RICHARD CŒUR DE CON
Eastwood s’est progressivement imposé comme un des derniers tenant d’un grand cinéma classique américain, un artisan de l’épure, maniant un style affirmé, mais toujours dégainé pour mieux aller à l’essentiel. Dans La Mule, il atteignait ainsi un fabuleux niveau d’équilibre entre pureté émotionnelle, emphase et dégraissage. Dans ses meilleurs moments, Le Cas Richard Jewell partage avec ce précédent métrage une puissance évocatrice peu commune.
Ainsi, dès qu’il est intimement connecté à son protagoniste, le film étonne et surprend, notamment dans la finesse avec laquelle le réalisateur parvient à générer de l’empathie pour une figure à tout le moins discutable. Vaguement stupide, moqué et méprisé par ses pairs, Richard est un homme fasciné par l’ordre, à la fois naïf et constamment sur le point d’abuser de son semblant d’autorité. Mais Eastwood donne à sentir les frustrations, les vexations qui président à son existence et comment derrière cet attrait parfois inquiétant pour le badge ou les pouvoirs qui l’accompagnent, se niche un homme en quête de dignité. L’intelligence tranquille que dévoile alors la caméra, sa capacité à dévoiler sans juger, éclairant sans fard les tentatives d’un malheureux pour exister, est authentiquement bouleversante.
Un héros aux airs de bouc émissaire
Dans ses grands moments, Le Cas Richard Jewell tutoie les sommets d’Eastwood. Lors de la confrontation entre l’accusé et son avocat, révolté par l’apparente bonhommie de son client, le cinéaste touche à une pureté dans l’étude de caractère, qui n’est pas sans évoquer la langue d’un Camus, son dévoilement précieux de l’âme humaine, de l’altérité. Cette radioscopie d’un individu moqué justement pour sa candeur, l’artiste la restitue avec un découpage d’une rigueur admirable, qui sait toujours où et comment peser sur la sensibilité du spectateur.
En résulte une narration d’une fluidité exemplaire, un cinéma artisanal comme souvent chez Eastwood, gorgé de l’œuvre de Hawks, qui flatte le cinéphile et propose un dialogue passionnant. Une nouvelle fois, Clint Eastwood délivre une leçon de cinéma d’autant plus admirable qu’elle s’interdit toute esbroufe, usant de la mise en scène comme d’un revolver à un coup, qui ne peut se payer le luxe de rater sa cible.
Un avocat refusant de laisser un honnête homme être broyé par le système
CLINT SE TRUMP
Cette rectitude joue parfois contre le film dans sa seconde moitié, quand il faut chroniquer la spirale accusatoire qui s’abat sur Richard Jewell. On sent bien que l’auteur veut faire de son cas un exemple, de sa souffrance un avertissement. Mais ici, Eastwood est vaincu par le réel. En effet, Le Cas Richard Jewell quand il aborde son versant plus politique, perd en orfèvrerie.
Pour un Paul Walter Hauser doté d’une partition subtile, il faut composer avec celles, autrement plus grossières, de Jon Hamm et Olivia Wilde, tous deux caricaturaux et caractérisés à coups de batte de base-ball. Non pas que cette dernière soit la charge sexiste qu’on a reprochée à son auteur, elle n’en demeure pas moins un personnage étonnamment simpliste, qui partage avec Hamm une sorte de charge négative qui entame en grande partie la finesse initiale du récit.
Une journaliste enfermée dans ses convictions erronées
Peut-être parce qu’en définitive, l’affaire qu’il traite ne lui offre pas tout à fait le matériau nécessaire à sa démonstration (Jewell a été rapidement innocenté, et son traitement par les institutions judiciaires aurait de quoi faire rêver bien des victimes d’errements institutionnels aux États-Unis), Eastwood n’a d’autre choix que de charger la barque. Souligner la forfaiture d’enquêteurs méprisables, ou encore la veulerie de médias transformés en vautours concupiscents tranche radicalement avec la tonalité humaniste du premier mouvement du récit, tout en piétinant les faits.
Car ce n’est pas tant un monologue d’honnête homme qui aura permis à l’innocent d’être blanchi, mais bien un reportage de 66 Minutes, accablant pour le FBI. Une réalité qui contredit si évidemment le projet du film que ce dernier est contraint de perdre un temps fou pour la court-circuiter mollement. Et quand vient l’heure pour le metteur en scène de clore son réquisitoire, une partie de la puissance symbolique du film s’est évaporée.
Bon film belle mise en scène,
La mère pas très convaincante
@masslunar
Peut-être vous crispez-vous pour pas grand-chose.
Eastwood s’est positionné comme républicain, et soutien de Trump. Dans un film qui aborde la question de la vérité et de son traitement au sein des médias, soit un sujet qui aura été central pour la démocratie américaine durant la présidence Trump, faire un banal jeu de mot sur la relative homophonie entre le verbe « se tromper » et le mot « Trump », ça me paraît bien anodin.
Bien que votre critique soit intéressante comme souvent Mr. Riaux, je trouve tout de même les références à Trump assez simplistes voire crispantes quand on voit ce portrait tout en empathie qu’Eastwood fait de Richard Jewell. Eastwood a tordu la réalité, cela se questionne et je suis d’accord sur le fait que certains personnages sont dénués de nuances. c’est vrai mais en quoi cela évoque le trumpisme ? Ce ne serait pas plutôt une simple vision personnelle du réalisateur à l’égard des médias quitte à écorner la réalité pour servir sa fronde ? C’est maladroit mais c’est aussi le cœur du sujet car, même si cette injustice n’est pas aussi grave que d’autres, elle aurait pu se murer en véritable tragédie…
ce film est beaucoup mieux que certains autres nanards comme son film sur Mandela ou l’incroyable film touristique sur l’attentat du Thalys, l’un de ses plus mauvais, avec l’autre film de cowboy septuagenaire dans l’espace, avec thommy Lee Jones ,
J’ai mis le temps à le voir à cause de la petite controverse sur le rajout de la journaliste qui couche avec le mec du FBI qui n’a pas existé en vrai. Et bien, mettant cela de coté (ça me gène tout de même) le film est plutôt bon. C’est du Eastwood avec son style inimitable. Une histoire à peine croyable à la fin de laquelle on se dit, nan met sérieux !!!?
Paul Walter Hauser est excellent.
Première partie géniale, la seconde un peu moins, de par ses ficelles trop grosses.
Mais c’est un très bon Clint.
Par contre le trip pro-Trump de notre ami Simon Riaux est clairement exagéré.
Vu il y a quelques heures.Long et nul.
Ne perdez pas votre temps et gardez vos sous.
Je sort de la salle, on sent la patte de Clint mais il y a des passages poussive exagéré le film aurait pu durer une demi heure de moins. Que dire une vraie histoire ou les faux pas de l’enquête l’ambition des journalistes à l’affût du moindre scoops. Sans son avocat il aurait fini dans le couloir de la mort . Une histoire qui fait écho avec l’actualité au US et en France. Bref une histoire intéressante mais pas un grand Eastwood.
par rapport a la moyenne artisitique des films qui sortent à longueur d’année, un film moyen du Grand Clint (son dernier gros film c’est Gran Torino pour moi) c’est tout de suite une division au dessus du cinoche ambiant,
mais il fait aussi des daubes: le film sur Mandela , son film 15:17, incroyable nanard touristique,
et du tres moyen: la mule, son film Sully,le nanard Hereafter;;;
j’espere que le cas Jewell est plus proche de la mule que du 15;17
Compte-tenu de la manière dont le film tord la réalité pour la rendre conforme à son propos, ce qui est d’une malhonnêteté crasse, je trouve la note et l’article très (trop) bienveillants à l’égard de ce métrage. Je comprend le respect que suscite Eastwood, mais quand la manœuvre est méprisable, le film l’est aussi.