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Sœurs d’armes : critique Expendabelles

Par Simon Riaux
27 novembre 2020
MAJ : 12 août 2022
42 commentaires

SPresque deux ans après son annonce, le film de guerre et premier long-métrage de fiction de Caroline Fourest débarque sur les écrans. Porté par un casting prestigieux, réunissant Amira Casar, Camélia Jordana, Esther Garrel, Maya SansaPascal Greggory ou encore la rockeuse Noush Skaugen. Initialement intitulé Red Snake, avant de devenir Sœurs d’armes, le film s’est fait coiffer au poteau par le constipé Les Filles du soleil, mais compte bien marquer plus durablement les esprits.

photo

À LA DAESH AUX MOULES

Journaliste et essayiste, Caroline Fourest est ici pour la première fois metteuse en scène de fiction, mais il ne s’agit pas pour autant de son premier passage derrière la caméra, puisqu’elle a signé de nombreux documentaires au cours de ces deux dernières décennies. Elle y a abordé de nombreuses problématiques liées au vivre-ensemble, notamment à la laïcité, aux combats ou à la visibilité des minorités. Et c’est peut-être cet héritage qui pose le plus de problèmes lors du visionnage du film. Ce passif se sent, et la forte dimension fictionnelle du récit en souffre.

 

photo, Amira Casar Amira Casar

 

Pourtant, Sœurs d’armes ne manque pas d’idées intéressantes, de pistes complexes. En témoigne l’arrivée de Yaël et Kenza dans le bataillon « red snake », où le spectateur comprend que les deux Françaises se sont enrôlées (d’aucuns diraient « radicalisées ») en ligne, via les réseaux sociaux.

Plusieurs fois, Fourest a l’occasion d’interroger la nature même de l’engagement armé, la nature d’un combat idéologique par essence. Mais la caméra et le scénario paraissent toujours incapables de mettre en perspective les éléments qu’ils dévoilent, comme si la cinéaste ne pouvait aller plus loin que la surface de son sujet.

 

photoGirls with bullets

 

Un problème qui est encore accentué par le découpage, trop souvent purement fonctionnel. Par conséquent, Sœurs d’armes vire régulièrement au contresens, ou à la sur-simplification. Malgré des antagonistes parfaitement infâmes, qui n’appellent pas exactement un traitement nuancé, l’écriture réussit l’exploit de paraître profondément injuste avec les troupes de DAESH. Une sorte de contre-performance et une tendance au simplisme navrant, qui feraient passer les nazis d’Inglourious Basterds pour des clowns d’hôpital un peu susceptibles. Ou le contraire.

 

UNE GROSSE PAIRE DE DOUILLES

Déficient quand il faut manier les outils du cinéma narratif, Sœurs d’Armes se transforme en expérience nanarde d’une galaxie inconnue dès qu’il lui faut appréhender la violence et l’action. Tout d’abord, remercions Caroline Fourest pour la grande œuvre égalitaire qu’elle nous offre. On apprendra dès les premières minutes du film que quand elles ont des armes lourdes en main et la vengeance au cœur, les femmes se révèlent aussi crétines, bourrines, assoiffées de sang et d’humiliations énervées que leurs modèles masculins.

Ainsi, quand démarre un échange embarrassant sur la politique belliqueuse menée par les États-Unis, un hommage tout flingué à Predator vient nous rappeler que Sœurs d’armes a plus soif de testostérone de mercenaire que de combattantes synapses.

 

photo, Amira CasarEt pas de dialoguiste non plus

 

Qu’elles moquent l’agonie d’un soldat terrifié à l’idée de mourir de la main d’une femme, se chamaillent en plein champ de bataille ou se la joue Cheval de Troie en burqa, nos héroïnes affichent une parenté avec Lorenzo Lamas, une forme de cousinerie bien grasse avec Chuck Norris, jusqu’à donner à Rambo : Last Blood des airs de tract vegan. Et progressivement, cette veine bourrine, plutôt inattendue étant donné les ambitions affichées par le film, lui confère une dimension absurde, bienvenue pour tout amateur de cinéma déviant.

En témoigne cette ultime demi-heure, où Caroline Fourest rejoue tous les gros clichetons du cinéma viriliste, comme si les assigner à des guerrières les renouvelait par magie. On assiste alors, mi-pétrifié, mi-sidéré, mais hilare, à une déferlante de sacrifices au ralenti, de grognements assénés au tempo des douilles brûlant les deltoïdes contractés de nos walkyries de supermarché. C’est leur guerre, et pour l’amour du rire, elles ne laisseront personne leur baver sur les rouleaux.

 

Affiche

Rédacteurs :
Résumé

Pensum simpliste et indigeste quand il traite des combattantes kurdes, Sœurs d'armes se transforme progressivement en un réjouissant nanar de l'espace, que ne renierait pas Chuck Norris entre deux injections d'hormones de grizzly.

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Commentaires
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Rojava

Super film merci beaucoup

Starfox

J’aime bien la tronche de la mère jordana sur l’affiche. Mais elle regarde quoi en l’air comme ça ? Un pigeon piégé ? Comme dirait Moscato, elle a l »oeil du veau dans la luzerne.

pamplemousse coca-cola

@Yomn

Attention, je ne dis pas que la critique doit convaincre ou persuader, je dis simplement que quand on est aussi virulent ce serait bien d’argumenter un peu plus, histoire de s’éloigner du papier à tendance polémique rédigé à la va vite avec 3 blagues potaches pour faire rire les copains et 2-3 arguments mal expliqués qui reposent sur du vent. Je dis pas que ce soit facile comme type d’exercice, mais puisque son auteur à le temps de répondre aux commentaires j’imagine qu’il pourrait peut-être aussi l’employer à faire des critiques qui respectent un peu plus l’intelligence de ses lecteurs. Je dis tout ça sans aucune animosité ni prétention, je me doute bien de la difficulté de produire du contenu en continu et pour un large public sans verser dans une pédanterie chiante comme la mort, je suis juste déçu par cette critique alors que d’autre du même monsieur sont très bien!

Sans rancune

Yomn

@pamplemousse coca-cola

Beaucoup de fausse route émotionnel je pense.
Le sens d’une critique c’est pas de te convaincre ou te persuader. Ca c’est le service communication du distributeur.
Les commentaires négatifs ne sont pas des preuves que la critique est ratée ou problématique, ça rappelle simplement qu’on est dans un espace de débat, et qu’on échange.

Batou

Camélia Jordana!!! BERK !!! Un melon sur dimensionner un jeu d’acteur à chier !! Un ego énorme !!!

pamplemousse coca-cola

Ah oui et j’allais presque oublier…. Cette blague de très mauvais goût « À LA DAESH AUX MOULES » pour un film où la femme est montrée sous une dimension guerrière qui n’est pas l’apanage des hommes et qui n’est plus uniquement réduite à ses attributs sexuels…
« Des walkyries de supermarché »? Et pourquoi ? Par manque de crédibilité ? Il y a pourtant une certaine cohérence dans le film, il accomplit une double vengeance, à la fois une vengeance sur l’Histoire et une autre plus symbolique,sur les inégalités de genre. Comme quoi ce genre de film est d’une utilité primordiale, tout comme l’épisode 7 de Lovecraft Country (Je suis).

pamplemousse coca-cola

Un film qui a des qualités, en évoquant des thématiques originales comme le dit Mr. Riaux. Un film qui a des défauts aussi, dans le traitement de ces thématiques. Mais il y a un problème, la majorité des reproches adressés tiennent du jugement de valeur, je crois que la critique gagnerait à être plus précise et avancer des arguments objectifs, ce qui n’est pas impossible même en terme de critique d’art comme beaucoup le pensent.

Exemple… « le découpage, trop souvent purement fonctionnel », par nature le découpage obéit à la fonction de créer du sens au sein de la fiction, qu’est-ce qu’un découpe non fonctionnel? Du Jodoroswky ? du Argento? Et ce mauvais découpage qui aboutit à des « contresens, ou à la sur-simplification » ? Cette sémantique alimente la rhétorique de la critique mais n’explicite pas les défauts du film, ne donne pas d’exemple concret…

Un des autres arguments avancés est « l’écriture réussit l’exploit de paraître profondément injuste avec les troupes de DAESH »… c’est facile comme argument sans étayer davantage… on pourrait dire d’American Sniper qu’il donne à voir une caricature des irakiens, pourtant le films est porté au nue par la critique et cette lacune est justifiée par le fait qu’on le spectateur soit collé au point de vue de Kyle. Pourquoi ici ne pas essayer de justifier ce manque d’épaisseur des membres de DAESH en arguant tout simplement qu’ils font de la femme une caricature d’être humain en les assujettissant et que le traitement qui leur est réservés accomplit une sorte de vengeance sur l’Histoire, tout comme pouvait le faire dans Inglorious Basterds que vous évoquez également.

Je prends 5 minutes pour insister car oui c’est un film qui a des défauts mais la critique que vous en faîtes en a bien plus a mon sens et manque de profondeur… Je pense que s’il y a autant de commentaires négatifs envers votre critique c’est aussi pour cette raison… Avec une belle rhétorique vous pouvez persuader mais vous ne convaincrez pas.

Flash

Que ce film est nul, mal interprété, mention spéciale à l’insupportable Jordana. Mais bizarrement, on ne s’ennuie pas, on se marre même beaucoup. Il y a 30 ans ce film aurait pu faire partie de la célèbre compagnie CANNON qui nous a pondu des perles comme invasion USA ou.Delta force

molo

le film est un navet, une blague une vraie demande de flagellation. non vraiment ce film est un cas d’école du nanar ( il rejoint une longue liste vous me direz )

lunaireaero

INSIPIDE,désolé mais insipide pour un sujet qui doit rendre a toutes les victimes « hommes & femmes « une part de leurs histoires c’est fait coude,un crachat a la face , c’est navrant,par sagesse il faut des fois s’effacer et laisser a ceux qui ont de l’experience , meme a partir d’un traitement bancal,il ya d’excellents pros pour ajuster le tir,pour les cinéphiles raides dingues de cinoches ,on s’aperçoit qu’on ne s’improvise pas real surtout avec un sujet comme celui ci ,la scene d’ouverture :gladiator de ridley scott? on s’apercoit du nombre impressionnant de bout a bout de films qu’on connait tous, c’est bien de regarder des films ,mais encor faut il en tiré la quintescence ,,apres cette chose je me suis permis une récrée film a petit budjet ,c’est arrivé pres de chez vous et platoon , par chance la meme semaine j’ai pu voir un excellent doc :POUR SAMA: de Waad al-Kateab – Edward Watts ;,le cine a une trop grande valeur pour laisser le coté mediocre et pédant d’une neo real avec une haute estime d’elle en prendre les rennes ;