QUI veut la peau de michael jordan lebron james ?
En 1988 sort Qui veut la peau de Roger Rabbit ? comédie débridée, prouesse technique pour l’époque, qui mêlait prises de vues réelles et incrustations de personnages animés. Récompensé par les Oscars des meilleurs effets visuels, du meilleur montage et du meilleur montage sonore, le film fera pas mal d’émules, comme Cool World (1992) et Richard au pays des livres magiques (1995).
Sentant le filon, Warner Bros. a l’idée du siècle en 1996 : faire d’une campagne de pub tournée par Joe Pytka pour Nike datant de 1992, où Bugs Bunny et Michael Jordan, meilleur basketteur de tous les temps, font équipe sur un terrain de basket, un film copiant la recette Roger Rabbit. MJ est alors dans une période de creux, ayant pris sa retraite de la NBA un an et demi avant, il tente d’y revenir par la grande porte. Un MJ qui veut se refaire un nom, des personnages animés que tout le monde apprécie, un match de basket pour sauver l’univers des Toons, Pytka à la réalisation, et c’est parti pour Space Jam.
MJ tentant de relancer sa carrière
Malgré une production chaotique et des critiques mitigées, le film est un succès. Une suite est même mise en chantier dès l’année suivante. Mais rebondissement : Jordan passe son tour. Les studios font du pied à Tiger Woods, et même à Jackie Chan, mais rien n’aboutit. Space Jam 2 tombe dans les limbes de la Warner, jusqu’à 2015 (comme on le racontait en détail) et sa sortie en 2021.
Space Jam : Nouvelle Ère met donc en scène LeBron James, bon père de famille qui veut transmettre son savoir et son expérience du basket à son fils Dom. Manque de pot, ce dernier n’est absolument pas intéressé par le sport, et veut devenir développeur de jeux vidéo. Au cours d’une visite dans les locaux de la Warner Bros. les James père et fils se font aspirer dans la matrice des studios, une sorte de monde parallèle dirigé par une intelligence artificielle nommée Al-G Rhythm (Don Cheadle cabotin à souhait).
Don Cheadle se prend pour Thanos
Al-G (et non pas Ali G de Sacha Baron Cohen… même si l’idée aurait été réjouissante) est l’IA qui conçoit les scénarios de la Warner (très méta tout ça). Le but de cette IA en kidnappant LeBron est très simple : intégrer le plus grand basketteur de tous les temps dans toutes les franchises de la Warner afin d’avoir plus de succès. On a dit que c’était simple, pas que c’était logique.
King James se retrouve donc projeté chez les Toons, avec pour double tâche de retrouver son fils disparu pendant son entrée dans la matrice, et d’affronter des clones virtuels de stars de la NBA dans un match de basket afin de libérer ce monde du joug d’Al-G Rythm. Space Jam : Nouvelle Ère a donc pour héros le meilleur basketteur de tous les temps (à vous de décider cela dit), dans un monde où il côtoie des personnages animés que tout le monde apprécie, qui doit gagner un match de basket pour sauver l’univers des Toons… Si vous avez une impression de déjà-vu, ceci est tout à fait normal.
Nouvelle Ère n’a de nouveau que son titre. Le film reprend presque point par point le pitch de son modèle de 1996. Scène d’exposition présentant le basketteur, ses exploits et sa vie de famille, puis son arrivée dans le monde des Toons, constitution d’une équipe à même de battre les méchants de service, puis match en lui-même. À la lecture de ces lignes, impossible de savoir si l’on parle de Space Jam ou de de Nouvelle Ère, et le spectateur se trouve face à un produit qui est le copié-collé quasi exact d’un film vieux de 25 ans.
On prend les mêmes et on recommence
Ready player one, two, three…
Remake, suite, reboot, difficile de savoir ce qu’est exactement ce nouveau Space Jam. Avec la même structure narrative, les mêmes (non) enjeux et les mêmes personnages, impossible de ne pas se sentir floué au visionnage du film. Film qui parvient à se perdre lui-même dans son propre lore. Alors que Bugs Bunny remarque avec malice « un match de basket avec des Toons, ça me rappelle quelque chose », faisant le lien avec le premier opus, les règles de cet univers semblent avoir totalement changé.
Michael Jordan était en chair et en os dans le monde des Toons. Or ici, LeBron James se retrouve « toonifié » dans la première partie du film. On notera d’ailleurs que le Toon LeBron est bien meilleur acteur que son alter ego du monde réel, ce dernier faisant ce qu’il peut pour exprimer quelques émotions sans vraiment y parvenir. Et là où MJ vivait ses péripéties dans ce monde animé, dans Nouvelle Ère, ce monde n’est qu’une porte d’entrée vers le multivers de la Warner.
En effet, dans Nouvelle Ère, tout est prétexte à montrer la toute-puissance de la maison mère. Ici, tout n’est qu’étalage du catalogue Warner : Batman, Superman, DC, Harry Potter, Games of Thrones… le réalisateur arrose les spectateurs de références et d’easter eggs jusqu’à l’écoeurement. Chaque plan est l’occasion de placer un personnage déjà connu, un thème musical, ou des costumes évoquant d’autres films.
Si Ready Player One n’avait pas fait l’unanimité auprès des critiques, entre autres à cause de son avalanche d’easter eggs qui n’apportaient pas forcément grand-chose à l’histoire, le film de Malcolm D. Lee passe un cap dans le grand n’importe quoi. Outre la gratuité de certaines références (Mad Max, Orange mécanique), le film n’a même pas de respect pour ses propres personnages. On pense à cette pauvre Mémé, qui se retrouve experte en arts martiaux façon Matrix. Si la blague a pu faire sourire les trois premières secondes, elle est tellement appuyée qu’elle en devient pesante.
Carrie Ann Moss peut passer son tour pour Matrix 4.
Ceci constitue le principal problème de Space Jam : Nouvelle Ère, il ne s’agit pas d’un film, mais d’un long (très long) spot publicitaire de deux heures pour Warner et HBO Max. Il est à la fois un auto-plagiat de ce qu’était Space Jam, et une pâle imitation de Ready Player One. Là où Nouvelle Ère réalise un tour de force, c’est qu’il arrive à rassembler en un seul tout la totalité des défauts de ces deux films. La candeur du premier devient ici une hypocrisie marketing, et l’abondance de clins d’oeil du second est remplacée ici par un véritable gavage d’oie.
Et ce n’est pas tout : outre l’auto-référencement qui confine au ridicule, le pire reste les placements de produits qui ont lieu sans aucune subtilité. L’omniprésence de Nike est telle qu’il est même étonnant de ne pas voir la marque lors du générique de début du film.
Le film de Malcolm D. Lee semble obéir aux pires dérives commerciales qu’a pu produire le XXIe siècle. Sa création transpire l’auto-marketing, l’auto-satisfaction et le culte de la personnalité. Ajoutons à cela les buzz sur les réseaux sociaux, où LeBron James prend un malin plaisir à répondre à chaque critique adressée au film, et à tout le bruit en amont concernant l’exclusion de Pépé le Putois et la révision du design de Lola Bunny. Il s’agit certes d’un problème plus global (petite pensée à Sonic et son changement de design dicté par un bad buzz), mais Space Jam : Nouvelle Ère s’inscrit totalement dans la mouvance d’obéissance aux diktats des réseaux sociaux.
Subtilité quand tu nous tiens.
Bienvenue chez les Looney Thunes
Si le fond est totalement absent de ce film, la forme ne rattrape rien pour autant. Malgré une technique impressionnante, avec un passage des personnages en 2D vers une 3D bluffant lors du match final, ce n’est que de la poudre aux yeux. À commencer par cette bascule vers une 3D en images de synthèse, qui ne se justifie à aucun moment, et qui n’apporte strictement rien au (maigre) scénario.
Montage épileptique, surabondance de couleurs criardes, raccords dans l’axe ignoble, références pseudo-geek erronées (la Game Boy…), faux raccords à la pelle… sont autant de preuves que la réalisation n’est absolument pas maitrisée. Malcolm D. Lee (Scary Movie 5 c’est de sa faute) prouve une fois de plus qu’il n’est qu’un faiseur sans vision globale, et qu’un budget de 150 millions de dollars n’est pas gage de qualité. Si le film n’avait pas eu le label « Space Jam » et LeBron en tête d’affiche, il aurait surement fini en DTV.
Pour Malcolm D. Lee ceci est une Game Boy Color.
Enfin, l’ultime argument qui consiste à dire que ce film est avant tout destiné au jeune public est parfaitement irrecevable. Non seulement Nouvelle Ère n’est pas un bon film pour les enfants, mais en plus, il les prend pour des idiots. Tout d’abord parce que les enfants sont parfaitement incapables de comprendre plus de 90% des références dont la Warner a badigeonné son film (quel enfant de 10 ans a vu Orange mécanique ??). Puis parce que la jeunesse a aussi droit à de bons films. Dreamworks (Dragons) et Pixar (Soul) ont déjà largement prouvé qu’un film tout public n’excluait pas une qualité d’écriture.
Autre symptôme de l’incapacité de la production à faire un film pour enfant : ce pauvre Cedric Joe qui interprète Dom, le fils de LeBron. Il devait sans doute servir à l’identification du jeune public, mais son personnage est si caractériel et désagréable qu’aucun enfant n’aura envie de se prendre d’amitié pour lui… Alors imaginez le sort réservé à un film publicitaire à la gloire de la Warner.
Vu en famille. Mon fils a adoré, comme le premier que j avais aussi beaucoup aimé gamin… ceci explique cela. Après je vous trouve d assez mauvaise foi concernant ce film. Oui c est un reboot ou remake (pour moi c est pareil) donc l idée et les enjeux sont les mêmes, mais j ai ressenti un effort pour ne pas nous refaire le même, façon amazing spiderman, total recall, freddy et j en passe, car beaucoup de choses ont changé. Le méchant, les dimensions toon, réel, 3D, les références warner, le mod jeux vidéo, et au passage il est bien dit qu il s agit de la game boy. Son pote la lui donne car il a reçu la color. Et le jeu dessus existe vraiment, ça m a rappelé des souvenirs. Après oui, le film est fait pour les amateurs de la warner. J ai trouvé amusant de reconnaite toutes ces références en avant comme en arrière plan. Effectivement il y a du très lourd très gros mais il y a aussi du plus subtil. Et c est aussi ce que j ai aimé dans ready player one. Alors oui je suis peux être la cible parfaite pour ce film, bon petit consommateur pas très regardant sur la qualité cinématographique que je suis, et même si je n ai pas été aussi enthousiaste que mon fils après le visionnage j ai trouvé ca plutot ludique et ca m a bien fait passer le temps.
Au moins dans le premier film, ils vont dans l’espace… Voilà pourquoi ça s’appellait Space Jam.
ce film n’est qu’une immense pub pour jouet de 2 heures avec des effets speciaux immonde, un scenario pompé sur le premier, jeu d’acteur affligeant…
Étrange bugs va dans le monde réel et il laisse sa petite copine Lola Bunny toute seul
@Crise2nerf
On ne l’oublie pas, c’est même l’objet d’une partie de la critique. Après, on peut estimer qu’un film destiné aux enfants ne signifie pas qu’on est moins regardant sur les qualités et défauts, surtout quand on compare à des films « pour enfants » mille fois plus intelligents et réussis pour nous.
L’original était déjà une merde, donc pas de surprise …
Par moment vous oubliez le public qui est concerné par ce genre de production.
C’est un film pour enfant, mais aussi pour les parents qui les accompagnent.
Bref moi nous on a passé un bon moment sans prise de tête. Très bon divertissement familial
Dommage !!!J ‘Adore Les TOONS…
Déjà que je n’ai jamais pigé l’engouement pour le premier film!
Alors là, je n’ose même pas imaginer…
Pour une fois je suis de votre avis, ce fut une torture et je préfère de loin la version originel.