Films

Piranhas : critique qui montre les dents

Par Simon Riaux
3 juin 2019
MAJ : 4 juin 2019
2 commentaires

Avec la parution, puis l’adaptation cinématographique et sérielle de son séminal GomorraRoberto Saviano a provoqué une passionnante mise à plat de la représentation de la criminalité italienne. C’est aujourd’hui le cinéaste Claudio Giovannesi qui poursuit cette entreprise en portant à l’écran son texte Piranhas.

 

 

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AU-REVOIR LES ENFANTS

Nous y suivons une troupe d’adolescents réunis autour du magnétique Nicola (ravageur Francesco Di Napoli). Le groupe, entre provocations juvéniles, appât du gain et ambition, se frotte chaque jour un peu plus à la Camorra. Metteur en scène d’Ali a les yeux Bleux et de plusieurs épisodes de GomorraClaudio Giovannesi est un familier des thèmes que charrie ce récit, comme du travail de Saviano, et c’est sans doute la première force du récit.

Car si la tête de l’écrivain est toujours mise à prix en Italie, ce n’est peut-être pas tant à cause de la précision factuelle et sourcée de ses écrits, mais plutôt en raison de la nature de leurs révélations. Les mafias italiennes y apparaissent pour ce qu’elles sont aujourd’hui : des organisations criminelles dévitalisées, bien loin de leurs heures de gloire, menacées à chaque instant d’être débordées par une jeunesse rendue prédatrice par l’atomisation du corps social italien et une situation économique désolante.

 

photoHardcore Goonies

 

Dans Piranhas, les Don sont morts, en prison, assignés à résidence… Vieux cadavres à la renverse pourrissant dans des appartements au luxe aussi outré que ridicule, leur effacement témoigne du cannibalisme qui consume une population napolitaine privée de débouchés ou de structures étatiques capables de se substituer au chaos qui s’installe.

 

MORTELS INSTRUMENTS

Le constat n’est pas nouveau, mais il demeure d’une grande force, notamment grâce à la mise en scène de Claudio Giovannesi, qui tente de marier un sentiment d’hyper-réalisme exacerbé, avec une grande exigence en matière de style.

Ainsi, le montage très brut de chaque séquence n’oublie jamais de s’inquiéter de leur rythme interne, quand la photo confère à l’ensemble une dimension organique plutôt fascinante. De même, les séquences attendues de déambulations motorisées surprennent souvent, le découpage s’efforçant de les dynamiser et de travailler leur dramaturgie.

 

photoLa classe à Vegas

 

La caméra surprend aussi, par sa capacité à nous immerger au sein d’un groupe de personnages vifs sans jamais se reposer sur un dispositif facile de filmage parkinsonien. A force de bifurcations, de compositions malines, Piranhas pulse et épouse intelligemment la colère qui bouillonne dans les tripes de ses personnages.

On regrettera toutefois que Claudio Giovannesi, sans doute conscient qu’il a entre les mains une matière première idéalement carénée par Roberto Saviano, se refuse un peu à lâcher les chiens dans la seconde moitié du film. Collant parfois un peu trop littéralement à un scénario fonctionnel, il échoue un peu à conférer à l’intrigue la folie qu’appelait naturellement son sujet. De même, il eût été inspiré de tronçonner un peu les vingt dernières minutes du film, qui tendent à bégayer et atténuer (un peu) l’impact d’un final dévastateur.

 

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Rédacteurs :
Résumé

Saisissant portrait d'une jeunesse tombant progressivement dans la prédation, Piranhas interpelle, malgré une seconde moitié qui bégaie un peu et manque un tantinet d'impact.

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Simon Riaux

@Flash

Hello, en la matière, c’est plus le temps qui manque !
Mais je l’ai vu, je trouve le film pas inintéressant mais très imparfait.

Flash

Bonjour la rédaction,
Je sais que ce n’est pas le sujet, mais comptez vous faire une critique de highwaymen.
Merci