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Chaos Walking : critique qui court à sa perte

Par Raphaël Iggui
24 août 2021
MAJ : 22 mai 2022
25 commentaires

Chaos Walking est désormais disponible sur Amazon Prime Video.

Le « chaos sur pattes » ; un titre des plus édifiants quand on connaît sa gestation houleuse. Un tournage commencé en août 2017 censé se terminer en novembre 2017. Des projections tests négatives et des reshoots planifiés pour avril 2018 repoussés à avril 2019 à cause des agendas de Tom Holland et Daisy Ridley. Des reshoots qui se feront d’ailleurs sans Doug Liman mais avec Fede Alvarez, réalisateur de Don’t Breathe – La Maison des ténèbres, et le remplacement d’un réalisateur en cas de reshoot est généralement un énorme warning (même si Rogue One : A Star Wars Story a prouvé le contraire). Et s’il devait sortir au cinéma en France malgré ses galères, Chaos Walking est donc sorti en VOD dans un immense silence. Alors ça vaut quoi ? Attention spoilers !

Photo Tom Holland, Daisy Ridley

Chaos Watching 

Chaos Walking n’est pas aussi ignoble qu’il y paraît. Il est d’une banalité affligeante, presque insultante quand on sait le matériau qu’il avait à portée de main, mais le film est plus bête que méchant. La mise en scène est inexistante, purement illustrative comme si Doug Liman et Fede Alvarez avaient perdu un pari et devaient tout filmer en champ-contrechamp basique. Elle ne transcende jamais l’action, ne crée jamais d’enjeux et se contente d’enchaîner les scènes et les péripéties comme autant de vignettes interchangeables.

À ce titre, la seule rencontre du film avec un Sparckle (l’espèce extraterrestre ennemie des humains) est un exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire dans une scène de corps-à-corps : shaky cam, montage ultra-cut, enchaînement très peu lisible… Le fait que l’action se déroule dans un paysage plus proche de la Normandie de 2005 que du nouveau monde de 2257 n’aide sans doute pas à la rendre efficace.

 

photo, Tom Holland« Un dépaysement total à seulement 1h30 de Paris« 

 

Ce nouveau monde, on ne prend d’ailleurs jamais le temps de le découvrir. Pourtant, le film adopte une approche qu’on pourrait qualifier de bienvenue. Au lieu de fourrer toutes les informations dans le bec du spectateur dès le début, il le laisse venir à la rencontre des enjeux qui structurent l’univers où évoluent les personnages. Une idée intéressante pour immerger et ancrer le spectateur plus profondément dans l’histoire. Sauf qu’en parallèle, le film bouleverse toutes les étapes de l’ouvrage pour organiser une course-poursuite affreusement molle où le moment le plus épique est la mort du chien de Tom Holland (oui, on avait prévenu qu’on spoilerait). 

C’est simple, l’histoire semble filer à mille à l’heure sans jamais que vous vous sentiez concernés par ce que vous voyez. Toutes les idées présentées ne seront ni approfondies ni étoffées et une majorité des rebondissements sont passés à la trappe ou tellement retravaillés qu’ils en deviennent artificiels. Dans le livre, Todd rencontre Viola (Daisy Ridley) après avoir dû fuir son village suite à la découverte d’un endroit sans Bruit qui pourrait le mettre en danger. Ici, à peine le vaisseau crashé, Viola se fait pincer en train de chaparder dans Prentiss Town et Todd tombe par hasard sur son campement dans la forêt, 20 minutes après. Le concept du Bruit (et son rôle dans le film) illustre à lui seul, le ratage.

 

photo, Tom Holland, Daisy RidleyLa fameuse bruine normande

 

Beaucoup de Bruit pour rien 

Dans La voix du couteau, premier volet de la trilogie de Patrick Ness, le Bruit désigne le flux de pensées ininterrompu que chaque individu de sexe masculin émet en permanence et que tout le monde peut entendre. Seules les femmes n’émettent pas ce fameux Bruit. Oui, vous voyez les énormes ficelles auxquelles se balancent le scénario, le genre du young-adult restant un genre très balisé. Au lieu d’exploiter les possibilités d’un tel concept, le film décide d’en faire un pauvre ressort scénaristique visiblement trouvé dans un matelas de décharge, en plus d’une modélisation toute moche.

Le Bruit devient un halo entourant la tête du personnage en permanence, sorte de nuage de produits chimiques de poche. Les effets spéciaux ne sont pas médiocres, évitant l’aspect paint et on s’habitue vite à la présence de ces effluves. L’apparence du Bruit est moins dérangeante que son impact sur le film. C’est simple, on ne comprend jamais vraiment ni le fonctionnement ni l’origine du Bruit qui touche également les Sparckles.

Les personnages sont parfois en contrôle du Bruit, parfois non. Parfois, il semble être une émanation de la conscience des individus parfois une entité à part. Parfois il semble  être un Jiminy Cricket sous Tranxène, parfois un enfant de 8 ans cocaïné. Un constat d’autant plus amer quand on voit les sujets et les idées de mise en scène que pouvait apporter un tel concept.

 

Photo Tom HollandUn feeling de flaque d’essence

 

Dans la relation entre Todd et Viola, le film se contente de rester sur les terres de l’adolescence émoustillée, avec Todd se demandant à de multiples reprises si Viola va l’embrasser (spoiler : non). Idem dans la relation entre le maire Prentiss (Mads Mikkelsen) qui maîtrise son Bruit au point d’en tirer des pouvoirs et le prêtre Aaron (incarné par David Oyelowo) dont le Bruit tonitruant révèle une foi de plus en plus aveugle.

Bien qu’on soupçonne une alliance perverse entre politique et religion, elle ne dépasse jamais le stade des regards entendus et autres répliques cryptiques. Idem pour les Sparckles, cette espèce native de la planète baptisée « Nouveau Monde », présent à travers le personnage de 1017 dans l’ouvrage. Sacrifiée sur l’autel de l’efficacité narrative, leur présence se fait à peine ressentir si ce n’est au détour de quelques répliques et d’un mauvais pugilat.

Enfin, les questions des relations homme-femme et des stéréotypes de genre bénéficient d’un traitement à la hauteur du reste. Le principal point de crispation entre Todd et Viola étant le fait qu’il aimerait qu’elle reste parce qu’elle est magnifique. Dans un des flashbacks, Todd enfant reçoit un couteau et dit littéralement : « J’ai toujours voulu un couteau, comme un homme » (véridique). La subtilité d’un Bigard sur TPMP qui gâche le regard porté sur plusieurs thématiques qui méritaient un meilleur traitement, surtout au vu de la liste d’interprètes.

 

Photo Kurt Sutter, Demian Bichir, Tom HollandRespectivement Poils, Marcel et Sueur

 

Les randonneurs à Saint-Tropez

À une époque de remise en cause des structures patriarcales et des stéréotypes de genre (on vient de perdre 50% de l’audience de l’article), le film avait clairement une carte à jouer. Une communauté uniquement composée d’hommes où les jeunes garçons sont élevés dans un environnement dominé par la testostérone, il y avait matière à disserter sur les valeurs de virilisme, de dureté, de méfiance naturelle… inculquées dès le plus jeune âge et finalement confrontées à une autre vision en la personne de Viola. De plus, le fait qu’elle n’exprime pas sa pensée à haute voix aurait pu installer une méfiance et obliger chacun des personnages à sortir de sa zone de confort.

Ici, Todd se fait la réflexion pendant une fraction de seconde puis passe à autre chose, sans doute obsédé à l’idée de pécho. Même constat pour l’alliance entre politique et religieux pour maintenir un pouvoir en place sur la base de manipulations. Le film évacue d’ailleurs toute l’ambiguïté morale de la tuerie massive de femmes dans le village pour mieux l’attribuer au pouvoir de Prentiss, seul responsable finalement (c’est pratique). Un gâchis d’autant plus incroyable que le casting avait largement les épaules pour porter un tel film.

 

Photo David Oyelowo« Je vous entends mal, j’ai de la friture sur la ligne »

 

Bien que la saga Spider-Man essaie de nous faire croire le contraire depuis des années, Tom Holland n’est plus un adolescent depuis longtemps, et encore moins de 13 ans. En revanche, sa palette de jeu était idéale pour incarner ce jeune homme à la naïveté apparente, mais élevé dans une perspective darwiniste du « tuer ou être tué ». Daisy Ridley a prouvé qu’elle pouvait porter des héroïnes complexes et charismatiques, même dans un scénario aussi absurde que celui de Star Wars : L’Ascension de Skywalker 

Mads Mikkelsen est l’acteur idéal pour incarner ce maire aux airs de gourou à la violence larvée et aux desseins mystérieux. Cynthia Erivo est des plus crédibles en cheffe – pilier d’humanité de sa communauté et l’absence d’une vraie confrontation est d’autant plus dommageable. Enfin, mention spéciale à David Oyelowo en prêtre d’apparence calme, mais au Bruit tumultueux, dont la dernière réplique dévoile un peu de ce qu’aurait pu être Chaos Walking.

Chaos Walking est disponible en VOD depuis le 26 juillet 2021 en France

 

Affiche française

Rédacteurs :
Résumé

Jamais vraiment mauvais, Chaos Walking laisse surtout l'étrange impression d'avoir vu passer 1h50 sans s'y être vraiment intéréssé et sans avoir compris grand chose non plus.

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Commentaires
25 Commentaires
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Virg

Je trouve ça lamentable que de nos jours on continu de tuer les animaux dans les films juste pour choquer les téléspectateurs. C’est immonde !!!

shivattaque

Pour moi c’est un bon film j’ai passé un bon moment les acteurs sont bon je vais spéciaux correct et l’idée du bruit vraiment génial je trouve.
Juste faire la fin il y a une action du fils de méchant qui ne se termine pas et qui m’a fait bizarre comme quelque chose d’oublier mais tout le reste sur la route et j’ai passé un bon moment.

tom holland

bordaeu

tom holland

je me suis tromper c est 1rue du moulin rouge

Spectatrice

Je déteste le réalisateur il a tué le chien les chevaux le papa et j’ai pas encore fini le film je trouve ça méchant pour les spectateurs c’est quoi ça il ont voulu me faire plus pleurer que Bambi

tom holland

rayan est mon meilleur pote

tom hollan

non je trouve que moi ai ssi j ai un inteer dan le film

tom holland

c set a une heure est demi de toulouse

tom holland

je suis d ingue de rayan darras alors trouver le moi est raporte le moi il habit a semeac a1 rue de l osmonde royal vous serez recompnsez bonne chance

tom holland

moi j ai adore mon film j ecris avec goggle traduction