DE L’HORREUR EN BOÎTE
Le film de Josh Boone a franchi la ligne d’arrivée après un long parcours du combattant. La production chaotique a fait prendre deux ans de retard au film, au point où on s’attendait d’emblée, comme souvent dans ce genre de situation, à un énième mollard de studio craché à la tronche des spectateurs. Et c’est presque ça.
Les Nouveaux Mutants a été vendu comme le premier « film d’horreur » de Marvel (bien avant l’annonce du prochain Doctor Strange in the Multiverse of Madness qui flirtera lui aussi avec l’épouvante), malgré un classement PG-13 qui bride d’emblée cette soi-disant transgression du genre. Mais même si personne ne s’attendait à un nouveau Shining ou même quelques sursauts d’effroi, le film de Josh Boone avait clairement de quoi insuffler une ambiance anxiogène à ce récit se déroulant dans une sorte d’hôpital psychiatrique où sont retenus des mutants adolescents contre leur gré.
Malheureusement, l’aspect suffocant du huis clos qui aurait énormément servi le film et ses ambitions horrifiques n’a quasiment pas été exploité, la caméra ayant abandonné l’idée de s’emparer des lieux, se contentant juste de passer d’une pièce à l’autre, sans chercher à resserrer les murs de la clinique ou créer un quelconque sentiment de claustrophobie.
La mise en scène peu inventive de Josh Boone se repose énormément sur la simple apparence des lieux pour créer son atmosphère. L’objectif est braqué sur les longs couloirs vides, le mobilier austère ou encore les peintures aussi ternes et défraîchies que la photographie, sans pour autant en faire un personnage à part entière qui servirait de véritable geôlier au groupe de futurs super-héros, qui aurait pallié la nonchalance et la léthargie d’Alice Braga dans la peau du Dr Reyes.
En plus de passer à côté des avantages indéniables de son environnement (le plus dommage étant les cellules d’isolements où sont enfermés certains protagonistes), le film sacrifie toute la tension qu’il tente maladroitement d’installer à coups de jumpscares prévisibles et autres apparitions maléfiques en images numériques, reprenant la recette du divertissement d’horreur conventionnel. Le sentiment de danger imminent, d’inconfort ou de malaise est donc systématiquement désamorcé avant d’avoir réussi à réveiller l’intérêt du public, tout ça pour vite présenter son bestiaire en CGI peu convaincant.
TROUBLE DISSOCIATIF DE L’IDENTITÉ
À vouloir caler de légers éléments d’épouvante, tout en présentant un groupe de mutants traumatisés et en pleine puberté, le film est inévitablement coincé entre plusieurs genres qu’il n’assume jamais complètement, et se retrouve fatalement sans identité propre, contrairement à Logan (classé R aux États-Unis) qui voulait aussi s’écarter du moule des films de super-héros. Dans ce cauchemar éveillé que vivent Sam (Charlie Heaton), Roberto (Henry Zaga), Illyana (Anya Taylor-Joy), Rahne (Maisie Williams) et Dani (Blu Hunt), le film glisse logiquement vers le teen movie, avec les scènes connues du genre, dont le fameux action ou vérité, les moqueries sur le puceau de la bande ou les crêpages de chignons entre filles.
L’histoire tirée des comics est en elle-même une analogie évidente des troubles liés à l’adolescence, de la découverte d’un corps en pleine mutation à la recherche d’une place dans le monde, en passant par les premiers émois et les premières expériences sexuelles. Un sous-texte à peine effleuré, qui trouvait naturellement sa place dans ses quelques tentatives d’exploration, avant de rebasculer presque obligatoirement dans l’horreur et la baston super-héroïque.
« Tu vas voir qui c’est le puceau »
Ce manque d’homogénéité plombe ainsi considérablement le rythme, alors même que le film ne dure qu’un peu plus de 1h30 (le plus court de la saga), raison pour laquelle il enfonce des portes qu’il ne franchit jamais, faute de temps et de charcutage au montage. Quelques scènes présentées durant la promotion ont ainsi disparu de la version finale et on se doute bien qu’un plus grand nombre encore a dû sauter en post-production à l’exigence du studio.
Malgré tout, entre le film pour ados et le film d’horreur pop-corn, Les Nouveaux mutants ne s’extirpe pas complètement du style super-héroïque, qu’il délaisse dans un premier temps en abandonnant même les sacro-saints pseudos, mais l’embrasse pleinement dans le dernier acte précipité qui reprend le schéma classique du genre.
Un cousin germain de la torche
PERSONNALITÉS REFOULÉES
La plus grande force du film réside donc dans son casting adolescent, notamment Maisie Williams, Anya Taylor-Joy et Charlie Heaton, qui tentent de donner de la consistance à leurs personnages, pourtant handicapés par le montage final du film qui massacre leurs arcs narratifs respectifs. Malgré la tentative de les doter d’une personnalité complexe, les protagonistes restent d’énièmes stéréotypes, dont certains sont carrément éclipsés du récit, à l’image de Sam et Roberto. La matérialisation au découpage épisodique de leurs peurs les plus viscérales ne sert qu’à ranimer l’aspect horrifique du métrage, mais ne sert jamais à les confronter directement aux démons de leur passé pour les faire évoluer.
Le compactage du récit et de ses dialogues est aussi fatal au personnage d’Illyana, garce insupportable et hantée par son enfance martyrisée par d’étranges créatures, dont la nature n’est jamais clairement abordée. Sa souffrance et son traumatisme sont facilement compréhensibles vu la tronche de ses tortionnaires, mais son identité reste nébuleuse, autant que les raisons qui l’ont conduit dans cette situation. Sa violence a également été atténuée, puisqu’elle est d’abord présentée comme une gamine meurtrière et impitoyable, mais se contente tout le long du film de répondre de façon puérile et de pousser les gens dès qu’elle se met en colère.
C’est sûr qu’avec ce genre de story board…
Un des plus grands gâchis du film reste le traitement du Dr Reyes. On devine la dualité qui déchire le personnage, à savoir une mutante et docteure qui exploite ses congénères et donne la mort, mais elle n’est présentée qu’à la fin du deuxième acte, à travers trois pauvres répliques débitées sans conviction. En plus d’amputer les personnages d’un développement narratif, cette trop courte durée brouille le scénario, notamment les passages concernant les employeurs et la compagnie du Dr Reyes dont les agissements sont balancés à l’occasion d’une pirouette scénariste prévue à cet effet.
Les Nouveaux mutants était ainsi plein de promesses et aurait eu de quoi les tenir, si le film n’avait pas été coupé et redécoupé dans tous les sens. L’histoire pourrait maintenant prendre plus de poids et combler ses trous scénaristiques si un deuxième volet voyait le jour, le plan initial du réalisateur étant de pondre une trilogie. Avec les mentions faites aux X-Men et leur future introduction dans le MCU, les mutants de Josh Boone pourraient tout à fait refaire surface, et incarner pleinement la nouvelle génération qui pourrait sauver la franchise.
Le film partait mal déjà en s’écartant totalement du comics des 70’s : la manière dont les Nouveaux Mutants découvrent leurs pouvoirs est faible, très faible ; et le casting est nul : Magik n’est pas présente dès l’origine et est sensée être une mutante ayant grandi de force ds un monde démoniaque qu’elle a conquis, la rendant très puissante mais aussi très instable. Solar est un Brésilien Métis NOIR ds le comics qui découvre son pouvoir en tabassant un ado de son âge qui l’a frappé et traité de « sale nègre » ; il est tiraillé entre son père noir riche et corrompu et sa mère blonde morte. Rocket est un redneck timide devenu super pote de Solar, très extraverti. Dani Moonstar est un Native américaine TRÈS fière de ses origines et solitaire qui n’a comme amie fusionnelle que l’extrêmement timide Rahne. Ces ados étaient tous tiraillés par des tourments intérieurs forts et par l’adolescence mais essayaient malgré tout des héros sans y parvenir tjrs. Le film ne montre pas du tt ça.
Ce film est un accident industriel.
Et accessoirement révélateur de notre (triste) époque : ai vu ce « film » en Novembre dernier…c’est dire l’enjeu de ce film tant pour sa carrière et l’intérêt du studio pour son propre…produit.
Rien de plus à dire, mais ça en dit déjà beaucoup…
En fait perso je trouve pas le film mauvais, je le trouve surtout hyper frustrant
Parce que beaucoup de moments flirtent avec l’horrifique et on sent que le film voulait s’orienter la dessus au départ
Et bordel y avait de quoi faire dans l’horrifique … pour moi c’est clairement un rdv manqué, on aurait pu avoir un vrai film frissonnant au pays des mutants
Au lieu de ça, on a eu un film qui n’ose pas, qui ne se positionne pas et qui au final détruit tout ses enjeux dans une hésitation de genre juste suicidaire (teen movie ? Thriller psychologique ? Film de SH ?)
Dommage, si ils étaient allé au bout de leurs idées ça aurait pu accoucher d’un super film
« Ce blockbuster fauche et sans ambition »
Je n’aime pas trop ce ton condescendant pour un film moyen mais pas déshonorant.. très Inrocks en fait genre je te prends de ma hauteur de critique dépositaire du in et du out
Le casting est pas trop mal à la base, mais c’est vraiment faible, très faible.
C’est pour des films comme ça que l’avance rapide a été créée. C’était mauvais de bout en bout.
Bien avant qu’il decide d’en faire un film d’horreur j’avais toujours pense que Chris Claremont s’etait inspire des films d’horreur et des legendes hurbaines de l’epoque : »le loup-garoup de Londres », « Hurlement » « les griffes de la nuit » pour les pouvoirs de Dani Moonstar et » l’equipee du Canonball » pour ceux de Sam Guthrie alias Rocket ou Canonball en VO.
un film traite de nul aujourd’hui peut etre traite de chef oeuvre demain car le veritable mot cle dans le succes n’est pas beaute mais familliarisation. Quand Dysney et le MCU ferons 1 autre version des nouveaux mutants on vera beaucoup de detracteurs du film actuel dire qu’il sera meilleur.
vu hier
c’est un des meilleurs film marvel que j’ai vu
Encore un film dépecé par la critique avant même sa finalisation, et encore un film, certes pas ouf, certes bourré de défauts, mais largement plus regardable et sympa que d’autres bouses que vous idolatrez.
un film bien pensé, plein de bonnes idées, avec un scénario qui marche nickel sur le papier. Tous les ingrédients sont là…. mais la sauce ne prend pas.
La faute à un rythme trop poussé qui ne nous laisse pas assez découvrir les lieux anxiogènes, qui balance ses éléments scénaristiques sans avoir le temps de le faire de façon naturelle, et la mise en scène qui ne va jamais prendre le temps de faire naître une vraie peur. Le dénouement est expéditif et mécanique, comme si le scénariste n’essayait plus de s’approprier les clichés du genre, il les récite tels quels.
Bref, j’ai beaucoup apprécié l’idée du film. Mais je suis déçu du résultat. Ce film a besoin d’un remake (ou d’un director’s cut, si ça permet de l’améliorer)