DOWNTON ET LES CRAWLEY : AU SERVICE DE SA MAJESTÉ
Downton Abbey s’apprête à recevoir la visite du roi George V et de la reine Mary et c’est le branle-bas de combat à tous les niveaux. Il faut préparer le château pour une visite royale qui bouleverse la hiérarchie de la maisonnée : quelques jours durant, les Crawley ne seront plus en haut de la chaîne alimentaire. Or la famille et ses domestiques sont loin de s’imaginer ce qui les attend. Car quand la couronne voyage, elle amène toute une suite de majordomes, intendantes, chefs et autres gens de maison qui dépouillent les domestiques locaux de leurs fonctions. Avant même l’arrivée des invités sur les lieux, le personnel royal prend donc Downton en main, et la demeure se transforme en terrain de jeu.
Après six saisons passées à décortiquer et idéaliser l’aristocratie anglaise de la première moitié du vingtième siècle, Downton Abbey se pare de ses plus beaux atours pour un dernier tour de piste. Mais loin des enjeux sociaux, sociétaux et techniques de l’époque qui inspirent la série, le long-métrage de Michael Engler manque cruellement de rythme et peine à intéresser son public.
Un tour de piste bien vite expédié…
UNE DERNIÈRE DANSE…
Malgré la fascination nostalgique un peu grossière que dégageait Downton Abbey, les qualités narratives, la richesse des personnages et la très belle mise en scène de la série (distinguée par un Golden Globe, six Emmy Awards) n’ont jamais été questionnées par la presse et les spectateurs. Elle offrait certes un portrait indulgent de l’époque, mais elle peignait aussi en filigrane des tranches importantes de l’histoire et de ses enjeux (l’accident du Titanic, la Première Guerre mondiale, l’indépendantisme irlandais, l’émancipation des femmes…).
Or si l’univers briqué et vacillant révélé au fil des six saisons est bel et bien de retour dans Downton Abbey, si l’appétit des spectateurs pour les toilettes luxueuses et les décors grandioses devrait être comblé, jamais le vernis de cette société ne sera gratté.
L’ambiance connue du public, oscillant entre aristocratie et personnel de maison, est bel et bien au rendez-vous. Et dans un souci de continuité avec la série, la bienveillance caricaturale entre les différentes strates sociales est toujours présente (ce qui accouche de certains moments absurdes). Toujours aussi fringante, la demeure renaît après trois ans d’absence, grâce à une mise en scène et une réalisation pointue. Malheureusement, comme devant un Oeuf de Fabergé, le public ne pourra s’extasier que devant la beauté de l’objet, jamais devant sa profondeur.
… AVANT L’OMBRE ET L’INDIFFÉRENCE
Mais si Downton Abbey fonctionne sur le papier, la réalité est donc bien différente. Malgré le retour du casting, les personnages se sont malheureusement tous assagis. Le film à beau servir sur un plateau une ou deux joutes verbales entre la douairière comtesse Violet Crawley (l’irremplaçable Maggie Smith) et sa parente Isobel (Penelope Wilton), et quelques insinuations visant à casser le quatrième mur, les autres personnages sont de pales copies d’eux-mêmes. À commencer par Lady Mary (Michelle Dockery) qui a perdu la quasi-totalité du mordant qu’on lui connaissait.
Après ses premières minutes prometteuses, au montage énergique et à la musique épique et reconnaissable entre toutes, Downton Abbey montre donc ses premières faiblesses.
Un dîner qui a moins d’intérêt que le joli minois du plombier
Il faut dire que le scénario et les nombreuses intrigues secondaires mises en place ne servent ni l’histoire principale ni les personnages. La ribambelle d’aventures déclinées pour que le film dure 122 minutes détourne le récit de son but : donner à voir une représentation royale et ses préparatifs. L’organisation de la fanfare, le dîner ou encore le bal par exemple, sont supplantés par les pseudo histoires de coeur de Daisy (la jeune aide-cuisinière campée par Sophie McShera), les larcins d’une femme de chambre ou encore un héritage mal distribué. La tentative d’assassinat du roi ne présente aucun intérêt, si ce n’est de cacher aux spectateurs une partie de la parade royale, et l’arrestation dans un bar gay clandestin d’un des domestiques est traitée par-dessus la jambe.
Autant d’intrigues inutiles qui ne laissent rien aux arcs véritablement intéressants. Dépourvu de trame complexe, le film est vide de sens. On aurait pu s’attendre à ce que la grève générale de 1926 soit évoquée, mais elle est balayée d’un revers de main. On aurait aussi aimé voir Mary Crawley s’interroger en profondeur sur l’avenir de l’aristocratie et de son style de vie, mais ses questionnements restent toujours sommaires et oubliables.
J’ai fini hier soir la toute dernière saison de cette fabuleuse série… Quel manque je ressens de ne plus côtoyer ces personnages! Du coup le film me semble une bonne alternative pour retrouver cet univers (et il fait pour ça apparemment). A voir donc.
La personne qui a écrit cette critique n’a pas compris la série. D’où la critique négative. Restez dans vos certitudes les gens d’EL
@Awards
Et dans la catégorie « croiser un avis différent du sien et échanger de manière civilisée, et sans devenir agressif », on remet un prix à qui ? 🙂
Dans la catégorie « J’écris un article à la con pour me faire remarquer parce que je dis le contraire de tout le monde, et ça fait bien de se sentir décalé », l’oscar revient à Camille Vignes !
Quoi, vous n’avez pas aimé Évasion 2 ?
Décidément, tout fout le camp…
@Geoffrey Crété
QUOI ? ON A MIS UNE SALE NOTE A EVASION 2 ??!!
@Hank Hulé
D’où notre très bonne note donnée à Evasion 2 récemment oui.
…
Mince, Camille qui site Kyo dans un article 🙂
Me doutais bien que ça ne ferait pas d’étincelles cette chose.
Avec Stallone, c’était les 3 étoiles…