Films

One-Punch Man sur Netflix : pourquoi ça reste un anime culte et incontournable

Par Matthias Mertz
15 octobre 2021
MAJ : 2 juillet 2023
7 commentaires

Devenu culte seulement quelques années après sa sérialisation et bien avant d’arriver sur la plateforme Netflix, One-Punch Man est un joyau qui ravira les aficionados de shonen grâce à son animation nerveuse, mais aussi les nouveaux venus ou les habitués à un spectacle un peu plus mature grâce à un humour parodique décapant.

One-Punch Man : photo

JEAN-CLAUDE VAN BEIGNE 

One-Punch Man est une œuvre hors du commun à bien des niveaux. Le premier de ces niveaux est sans doute sa genèse, qui n’a rien d’académique. Elle apparaît d’abord sur le site personnel d’un mangaka autodidacte de 34 ans travaillant sous alias, ONE, depuis 2009. Face au succès instantané d’une œuvre dont la diffusion ressemble beaucoup à celle du phénomène « webtoon », l’éditeur Shūeisha décide de sérialiser One-Punch Man tout en offrant à ONE le soutien de Yūsuke Murata (assistant sur Hikaru no go et Death Note) pour donner une dimension plus professionnelle au dessin, sans jamais en nier le caractère parodique et humoristique.

Lorsque la sérialisation se passe très bien et que le manga est un succès critique et commercial, la production d’une série animée devient naturelle et inévitable. Le studio Madhouse, sommité du secteur s’y colle, et la fin d’année 2015 voit débarquer un anime nerveux et décalé prêt à coller des baffes, mais surtout à recevoir des lauriers. Fait rare dans le secteur de l’animation japonaise, une deuxième saison est commandée, puis diffusée en 2019. Pour en apprécier la rareté, il faut comprendre que de nombreux animes très populaires ne parviennent pas à obtenir une reconduite pour une deuxième saison. Code BreakerNo Game No Life ou encore Air Gear sont quelques exemples de réussites commerciales et critiques qui ne sont pas parvenues à pénétrer le plafond de verre de la rentabilité d’une série.

 

photoThat smile. That damned smile.

 

De quoi parle donc cette oeuvre qui a suscité une adhésion extraordinaire qui l’a amenée jusqu’à Netflix ? Saitama est un jeune homme sans histoire qui goûte à la joie amère de la vie active japonaise. Lorsqu’il échoue à un énième entretien d’embauche, sa rencontre avec un dangereux homme-crabe et un jeune garçon insolent avec un menton « fondu comme un cul » le convainquent d’embrasser la destinée de superhéros. Trois années intenses d’entraînement plus tard, Saitama a endurci son corps jusqu’à devenir une machine invincible, au prix de ses cheveux, qui n’ont pas survécu à l’intensité de l’entraînement.

Il est devenu si puissant qu’il parvient à défaire n’importe quel adversaire d’un coup de poing, le plongeant dans une monotonie totale. Toutefois, sa rencontre avec un cyborg énigmatique nommé Genos et la perspective de devenir un superhéros professionnel et de sortir de l’anonymat semblent le réjouir. Voilà le scénario de l’anime qui a provoqué un raz-de-marée en 2015.

 

photoReactionpic.jpeg

 

DRAGON BALD Z

La série One-Punch Man tire principalement son succès de deux ressorts. D’abord, elle dispose de qualités techniques évidentes (voir les images au sein de cette critique) telles qu’une excellente animation, mais aussi une très bonne bande-son, portée par un rock japonais plutôt traditionnel, mais aussi des sonorités électroniques qui rappellent ce qu’on entendait (et appréciait !) dans Kiseijuu, par exemple. Mais ces qualités ne sont visibles que parce que son scénario et son postulat le permettent.

Et c’est là l’étonnant deuxième pilier de l’anime : son scénario. Oui, One-Punch Man a un scénario qui tient sur une feuille de papier, mais ça lui permet d’aller à l’essentiel. Il ne perd jamais de temps à poser les bases d’une intrigue dont on devine déjà les tenants et les aboutissants. Et mine de rien, ses personnages parodiques et étranges finissent par nous faire nous interroger. Combat après combat, on apprend à connaître et à aimer Saitama pour ses traits d’humour, mais aussi pour sa philosophie qu’il a le temps de développer (puisque tuer n’importe quel monstre lui prend une seconde montre en main).

One-Punch Man raconte l’histoire de Saitama, un héros invincible, mais lassé. Si on n’a aucun doute sur le fait qu’à la fin il va faire de la compote avec le méchant, son flegme est très drôle lorsqu’il est porté à l’écran. Souvent il est un personnage comique enchaînant les gags, mais parfois, il doit agir en héros, et dès lors Madhouse se régale en nous donnant du badass jusqu’à plus faim, et la bande-son peut alors se permettre de faire hurler des guitares, ou cracher des synthés. 

 

photoHumour comme épique, Saitama délivre, et en quantité

 

Génos et son design de cyborg bourré de machineries explosives est aussi un excellent prétexte pour permettre à Madhouse de faire de magnifiques images. Le rendu des explosions des décharges de flammes du cyborg sur le sol, particulièrement dans l’épisode 5 est léché. Ce qui pourrait sembler ridicule tant tout explose sous les coups des personnages devient aussi comique qu’excitant. Les méchants eux aussi bénéficient d’un magnifique design et d’une animation très efficace. De nombreuses scènes prennent le parti narratif, mais aussi visuel de laisser Saitama tester ses adversaires. Dans ce dessein, il les pousse à lâcher la purée et on peut alors assister à une avalanche de transformations, de boules de feu, de combos de coups venus tout droit de Dragon Ball.

Enfin, on a toujours ce doute viscéral, Saitama va-t-il être finalement vaincu ? C’est probablement là l’une des plus grandes forces de One-Punch Man. Si c’est le postulat de l’anime, on est jamais vraiment sur que Saitama est invincible. Chaque ennemi nous fait nous dire « Et si … ? ». Alors peut-être que ce titan gigantesque, ou que ce conquérant de l’espace implacable ne sera pas celui qui le vaincra, mais peut-être que le prochain ? Et quant à Saitama, peut-il enfin trouver la considération qu’il mérite ?

 

photoMichael « Genos » Bay

 

DEUX SALLES DEUX AMBIANCES

Le scénario de One-Punch Man est extrêmement polarisant. Pour certains, il retire tout intérêt à l’intrigue, puisque les différents méchants se présentant à Saitama se font rouler dessus, quelle que soit leur force dans cette première saison. Pire encore : la série est alors fatalement répétitive, essayant tant bien que mal de traverser un plafond de verre qu’elle a elle-même mis en place. Plus gros, plus méchant, venu des mers, des entrailles de la Terre, de l’espace, One-Punch Man explore longuement son bestiaire pour trouver un antagoniste à chaque épisode ou presque à envoyer au casse-pipe, après plus ou moins de péripéties. Alors pourquoi est-ce que malgré tout ça, ça déchire One-Punch Man ?

Parce qu’en fait, One-Punch Man, c’est du catch, et à la fin c’est le gentil qui gagne. Ce qui compte ce n’est pas ce qui pourrait se passer, ce qui compte c’est le plaisir qu’on prend devant la représentation. La narration de cette première saison tourne naturellement autour de Saitama qui gravit les échelons du classement des superhéros. Être mieux considéré, mais aussi rencontrer plus de créatures balèzes en espérant rencontrer un jour un vrai défi. On rigole quand les gens se moquent du caillou qui lui sert de tête, et on frissonne quand il débarque pour sauver les meubles. 

 

photoSaurez-vous reconnaître ce méchant de Dragon Ball maintenant qu’il est violet ?

 

L’oeuvre ne devrait jamais être jugée en tant que shonen, mais toujours en tant que parodie humoristique empruntant des éléments au genre. Elle multiplie d’ailleurs les références à d’autres œuvres comme Dragon Ball (l’ersatz de Piccolo présent dans l’image au-dessus est la première image de la série), Hunter x Hunter (Silver Fang est un hommage assumé à Zenoz), ou encore L’Attaque des Titans (Un méchant au milieu du premier épisode de la saison est un titan avec un design similaire) et Noragami (le design de Sonic est très proche de celui du personnage principal), ce qui renforce le sentiment que le cast est un énorme melting pot d’influences qui devrait régaler tout le monde. 

One-Punch Man c’est l’hommage d’un grand enfant de 34 ans à des séries qui ont bercé son enfance, mais aussi son adolescence. Lorsqu’il en a eu les moyens, ONE a décidé de tous les réunir dans un anime loufoque où son anti-héros flegmatique est tout-puissant. Un énorme fantasme de gosse qui prend vie devant nos yeux et parlera avant tout aux fans de la culture otaku (parce qu’ils parviendront à déceler les références, et parce qu’ils les partagent avec l’auteur), mais aussi aux nouveaux venus, qui devraient bien rigoler face aux situations absurdes dont regorge la série.

 

photoZenoz, de Hunter x Hunter qui a inspiré Silver Fang, à droite dans la première photo

 

One-Punch Man oscille toujours entre un comique potache qui frappe sa tête contre une pierre par pur plaisir et une envie de montrer des vilains musclés se battre avec des héros tout aussi baraqués. S’il est possible de passer à côté et de trouver le matériau de base bête à manger du foin, il dispose d’un énorme potentiel comique et narratif, sans jamais économiser le travail sur l’animation des personnages.

Mieux encore, Madhouse se sert avec rigueur et plaisir de la force aberrante des protagonistes comme d’un prétexte pour envoyer des caisses de testostérone. Cette première saison est légère en termes d’enjeux narratifs, ce qui peut rebuter les amateurs de narrations plus construites et complexes. Au contraire, un certain public sera très heureux de pouvoir regarder l’anime une bière à la main en savourant les quelques surprises qu’il lui réserve.

La saison 1 de One Punch Man est disponible en intégralité sur Netflix en France

 

Affiche officielle

Rédacteurs :
Résumé

À la lisière du shonen, One-Punch Man s'offre des qualités techniques dépassant le genre qu'il parodie au service d'un humour ultra-référencé, mais accessible. Il parvient ainsi à être pertinent en tant que shonen, mais aussi comme divertissement comique.

Tout savoir sur One-Punch Man
Vous aimerez aussi
Commentaires
7 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Soumaya

L’anime était trop bien je sais pas pourquoi il l’on enlevé sur netflix

Le kabyle français

Fantastique., Ce manga me redonne espoir.,,, Saitama en si peux de temps à détrôné , les plus grands combattants tout mangas confondu

darkin

yo

Jojo

La saison 1 est excellente et culte, la saison 2 est lamentable suite au changement de studio !

Jin Chonrei

Je suis fan. Ma plus grosse claque depuis des années. Les musiques sont splendides et les combats hyper-nerveux !!! Le toucher testiculaire de Sonic est mémorable !

os

La 1ère saison est vraiment super mais la 2ème est en dessous, sympa sans plus.
ça vient aussi du manga qui baisse de niveau à partir de l’attaque extraterrestre (et continue d’ailleurs de baisser de niveau encore aujourd’hui).

Par contre niveau graphisme et animation, rien a redire, c’est le top du top.

reth

Un manga passionnant, impressionnant. Quel est le but de sa vie quand il est atteint ? Comment trouver un adversaire capable de vous vaincre ? Avec humour le sujet est absolument passionnant.