LE ROI USURE
Le folklore du roi Arthur ne cesse d’être recyclé, comme l’ont tristement rappelé les récents Transformers 5 : The Last Knight et Le Roi Arthur : La légende d’Excalibur. 2019 l’a déjà prouvé avec Alex, le destin d’un roi et Hellboy, qui remettent tous deux en jeu Excalibur, et tordent le mythe pour qu’il se plie aux règles d’un nouveau genre. Chez Joe Cornish, il est au service d’une petite aventure enfantine et innocente, où un môme de 12 ans tombe sur l’épée magique, et affronte une méchante sorcière et ses soldats morts-vivants.
Une idée amusante sur le papier, surtout avec Joe Cornish à la barre comme réalisateur et scénariste. Dans Attack the Block, il avait ainsi marié le film de science-fiction horrifique à la fable sociale, avec efficacité, et un talent certain dans la mise en scène. Il y avait donc de quoi attendre de ce Alex, le destin d’un roi un spectacle enlevé et rythmé, voire même un petit retour vers l’esprit Amblin des années 80, très en vogue avec Stranger Things et compagnie.
Le résultat est bien plus générique et désincarné que ça, tant l’aventure manque de relief, d’énergie, d’idées, et de personnalité.
Louis Ashbourne Serkis, oui le fils d’Andy Serkis
BREXCALIBUR
Il y a pourtant quelques belles idées dans Alex, le destin d’un roi, porté par Louis Ashbourne Serkis, fils d’Andy Serkis. Le contexte magique est utilisé pour un discours discret mais omniprésent sur l’union des forces, particulièrement pertinent à l’heure du Brexit vu que le film est anglais dans l’âme. Le récit centré sur des enfants prend tout son sens, et rappelle parfois l’optimisme si précieux du superbe A la poursuite de demain, qui portait lui aussi cette lumière positive.
Dans la même idée, le discours sur le déterminisme social et la force de l’individu, est bien servi. Bercé par ses envies et illusions, le jeune Alex part en quête d’une filiation typiquement hollywoodienne, que le scénario traite avec suffisamment de recul pour éviter les gros pièges.
Dans une poignée de scènes d’action, et notamment une délicieuse course-poursuite dans les rues, Joe Cornish s’amuse de toute évidence avec les règles de ce monde entre ombre et lumière, où les démons apparaissent seulement aux yeux des petits héros. C’est le carburant d’un humour parfois très réussi, et c’est pour Cornish l’occasion de mixer des styles et des couleurs, entre le gris du béton britannique et les flammes fantasmagoriques des enfers.
Enfin, le talent des acteurs pèse beaucoup dans la balance. Louis Ashbourne Serkis assure le service certes, mais ce sont ses camarades Tom Taylor et Rhianna Dorris qui tirent leur épingle du jeu en petites brutes. Angus Imrie, lui, est une bulle d’énergie potentiellement irritante, mais dont n’abuse heureusement pas Joe Cornish. Et sans surprise, Patrick Stewart a la classe en vieux Merlin.
Les petits chevaliers du rocher presque rond
UNE RAME POUR LE ROI
Mais Alex, le destin d’un roi aurait eu besoin de bien plus pour devenir ce spectacle drôle et malin qu’il voulait être. Avec deux heures au compteur, le récit s’étire trop, plombé par une suite de péripéties cousues de fil blanc autour de scènes imposées que jamais le scénario ne parvient à s’approprier. Les moments forts sont trop rares, écrasés par cette structure hyper-scolaire d’une paresse parfois exaspérante.
Le film manque en plus de style, et laisse globalement l’impression d’un univers terne et plat qui n’ose pas s’aventurer hors des sentiers battus. Il y a bien quelques belles images amusantes (ce lac dans la brume notamment), mais c’est trop peu face à des décors ordinaires, une pelletée d’effets spéciaux malheureux, et une photographie souvent fadasse (pourtant signée Bill Pope, qui a travaillé sur Alita : Battle Angel, Matrix, ou encore Scott Pilgrim).
Rebecca Ferguson, pas gâtée par le film
Parfois, Alex, le destin d’un roi laisse entrapercevoir le film décalé, attendrissant et old school qu’il aurait pu être. Une vieille caverne en carton pâte et une école préparée pour la guerre, comme un remix géant de Maman j’ai raté l’avion, ont une saveur délicieuse, parfaitement adaptée à la candeur de l’histoire et ses héros. Mais Joe Cornish semble toujours hésiter, et n’y va jamais franco.
Et quand il y va, c’est dans une direction peu satisfaisante ou originale, comme lors de ce climax où Rebecca Ferguson se transforme en vulgaire et affreuse créature volante. Le film tombe alors dans les travers du mauvais spectacle, et il a beau avoir coûté dans les 60 millions (un budget confortable donc), il ne vend pas de rêve. C’est bien dommage pour un film qui raconte le contraire.
@Gacho
Ce n’est pas très malin de comparer les notes de deux films, de genre et de styles différents.
En réalité, ça n’a aucun sens.
Nous sommes très tristes que votre femme n’ait pas apprécié ce film pour enfant.
Encore du Grand Geoffrey.. Il trouve ce film meilleur que l’empereur de Paris en terme de notes… On a vu ce film avec ma femme ce week end qui est une bonne cliente de ce type de film. Au bout de 15mn elle me dit: mais qu’est ce que cette débilité anglaise….il faudrait changer votre logiciel d’analyse.
Perso, j’ai adoré aussi. Simple mais efficace ^^. A voir histoire de passee un agréable moment.
bon moi j’ai adoré, simple mais pas creux, plus original que prévu, et super bien foutu en plus…un melange de la table ronde et des goonies, je prend sans soucis