, comme du travail de Saviano, et c’est sans doute la première force du récit.
Car si la tête de l’écrivain est toujours mise à prix en Italie, ce n’est peut-être pas tant à cause de la précision factuelle et sourcée de ses écrits, mais plutôt en raison de la nature de leurs révélations. Les mafias italiennes y apparaissent pour ce qu’elles sont aujourd’hui : des organisations criminelles dévitalisées, bien loin de leurs heures de gloire, menacées à chaque instant d’être débordées par une jeunesse rendue prédatrice par l’atomisation du corps social italien et une situation économique désolante.
Dans Piranhas, les Don sont morts, en prison, assignés à résidence… Vieux cadavres à la renverse pourrissant dans des appartements au luxe aussi outré que ridicule, leur effacement témoigne du cannibalisme qui consume une population napolitaine privée de débouchés ou de structures étatiques capables de se substituer au chaos qui s’installe.
MORTELS INSTRUMENTS
Le constat n’est pas nouveau, mais il demeure d’une grande force, notamment grâce à la mise en scène de Claudio Giovannesi, qui tente de marier un sentiment d’hyper-réalisme exacerbé, avec une grande exigence en matière de style.
Ainsi, le montage très brut de chaque séquence n’oublie jamais de s’inquiéter de leur rythme interne, quand la photo confère à l’ensemble une dimension organique plutôt fascinante. De même, les séquences attendues de déambulations motorisées surprennent souvent, le découpage s’efforçant de les dynamiser et de travailler leur dramaturgie.
La caméra surprend aussi, par sa capacité à nous immerger au sein d’un groupe de personnages vifs sans jamais se reposer sur un dispositif facile de filmage parkinsonien. A force de bifurcations, de compositions malines, Piranhas pulse et épouse intelligemment la colère qui bouillonne dans les tripes de ses personnages.
On regrettera toutefois que Claudio Giovannesi, sans doute conscient qu’il a entre les mains une matière première idéalement carénée par Roberto Saviano, se refuse un peu à lâcher les chiens dans la seconde moitié du film. Collant parfois un peu trop littéralement à un scénario fonctionnel, il échoue un peu à conférer à l’intrigue la folie qu’appelait naturellement son sujet. De même, il eût été inspiré de tronçonner un peu les vingt dernières minutes du film, qui tendent à bégayer et atténuer (un peu) l’impact d’un final dévastateur.
@Flash
Hello, en la matière, c’est plus le temps qui manque !
Mais je l’ai vu, je trouve le film pas inintéressant mais très imparfait.
Bonjour la rédaction,
Je sais que ce n’est pas le sujet, mais comptez vous faire une critique de highwaymen.
Merci