cochons les cases
Rob est un exilé. Affublé d’une barbe hirsute, il gagne sa pitance en échangeant des truffes dénichées par sa laie à un riche fournisseur. Mais lorsque son fidèle animal est enlevé, il fait tout pour le récupérer. À l’heure où les rejetons de John Wick se multiplient comme des lapins, un tel pitch fait forcément sourire. La surprise n’en sera que plus agréable pour les spectateurs assoiffés d’action. En lieu et place de la suite de baston vaguement espérée, ils trouveront un récit âpre, mais juste.
Car là où la saga de Chad Stahelski s’amusait volontiers de son prétexte narratif, Pig l’embrasse complètement, pour en faire le point de départ d’une quête presque spirituelle, au cours de laquelle on rentre progressivement dans la tête d’un héros fascinant. Et la violence chorégraphiée attendue laisse place à une brutalité qui tient plus de la rage, d’une colère dont on va vite comprendre les motivations, aussi absurde soit-elle à première vue. Finalement, l’enlèvement d’un cochon est peut-être aussi grave que prétendu par le protagoniste. Et le long-métrage compte bien nous expliquer pourquoi.
D’ailleurs, ce sont les séquences qui entretiennent le mystère de la violence qui marchent le moins. Au milieu d’un récit qui se démystifie tout seul, elles finissent par faire un peu tache. En effet, les scénaristes Sarnoski et Vanessa Block battent rapidement en brèche l’archétype du héros au passé sombre, dont la dextérité est presque surnaturelle. Rob possède bien ses propres armes, mais quand il dévoile son jeu, il est forcé de se dévoiler lui-même du même geste. Et tous les personnages qu’on rattache à des clichés bien ancrés dans le cinéma américain classique en font de même.
Le casting secondaire se défend donc très bien, en particulier un Alex Wolff toujours aussi parfait lorsqu’il est dépassé par les évènements et un David Knell qui démontre l’espace d’une scène clé la variété de son jeu. Néanmoins, c’est évidemment Nicolas Cage qui bouffe l’écran, non pas parce qu’il se livre à l’une de ses performances hallucinées, mais au contraire parce qu’il se force à la sobriété alors que l’on connait son tempérament. On ne pouvait rêver meilleur choix de casting : le comédien correspond parfaitement à son personnage, autant à travers ses réactions (il renferme une créativité folle derrière un visage fermé) qu’à travers sa carrière.
Civilisation accidentée
Stakhanoviste du grand et petit écran, Cage semble s’être volontairement exilé du Hollywood monstrueux, auquel il revient à l’occasion de quelques films d’animation, ici et là. Loin des tapis rouges immaculés, il s’est forgé un petit culte, un noyau d’admirateurs qui le défendent contre les moqueries d’une majorité de méprisants. Avec ce statut, assez unique, en tête, Pig en devient encore plus touchant.
Certes, il est difficile de complètement révéler la beauté du film sans spoiler. Mais se représenter le personnage de Cage comme le punk du monde contemporain, un ennemi de la sophistication mondaine, qui a fini par corrompre ses propres échelles de valeurs, donne une petite idée de son propos. Pig, comme son titre en une syllabe l’annonce, revient sur la générosité des choses simples, grâce à une structure visuelle et narrative dépouillée. Le long-métrage met en scène deux environnements distincts – la campagne et la ville – et un seul microcosme, dont il accentue les ridicules limites en liant son réseau de personnages secondaires.
La famille et la richesse, une mauvaise recette
Les quelques inserts qui ouvrent le film, à première vue dans la grande tradition du cinéma indépendant contemporain, revêtent vite un intérêt plus particulier. Michael Sarnoski filme la forêt comme un espace apaisant, où la richesse nait de l’amitié entre deux êtres vivants bourrus (Nicolas Cage et son cochon, donc), comme un temple de l’essentiel, et la ville comme un enchevêtrement de tunnels souterrains et de faux luxes apparents, qui s’effrite lorsqu’on le malmène un peu, telle une conversation à table, où une voiture de sport un peu trop rutilante.
Jusqu’à une confrontation finale qui achève de détricoter les attendus du film, où la violence est remplacée par le pouvoir de la mélancolie. C’est là que réside sa sensibilité : Rob débarque d’outre-tombe, comme un boulet de canon dans un monde où plus personne n’a les pieds sur terre. Toutefois, il ne ramènera pas tout le monde à la réalité en cassant des bouches, comme dans n’importe quelle série B, mais en laissant transparaître l’humanité de son histoire personnelle.
Une séquence qui rappelle un Pixar (oui)
La manière dont Sarnoski et Block détournent, en connaissance de cause, les codes que toute une frange du public (nous compris) s’apprêtait à retrouver dans leur oeuvre n’en devient que plus pertinente. Rob rappelle à lui seul qu’une belle histoire suffit à ébranler les personnalités. Il fallait oser jouer la carte de l’apaisement avec un tel pitch, et tromper aussi habilement, à dessein, des spectateurs qui en ressortiront pour la plupart agréablement surpris. Y’a-t-il sensation plus satisfaisante ?
ils nous on bien eu en tout cas , on voulais tous que Cage casse des tronches et files des bourres pif et bien non il prends deux raclées et va faire à manger chez un bourge . fin de l’histoire . assez étrangement j’ai apprécié le film hyper poétique c’est un film d’auteur qui avait sa place au festival de cannes . Dommage qu’on nous la survendu comme autre chose que ce qu’il est vraiment car ça reste un film mineur d’où la déception de beaucoup qui du coup passe à coté du message du film
Un des rares films où on est surpris que de la direction que prend chaque nouvelle scène. Ça change, c’est exigeant et ça fait du bien.
@Terryzir
Je ne vois nul endroit dans la critique où ce film est qualifié de chef-d’œuvre.
Il n’est pas non plus coté comme tel.
3,5/5, c’est au-dessus de la moyenne mais sans excès, c’est un bon film quoi !
Ah, ce besoin perpétuel de trouver des raisons de se plaindre…
@Keedz a raison : il vous en faut peu…
Crier au chef-d’oeuvre après chaque visionnage d’un film passable, ça devient lassant.
ce film est une spectaculaire bouse!!!!
Toute cette critique pour une histoire de cochon!!!????
Nom de zeus ! Le cinéma devient vraiment à déplorer
Le film est bon mais ne mérite pas autant de louange où d’étoiles . Nicolas Cage est tellement en roue libre depuis des années que quand il enfin dirigé correctement de façon minimaliste on s’extasie . Je suis pas sûr qu’avec un autre acteur à sa place le film eu autant de bonnes critiques
@Cameron Poe
Désolé mais j’avoue qu’avec un tel pseudo, je doute un peu de ton objectivité par rapport au film et à la prestation de Cage ^^
Un film inespéré parmis tous ces produits fabriqués à la chaîne conçus autour d’une recette narrative simpliste pour enfants attardés. Cage est un mystère mystérieux qui ne cesse de surprendre, en bien comme en mal. Il n’est jamais là où on pense qu’il est et c’est très très rare de nos jours. Je pense que c’est ce qu’on appelle un artiste.
Visuellement somptueux. Atmosphérique, poétique, humble, sobre, simple. Et Cage est parfait.