L’HOMME EST UN LOUP POUR LE VEGAN
Fabrice Eboué a toujours eu une fascination pour les films de serial killer et globalement pour les tueurs en série. Le nom de son premier spectacle, Faites entrer Fabrice Eboué, était d’ailleurs sans équivoque, pastichant le titre de l’émission culte de Christophe Hondelatte (qui fait son apparition dans Barbaque dans une émission parodique). Et s’il a mis du temps à réaliser un long-métrage meurtrier, c’est surtout parce qu’il aime la comédie, loin de la dramaturgie accolée quasi-systématiquement au thriller.
Barbaque signe donc l’aboutissement d’un de ses rêves : coupler son humour politiquement incorrect avec son désir de violence et de gore. En racontant l’histoire de Vincent et Sophie, deux bouchers dont le commerce est saccagé par des militants vegans et qui vont finir par redorer leur boutique en vendant, par inadvertance, la viande d’un vegan qu’ils avaient tué accidentellement (ouais ils sont très maladroits), Fabrice Eboué s’amuse donc comme un petit gosse. Et le public aussi !
Largement influencé par C’est arrivé près de chez vous (référence ad vitam aeternam d’Éboué) et également de Fargo (pour son duo de meurtrier loufoque, mais pas tout à fait sur la même longueur d’onde), Barbaque est un vrai plaisir. Parce qu’en alliant la violence du thriller avec l’humour trash et sans concession d’une parodie, Fabrice Eboué livre une comédie barrée, souvent hilarante et régulièrement mordante. C’est bien simple, le long-métrage n’a pas beaucoup de limites et ne se prive pas de taper sur tout le monde (juif, gros, blanc, noir, riche…).
Évidemment, dans cette liste, ce sont les vegans qui sont en haut du panier puisqu’ils sont au centre de l’intrigue. Et d’ailleurs, quel soulagement de constater que les vannes qui leur sont consacrées sont bien mieux dosées que le vieux sketch tout pété que l’humoriste avait joué au Montreux Festival en 2019 (même si le personnage du beau-fils dans le film est toujours bien trop caricatural).
Jamais gratuit, mais jouant en permanence avec l’immoralité et un cynisme jubilatoire, l’humour du métrage est donc brillamment amené. D’autant plus qu’habilement, Fabrice Eboué renvoie la balle aux deux camps, mettant sur un même pied d’égalité l’extrémisme idiot des bouffeurs de soja et l’égoïsme agaçant des bourreaux d’animaux, s’évitant ainsi l’aliénation d’un camp.
SAIGNANT, À POINT… TROP CUIT
Et s’il continue à être aussi décomplexé humoristiquement parlant, Fabrice Eboué s’en donne à coeur joie dans son exploration du thriller de serial killer. Il joue ainsi à fond la carte de la violence avec une flopée de meurtres, voire celle du gore avec les hectolitres de sang giclant sur les personnages, pour rendre la chasse aux vegans plus crades et vicieuses. Autant dire que les morts s’enchaînent à une vitesse record. Peut-être même un peu trop.
Si Eboué partage avec joie son énergie et son désir de pointer du doigt la « dictature morale contemporaine » ou ladite bien-pensance du politiquement correct, son film manque de son côté de saveur. Comme si le bon vegan tué avec vigueur n’avait finalement pas été suffisamment salé ou légèrement trop cuit pour que les spectateurs s’en délectent. Car les morts ont beau être nombreuses, les mises à mort, elles, manquent tristement d’inventivité ou simplement d’exhaustivité.
Exception faite d’une petite situation sanglante derrière un canapé ou celle d’un obèse cardiaque pourchassé comme un sanglier en pleine forêt (on ne t’oubliera pas Winnie), la chasse est fainéante. Au fur et à mesure, la parodie entre sarcasme et horreur s’enfonce dans sa propre auto-caricature. Elle finit par tourner en rond et se transformer en simple compilation d’un schéma narratif simpliste : tuer, vendre, tuer, avoir peur de se faire choper, vendre, tuer…
Un couple qui retrouve le sourire
Ce manque de rigueur sur le scénario se ressent évidemment dans l’intrigue globale. Alors que tout part d’une action militante de vegans extrémistes, le récit oublie, peu à peu, son point de départ au fil des pérégrinations de son duo Eboué-Foïs. Du moins, jusqu’à son grand final complètement rushé. Il arrive tellement soudainement et ses enjeux ont tellement été abandonnés au cours du voyage que la résolution semble presque sortie d’un autre film – bien moins original et audacieux.
Et c’est dommage, car au milieu de cette difficulté à orchestrer toutes ses envies de cinéma, Fabrice Eboué avait une belle idée : se servir de sa parodie meurtrière pour renouveler le genre de la comédie romantique. En relançant l’amour de ce couple en perdition à travers les horreurs qu’ils commettent (que la sadique Marina Foïs demande surtout), il s’amuse admirablement des codes éculés du genre.
Mieux, il réussit à offrir une certaine tendresse à son couple de psychopathes, voire à laisser le public rentrer en empathie avec eux, amenant une réflexion maline sur nos ressentis et nos éthiques. Et à l’heure où la comédie française ne cesse de brosser tout le monde dans le sens du poil (surtout son public), c’est déjà ça.
@John spartan
Tout comme toi , j’ai une veritable aversion pour le cinema francais , qui s est perdu il y a pas mal de temps .
Les comédies sont devenues idéologiques , et a des années lumiers d un diner de con en terme de qualité et de jeu d acteur.
Il y a tout le temp quelques »sursaut » comme le prenom , il y a quelques années , et je pense que barbaque en fait partie de ce sursaut , de plus en plus isolé certes , mais qui a le merite d exister.
Sinon il y a classico qui vient de sortir sur amazon prime , un film en partie sur marseille mais avec des acteurs parisiens en grande partie , qui devrait confirmer ce dont je parlais dans ma premiere phrase …
Ce film vaut largement le coup d etre vu ne serais ce que pour quelques gags vraiment fendard, et je suis.vegetarien !
J’ai depuis bien longtemps une profonde avertion pour le cinéma français qui ne propose plus grand chose mise à part des pseudo comédies décérébré au rabais.
Quelle ne fu pas ma surprise au vu de la BA, intrigante et plutot drole sur le propos du véganisme dans notre société.
Bref, moi gros viandard que je suis, j’ai beaucoup apprécié.
Fïos et Eboué sont top en tant que couple ravagé par la routine du quotidien.
Une bien bonne comédie satyrique comme on en fait que trop rarement.
J’ai adoré ce film original avec des dialogues percutants (merci Fabrice) et un jeu d’acteurs très convaincant. C ‘est du Eboué tout craché et l’intelligence de cet homme qui sait renouveler le genre me surprend toujours (en bien).
Face à une sorte de « dictature » des Vegan qui veulent à terme nous imposer leurs « goûts », ce film se moque gentiment d’eux mais les « viandards » en prennent aussi pour leur grade.
Bref ce film est une réussite et nous avons la chance en France d »avoir un Fabrice Eboué, un mec bourré de talent.
A ton prochain film Fabrice!
Fabrice Eboué est une référence du cinéma français actuel !
J’au vu Barbaque drôle grinçant .
Tout le film est dans la bande annonce ! une envie de vegan 😉
Je trouve certaines remarques un peu dures envers le cinéma français qui, je pense, a fait preuve d’une grande diversité, que ce soit dans la comédie ou d’autres genres ces dernières années. Je pense à des films comme Mandibule, Teddy, L’origine du monde, Cette musique ne joue pour personne … (cette liste est loin d’avoir un dixième des films français à voir au cinéma cette année)
Contrairement à la bande annonce, votre critique donne envie d’aller voir ce film. Parce que le resucé du sketch lourd sur les veguants casse pas des briques. Là, on a la sensation qu’il y a plus que ça.
A voir plutôt Motel h**l ou nuits de cauchemar, une perle de 1980.
Cheers.
Un must!