INTO THE BOF
Acteur souvent célébré, Sean Penn s’est également illustré derrière la caméra depuis le début des années 90, et en fanfare s’il vous plaît. Son premier effort, The Indian Runner, ayant été dès sa sortie et sa présentation au Festival de Cannes, considéré comme la naissance d’un auteur. Un auteur manifestement désireux de s’inscrire dans la tradition du Nouvel Hollywood, qui vit naître, à la fin des années 60 sur les ruines des grands studios et au lendemain de troubles politiques qui ébranlèrent durablement le pays, un mouvement aussi créatif que remuant.
« Je suis rebelle, alors j’ai une perruque »
Depuis ses débuts de réalisateur, Penn s’en positionne à l’évidence comme un continuateur, thématiquement et plastiquement. Exploration des espaces américains mythiques, réinvention de genres canoniques, à commencer par le western, il se veut critique du rapport de l’Amérique à la ritualisation de la violence et fascination pour la marge, ceux que le système broie ou éloigne. Le cinéaste se sera successivement frotté à toutes ses idées, en revendiquant une mise en scène et un usage de la pellicule tout droits sortis des seventies.
Flag Day ne fait pas exception à la règle, et on aurait tort de le réduire à un geste artificiel, quand il s’inscrit tout à fait logiquement dans la filmographie de son réalisateur. Malheureusement, pour sincère que soit la démarche de Penn, ce dernier ne parvient jamais à trouver le cœur de son récit. “Mon père n’a jamais pu rattraper sa liberté” murmure au spectateur le personnage interprété par Dylan Penn, commentant simultanément le parcours balisé de son paternel et l’échec du film.
SEAN PEINE
Flag Day ne tranche jamais quant à son centre de gravité. Veut-il faire la part belle à cette fille qui devra se construire malgré, contre et finalement avec l’auteur de ses jours ? Ou préfère-t-il donner ses principaux morceaux de bravoure à cette figure du perdant aux désirs insatiables et aux démons voués à le perdre ? Est-ce un portrait de l’Americana, ou son autopsie ? Jamais le scénario ne tranche, puisqu’il préfère égrainer échecs annoncés et renoncement prévisibles, sans jamais que ceux-ci s’élèvent au-dessus du rang de motif désincarné et ce n’est pas le découpage qui pourra l’y aider.
Difficile de voir dans cet entrelacs, parfois totalement anarchique, de gros plans, autre chose qu’un aveu d’impuissance tant l’ensemble échoue régulièrement à poser les bases d’une dramaturgie correcte. Spatialement, humainement, les enjeux se retrouvent éparpillés, renvoyés à une série de vignettes tantôt poussiéreuses, tantôt véritables trampolines à cabotinage. Cette atomisation se retrouve dans l’agencement de plusieurs scènes, qu’on sent à ce point sous l’influence mal digérée de maîtres allant de Cassavetes à Malick qu’il est souvent difficile d’y retrouver le souffle singulier de l’auteur.
La temporalité elle aussi est distendue par un montage parfois lâche, tantôt inégal, quand il ne vire pas au pilotage automatique embarrassant. En témoigne cet usage désastreux de la musique. Sean Penn bénéficiait pourtant d’un matériau exceptionnel, à savoir une tripotée de chansons originales conçues par Eddie Vedder, Glen Hansard et Cat Power (excusez du peu). Le trio a composé une galaxie de balades, rengaines rock, à la fois référentielles et fantasmatiques, qui auraient pu projeter le récit dans un univers mental proche de la fantasmagorie…
LA PRUNELLE DE SES YEUX
Mais le film en use comme béquille structurelle, entre deux ellipses, ou pour raccrocher les wagons entre des séquences disparates, les illustrant platement pour les métamorphoser en clips amorphes. Une valse-hésitation qui préside à l’écriture du film jusque dans sa conclusion, qui voudrait embrasser une certaine tradition tragique, mais qui laisse à ce point place à l’emphase qu’elle saute à pieds joints dans le ridicule qui mutilait déjà The Last Face.
Au milieu de ce fatras, demeure Dylan Penn, dont la justesse sauve parfois des séquences à la dérive, et qui confère parfois à l’entreprise d’inattendus élans de sincérité. L’échec répété du personnage de John Vogel, surligné avec toute l’organique solennité de la pellicule Super 16, fait singulièrement écho aux bégaiements de la carrière du cinéaste ces dix dernières années, mais confère aussi à l’écrin qu’il construit pour sa fille. Une réussite d’autant plus frappante qu’en dépit de la voix-off qui ceinture trop souvent sa performance, c’est bien sur l’émotion qu’elle transmet que repose le peu de cohérence de ce récit dispersé.
Je l’avais adoré dans la série sur le premier vol pour mars, First je crois?
Mais c’est probablement parce que j’ai des daddy issues et que la scène où il court torse nu m’a chauffé. Who knows..
Il est si nul a chier que ça ce mec ? A vous lire c’est violent.
acteur nul, réal nul.
Foutez le au mitard
@Roxy
Pour moi, Sean Penn filme simplement l’histoire vraie, probablement romancée d’un type qui sort des sentiers battus. À sa vision, j’ai même eu l’impression qu’il était neutre ou adoptait plutôt sa cause. Comme c’est une histoire vraie, le final est ce qu’il est, la nature ne fait pas de cadeau mais je n’ai pas vu de fable moraliste. Après c’est toujours plus intéressant de parler du train qui n’arrivent pas en gare, sûrement pour ça qu’à Hollywood la thématique du « maverick » finit dans le tragique.
@sylvinception
Il devient urgent ce rendez-vous chez l’opticien.
Riaux 3 étoiles… il s’est cru devant un Villeneuve movie ??
@Boddicker : le Figaro, c’est ta référence… ou c’est de l’ironie ?? 🙂
(Si votre film est vraiment mauvais, c’était pas la peine de nous faire chier avec votre histoire de vaccin, cher Sean.)
Je suis perplexe…
Pourtant, d’après le Figaro c’est son meilleur film.
Et l’affiche est somptueuse.
🙂
Je suis vacciné contre les réalisations de Sean Penn
@alulu
Si tu te souviens de la fin de Into the Wild, on peut également le voir comme un film au contraire très moralisateur, concernant les gens qui seraient tentés de choisir un mode de vie à la marge de la société et des grandes villes… Pour moi, son dernier grand film c’est The Pledge, et non pas Into the Wild.
Matrix r : surcote sûrement pas, car si lui l’est , alors 80 pour cents des acteurs de sa génération le sont: C ´est un mec qui a pris des risques, fait des mauvaises choix, raté ses 2 derniers films, et alors ?
J ai eu la chance de le rencontrer et humainement, beaucoup de gens devrait le prendre en exemple.
Acteur surcoté dont le talent est aussi lisse que la page blanche d’un écrivain sans inspiration.