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Godzilla vs. Kong : critique grosse et bête

Par Simon Riaux
11 juin 2023
MAJ : 16 avril 2024
52 commentaires

Jusqu’à ce que Gareth Edwards réconcilie box-office, critique et ambition artistique avec le radioactif saurien en 2014, Godzilla semblait interdit de séjour aux États-Unis. Mais son succès, à l’heure des franchises et des divertissements turbo-destructeurs, ne pouvait qu’engendrer suites et déclinaisons, rapidement désignées sous le patronyme de MonsterVerse, et dont Godzilla vs. Kong fait partie.

photo

PUTAING KONG !

Quel chemin parcouru en moins d’une décennie. Après l’ouverture résolument grave et ténébreuse d’Edwards et deux films de transition (Kong : Skull Island et Godzilla II : Roi des Monstres), nous voici rendus à Godzilla vs. Kong, choucroute gonzo résolument fluo, à la promotion décomplexée nous promettant un match de catch entre deux grosses bébêtes, icônes du cinéma vénérées depuis des décennies.

Et à bien des égards, Warner a mis les petits plats dans les grands. Ce qui frappe tout d’abord, après des années de super-productions super-héroïques aux finitions souvent douteuses, c’est le soin apporté globalement aux effets spéciaux et à la direction artistique. 

 

photoUn monstre au poil

 

Godzilla vs Kong n’est quasiment jamais pris en défaut techniquement, et l’amateur de grand spectacle pourra se rincer les rétines comme rarement. Modélisation, texture, précision des modèles 3D, complexité des interactions, plans alambiqués surlignant l’omnipotence des giga-belligérants, tout ici est un pur régal. Passé par la saga Transformers, mais aussi Unstoppable ou encore No Pain No Gain, le chef opérateur Ben Seresin parvient d’autant mieux à habiller l’image que personne n’a eu la “bonne” idée de chorégraphier les joutes au milieu d’une tempête, pendant une éclipse, après une panne de courant. 

Tout ce petit monde a d’autant plus les pattes libres que le scénario s’efforce de ne pas s’attarder en tunnels de dialogues et autres enjeux artificiels, sans doute conscient qu’il vaut mieux proposer une intrigue qui traite les lois de la physique avec moins de respect qu’un teckel la cheville appétissante de sa maîtresse fraîchement décédée. Tout va donc vite, si bien qu’en moins de deux heures, le métrage achève de délivrer sa grosse bagarre à un rythme soutenu, épargnant les neurones du spectateur, ou les martyrisant juste ce qu’il faut. 

 

photoGodzilla se jette à l’eau

 

ADAM RINGARD

Bien des éléments étaient donc réunis pour que Godzilla vs Kong s’impose comme une orgie de rénovation urbaine sauvage. Malheureusement, tous ces ingrédients barbares se voient confiés à un cuistot bien en peine de les accommoder. Adam Wingard est sur un terrain aux antipodes des modestes You’re Next et The Guest, qui le firent remarquer, et comme dans Blair Witch puis Death Note, il se prend les pieds dans le tapis de son concept. Concrètement, son film devient l’affrontement de deux titans sous les yeux d’une douzaine de personnages ayant fraîchement éternué leurs cerveaux. Un dispositif dramaturgique qui exigeait de choisir à quelle échelle narrer son histoire. 

 

 

Fallait-il se reposer sur les volumes de son bestiaire pour en capturer limpidement les châtaignes cosmiques ? Rester sur le plancher des vaches pour démultiplier le gigantisme, et donc l’impact ? Wingard ne choisit jamais, et passe constamment d’un référent à l’autre, sans aucun connecteur logique. Le résultat, malgré ses prouesses techniques, est rapidement chaotique, et annule la plupart de ses effets, puisque toute idée de proportion s’efface.

Dès lors, comment s’intéresser à un combat de géants si jamais le spectateur n’en ressent jamais franchement les dimensions babyloniennes du duel ? Le constat est d’autant plus cruel qu’entre deux peignées génériques, les colosses sont par instants magnifiés au détour de plans superbes et composés. 

 

photo, Kaylee HottleLes produits dérivés, c’est plus ce que c’était

 

La même indécision règne du côté des humains, qui occupent l’essentiel du film (n’espérez pas voir Kong ou Godzilla plus d’une vingtaine de minutes à l’écran). Rebecca Hall et Alexander Skarsgård font ce qu’ils peuvent, mais la première poussant dans une direction très premier degré, et le second vers une sorte de borborygme nanar, les deux excellents comédiens se retrouvent curieusement mal assortis.

Même les combattants monumentaux sont traités avec je-m’en-foutisme tant leur caractérisation manque de chair (le gros singe chougne parce qu’il est sensible, le gros lézard se gondole parce qu’il est méchant) achevant de plonger le film dans un bourbier d’indifférence.

 

Godzilla vs. Kong : Affiche française

Rédacteurs :
Résumé

Budget confortable, moyens techniques opulents, bestiaire culte et scénario décomplexé, Adam Wingard avait tout pour nous offrir une orgie totalement monstrueuse. Sauf peut-être l'ambition et ce que le sujet requiert de talent.

Autres avis
  • Mathieu Jaborska

    Miraculeusement plus influencé par les empoignades rigolotes de la version de 1962 que par le sérieux des deux précédents opus, Godzilla vs. Kong sacrifie volontiers ses enjeux humains et sa cohérence sur l'autel d'un spectacle régressif inespéré. Dommage toutefois que la mise en scène ne suive pas toujours.

  • Alexandre Janowiak

    Bête et trop rarement amusant, Godzilla vs Kong jouit tout juste de quelques séquences de bastons divertissantes et d'une esthétique plutôt élégante. Trop peu pour servir un tel combat de mastodonte qui méritait mieux.

  • Geoffrey Crété

    C'est grave si j'ai trouvé ça amusant et visuellement excitant, entre les néons absurdes des grandes villes et le voyage au centre de la terre version Space Jurassic Park ? Je ne pense pas.

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Flo1

Une tonne de monstres, c’était trop.
L’exécutant Adam Wingard (sympa, mais on ne distingue pas de thématiques particulières dans sa filmo) prépare le combat des chefs, quitte à se montrer incohérent avec le précédent opus :
Pourquoi on est dans un total look techno SF maintenant ? Avec des engins anti gravité, des robots géants et de méchants industriels bêtement cupides ? Peut-être parceque les kaijus ont amené une ère de prospérité…
Pourquoi on traite à nouveau ces créatures comme des animaux, alors que ce sont plutôt des êtres divins ? Où sont les scènes manquantes (la capture de Kong, le fils Serizawa…) ainsi que les acteurs coupés au montage ? Pourquoi garder des acteurs qui n’ont plus grand chose à jouer ? Pourquoi on est devant du Emmerich vilain post années 2000, avec l’inclusion d’un comique conspirationniste (la terre creuse, Maguffin sans limite ni sens) ?
Parce que… ça a déjà été fait au cinéma sans poser trop de problèmes, on y est habitué, donc c’est refait. Pas de façon très équilibré, comme c’est le lot de beaucoup de films montés sous protocoles pandémiques.

L’important étant que les deux gros vont se foutre sur la gueule comme si on était chez Walter Hill, sans rien avoir à foutre des civils. En trois manches, plus une en équipe…
Ainsi qu’avec une bonne dose d’anthropomorphisme délirant pour Kong (il échappe à une explosion comme John MacClane, il se remet en place l’épaule comme Martin Riggs – même le générique de fin le crédite)…
Le gorille, à qui Wingard a filé sa barbe, devient la vedette principale (identification de la part d’un auteur !?). Il est Superman, le précurseur plus empathique, tandis que Godzilla est Batman, le vicieux aux pointes diaboliques.
Éventuellement on va aussi y critiquer la dépendance à la Technologie IA, et la masculinité toxique… mais là c’est extrapoler un peu loin.
Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse.

Mhijazi00

C’est le meilleur film Godzilla vs Kong j’espère qu’ils vont ont sortir un en 2022

King Godzilla

Bon. Qu’as-tu encore fait Warner ? Parce que, autant ce film n’est pas la dernière des daubes, autant ça aurait pu être tellement mieux. Et surtout, pourquoi Adam Wingard ?
Bref. Tout d’abord, on doit rendre à César ce qui est à César, c’est visuellement impressionnant. Si j’imputerais plutôt ça aux SFX de Weta et à la photo de Ben Seresin qu’à la réal de Wingard, je dois admettre qu’il n’est pas le dernier des manchots (ce n’est pas Steven Spielberg, mais ce n’est pas Brett Ratner non plus). Mais Bon Dieu que c’est mal écrit, ah bordel ! Attends, j’oubliais, bah c’est pas écrit. Je ne rigole pas, c’est la seule explication, pas possible autrement : les perso sont carrément transparents (même plus fades que dans KSI, transparents !) et on passe plus d’une scène à l’autre qu’autre chose. Et si au moins on avait pas ce ton cartoon et délirant, ça irais. Mais non. Enfin, p’t*t point subjectif : je trouve que Godzilla est super mal exploité. On le voit pas et niveau trahison, c’est pire que GINO. Là on est au niveau Zilla, c’est pas possible que Godzy soit aussi con ! Car on viendra pas me dire que le roi des monstres autoproclamé serait suffisamment épais pour ne pas griffer Kong dans l’eau et fermer les mâchoires dans le vide comme un débile et qu’il se ferait berner par un truc aussi simple que « faire le mort ». Il a vous senti depuis l’autre bout du monde, d’où il vous manquerais à deux mètres ! Et le pire, c’est à Hong Kong : à chaque fois qu’il charge son souffle atomique, il est toujours trop lent pour la hache de Kong, il ne l’arrête pas à temps avant qu’il lui taillade la cuisse, se fait prendre bêtement dans le dos et ne le tue pas quand il en a l’occasion ! Sérieux ! Et je vais passer le fait qu’il passe de sauveur à destructeur en deux secondes comme un méchant Alpha, rôle qu’est sa fonction dans le film. Et je vous vois venir : dans les originaux, il commençait méchant et devenait gentil et plus humain en PLUSIEURS films. Ici, en un film, il passe d’Iron Man à Thanos ! On le traite comme un méchant de cartoon, c’est pas digne de lui ! Surtout, il est moins humain : dans les deux Godzilla, il était fait en performance capture par T.J. Storm. Ça lui donnait des expressions un minimum humaine : ici, il est intégralement en SFX, regardez la page Wikipédia ! Pas d’acteur, rien ! Et, d’accord, il est théoriquement vainqueur, mais il se fait éclater par Mechagodzilla après, ça s’annule ! Et ça aussi, parlons-en : dès le premier coup de poing du Mécha, il le mange comme un Bleu et est KO au sol. Ensuite, il se fait plaquer dedans et contre les immeubles sans broncher. Il lui écrase la tête de son pied, le traîne à terre et il fout rien. Steven Seagal a plus de réactions que lui, c’est un comble ! Il faut qu’il essaye de lui briser les mâchoires pour que Zilla fasse autre chose que rugir bêtement et rester là sans rien faire, Nom de nom ! Et dès qu’il aide Kong, ce dernier lui remercie … en déclenchant une salve de tir de Mechagodzilla. Allons, tous en cœur : Merci patron, merci patron ! Quel plaisir de travailler pour vous !
Bref. Après Fodzilla (Fake Godzilla, comme Fietro pour Pietro), se fait ramasser de trois coups de poing plus évitables les uns que les autres, se fait (Surprise!) plaquer contre un immeuble avant que Kong le sauve, avant de se ramasser à terre et de charger sa hache de son rayon (bizarrement, bizarrement hein, ça marchais pas les deux premières fois) et de faire ENFIN quelque chose en l’aidant (à moitié, Kong fait le reste) à défoncer le Mécha. Et au moment où je pensais qu’il allait se venger, que dalle. Il se casse sans cérémonie, fin !
Bref. Quoi conclure : Fodzilla l’usurpateur a semi-gagné à la Pyrrhus de chez Mechagodzilla (Merci patron, merci patron ! Quel plaisir de travailler pour vous !), Kong à été sauvé de chez le deus ex machina hache & bière, Apex est vaincu et Monarch joue aux cartes avec le final entraîneur de Friday Night Lights VS concierge de John Wick. Quel film, mesdames et miesseurs ! Donnons-lui un Razz…pardon, un Oscar pour cette incroyable performance ! Attendez, on me dit qu’un honneur sera créé pour lui : l’Oscar du film le plus hollywoodien ! Et on me dit qu’il le remporte ! Bravo ! Bravo !
Bon … je me suis sûrement trop lâché au niveau de l’humour cynique matché avec la critique à froid, alors je vais me calmer, respirez profondément et revenir dans la lumière.
Bon. Je ne peux désormais vous souhaiter qu’une bonne journée, en espérant que si vous aimez ce film, je ne viens pas de vous en dégoûter.

La Mouche

Ce film, on dirait du mauvais Marvel, j’ai largement préféré Skull Island, même s’il n’est pas parfait

A440

Un film de commande aux grosses ficelles pour que le public visé (parents avec enfants et adolescents) se reconnaissent dans les personnages. Techniquement très beau et bien fait, une utilisation du HDR stupéfiante sur TV OLED, belle démo technique. Sur le fond, aussi intéressant qu’un film de parc d’attraction où même les héros semblent être tout le long du film tant les véhicules dans lesquels ils sont enfermés pendant toutes les scènes d’action ressemblent à des wagonnets de montagne russe. Joli, époustouflant, drôle au xieme degré parfois mais aussi vide qu’un sachet de popcorn à la fin d’une séance ciné.

[)@r|{

Je ne suis pas un grand fan de Michael Bay, mais il faut reconnaître que le troisième volets de « Transformers » atomise tout côté casse.

« Gojira vs Kong aux pays des cailloux volants » ne m’a pas offert un spectacle digne de ce nom et ne surpasse pas en scènes de destruction massive extrême « La face cachée de la lune ». Donc, pas de grand spectacle. Le film est même très pingre en scènes d’action. [sérieusement]

Quelle déconvenue, c’est terrible d’écrire cela mais ce bousage insipide sans scénario se résume à sa bande-annonce et c’est tout ! La scène du porte-avions [bof] et la trop courte scène finale.

Pour conclure ; je dirais que c’est tout un Art de vendre du vent.

Ciao a tutti !

Aurélie

Ça dépanne quand il y a rien d’autre.
Y aura-t-il une vraie sortie pour « The Northman » avec le même Alexander Skargård et Willem Dafoe ?

Marc

Godzilla VS Kong ont est au niveau 0 du scénario il en a pas c’est un prétexte débile pour faire un fight contre Kong et Godzilla…et je vai spoiler  »Attention Spoiler  » un Mécha Godzilla à la toute fin du film ! mais c’est nullissime 😉 malgré ces visuels bluffant .
Mais c’est juste mauvais un nouveau genre de film le film w*f

Pec78

@zohac

J’ai essayé de te rendre ton Godzilla de 2014, mais je l’ai pas trouvé… J’ai cherché pourtant, mais je ne l’ai point vu. Y’avait Godzilla dans Godzilla 2014 ? Ah oui, c’est ce fameux grand film qui ellipsait joliment toutes les bastons, et où le gros lézard apparaissait même pas 10 minutes sur plus de 2h de métrage ?!! Ah oui, moi aussi j’ai adoré ce Godzilla sans Godzilla. Manquait plus qu’une petite vanne de Jeff Goldblum et c’était la perfection assurée.

La bollee

Très bon divertissement.
On ne s’ ennuye pas !