LA LIGHT MOUSSE
On se souvient que peu après la sortie de The Witch, Robert Eggers s’attelait à un remake du Nosferatu de F.W. Murnau. Projet sacrément ambitieux, tout le monde n’étant pas de taille à se frotter à l’un des piliers de l’histoire du 7e Art, ainsi qu’à une œuvre fondatrice de tout un pan du cinéma, cette relecture n’était pas pour autant absurde, le cinéaste ayant démontré dès son premier film une cinéphilie pointue, mais aussi un talent véritable pour repenser cette dernière afin de l’habiter personnellement.
Et si Robert Eggers a momentanément abandonné les canines de Nosferatu, la genèse du projet a de toute évidence été décisive dans la création de son nouveau long-métrage, The Lighthouse, tant l’esthétique de Murnau paraît un des principes actifs du récit. Ce dernier nous immerge au sein de la relation toxique entre un gardien de phare et son apprenti, alors qu’une tempête et des litrons d’alcool leur siphonnent le cerveau, et que de drôles de créatures squameuses se profilent sous les vagues alentours.
Format carré, noir et blanc travaillé jusque dans les infinies nuances de ses différents plans, composition maniaque de la moindre image, toujours appréhendée comme un véhicule de sens… pour qui goûte le cinéma des grands formalistes ou inventeurs surréalistes, The Lighthouse a des airs de pur délire orgasmique. Tandis que Robert Pattinson et Willem Dafoe se régalent de scènes toujours sous perfusion des dogmes bergmaniens (déjà à l’œuvre dans The Witch), la caméra fétichise le moindre objet, la plus petite zone d’ombre, jonglant entre le mysticisme d’un Tarkovski et la poésie inquiétante de Méliès.
Deux loups de mer cuits comme des bulots
C’EST LA MOUETTE À LA MAISON
Bien sûr, l’amateur d’images référencées, à fortiori s’il est sensible au macabre, trouvera ici de quoi se sustenter. Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’un metteur en scène retrouve, par à-coups, par brèves, mais intenses fulgurances, la bizarrerie somptueuse du Carnaval des âmes. Malheureusement, pour séduisante que soit cette confiture et pour tentante que soit la tartine sur laquelle Eggers la répand à chaque instant, elle manque terriblement de personnalité.
« Henry Cavill m’avait bien dit de me méfier des rôles à moustache »
La perversion des personnages semble ne jamais répondre à autre chose qu’un désir de transgression bien superficiel, voire franchement creux (à moins de tenir les performances masturbatoires de ce bon Pattinson pour un sommet de subversion), la mythologie que nous agite le scénario sous le nez ne répond à aucune logique, et manque beaucoup de chaos pour prétendre nous secouer. Dès lors, les coutures du métrage deviennent voyantes, et révèlent par endroit une pure jouissance de la citation, qu’il sera bien difficile de transmettre au spectateur.
Eggers accomplit le contraire d’un Tarantino. Ce dernier cite, mais toujours pour tordre et extraire un sens nouveau d’un motif connu, tandis que The Lighthouse ressemble au film d’un étudiant écrasé par ses maîtres, qui n’envisage même pas de pouvoir tracer un sillon personnel entre leurs glorieuses empreintes. D’où le sentiment mortifère d’assister à un ratage au ralenti, occasionnellement fascinant, qui amène son auteur au même point de néant que son héros.
C’est peut-être là l’aspect le plus intéressant du film : et si avec The Lighthouse, Robert Eggers nous livrait une confession camouflée ? Et si c’était lui, le jeune gardien de phare, plus très sûr de sa propre nature, ou du rôle qui est le sien, mimant une identité de façade jusqu’à s’y dissoudre totalement ?
Aussi plastiquement superbe que fondamentalement prétentieux et pompeux. Dafoe et Pattinson sont géniaux et tiennent sur leur épaules les lourdeurs métaphoriques et le vide abyssal du film.
Willem Dafoe se régale et nous avec, un festin à lui tout seul ce mec!! Génial.
Le film, arty et creux, beaucoup moins.
Pas totalement conquis par ce film néanmoins je le trouve meilleur et plus intéressant que le décevant The Witch.
Beaucoup d’attente et de curiosités avec ce film et pas mal de déception au final. Mais, il y a des moments assez marquants. Si l’idée du cadre carré et du noir et blanc fonctionne au début, elle s’avère au final assez artificielle et peu exploitée. C’est beau, mais cela ne va pas plus loin. Si j’ai été déçu, je ne suis quand même très content de l’avoir vu. Le début du film va rester gravé dans ma tëte pour un bon moment. Le plus dommageable reste la bande-annonce qui donne l’impression d’un film différent.
Dans un esprit tout autre, mais dans un noir et blanc impeccable et bien pensé, en plus de fournir une atmosphère unique, je recommande « La grande frousse » de Mocky. Titre stupide pour un film qui vaut mieux que cela, adapté de « La cité de l’indicible peur » de jean Ray.
Vous auriez pu faire la même critique pour le bien fait maos creux Once Upon a Time in… Hollywood