HOW TO train your DRAGON
Princesse Dragon raconte la quête de paternité mouvementée d’un dragon, qui l’amène à obtenir trois nouveaux-nés draconiques. Rock et Zéphyr sont deux dragons de pierre et d’air, mais le troisième enfant est différent : Poil, une petite fille dotée d’une grosse tignasse verte, capable de cracher du feu et de planer. Son aspect anthropomorphe déclenche la colère de son père, habité d’une haine des humains et de leur cupidité.
Elle trouve toutefois du réconfort auprès de Princesse, la princesse d’un royaume proche. Leur amitié se complique irrémédiablement lorsque le trésor du dragon excite la convoitise du roi. Lorsque la sorcière qui a donné au dragon ses trois enfants s’en mêle, on ne répond plus de rien.
Le petit Rock gazouille pour notre plus grand plaisir
Vous l’aurez compris avec ce bref résumé : Princesse Dragon aurait peut-être mérité une mythologie plus travaillée et moins fonctionnelle, a fortiori compte tenu de ses qualités techniques. On pourra regretter de ne pas en avoir plus, à l’image de ce qu’on retrouvait par exemple dans Le Peuple Loup, à savoir une grande mythologie irlandaise, nourrie par un contexte historique qui donnait de l’épaisseur au récit. Difficile en outre de ne pas songer à la mythologie extrêmement riche et exotique des projets d’Ankama, qui nous avait offert le très sous-estimé Dofus – Livre I : Julith, dont on imagine qu’il a motivé l’entreprise de Roubaix à changer de stratégie après son échec commercial.
Mais Princesse Dragon a d’autres ambitions, et annonce d’emblée la couleur, en nommant par exemple très simplement les dragons, sorcières et châteaux abritant des rois belliqueux, pour mettre sa structure à nu.
Une noble qui rencontre une sauvage surnaturelle, c’est un peu Le Peuple Loup
KIDS UNITED
Première limitation à garder à l’esprit pour juger Princesse Dragon : ce conte s’adresse à un public très jeune. La seconde, directement liée : sa durée d’environ 1h15, générique compris. Et si on est tenté de comparer le conte d’Ankama aux travaux d’Hayao Miyazaki ou encore à la trilogie de Cartoon Saloon (Brendan et le Secret de Kells, Le Chant de la mer et Le Peuple loup), ce serait injuste.
Princesse Dragon n’est pas « de l’animation compatible avec les enfants mais qui vise aussi les adultes ». C’est au contraire un conte pour les enfants, pensé pour eux, et qui éventuellement sera agréable au visionnage pour les adultes, grâce à ses qualités de production.
Zéphyr ressemble à une brise à côté de son paternel
Cette durée courte, pensée pour maintenir l’attention des plus petits, explique certaines faiblesses, comme le design des personnages, très simple et très classique – à l’exception de Poil. La sorcière Sorcenouille est peut-être le seul vrai faux pas : son aspect funky est intrigant, mais il fonctionne mal dans le récit, tant ses pouvoirs auraient pu lui permettre, si elle l’avait souhaité, de résoudre l’intrigue d’un coup de sorcenouillerie. Elle est autant l’élément déclencheur que la résolution, et compte tenu de son caractère éthéré et de sa présence sporadique, son rôle est confus.
Enfin, Princesse Dragon hérite de son statut de conte pour enfants une narration linéaire très simple. Cette structure narrative classique (aller du point A au point B, avec quelques péripéties entre les deux) vise l’efficacité pure. Les enfants seront donc captivés, pendant que les adultes trouveront le récit sans surprise.
Pour les enfants, oui, mais pas niais ou dénué d’intéret dramatique pour autant
OLD IS GOLD
Mais tout ceci est presque entièrement balayé par la réussite technique du film. Princesse Dragon transpire d’amour, et son animation et son dessin sont les témoins du soin apporté par les équipes en charge de sa production. Le rendu à l’ancienne, en 2D fait à la main, donne un superbe aspect de conte vintage, notamment grâce aux couleurs pastels, aux allures d’aquarelles. A l’inverse d’un Promare, qui avait fait de ses couleurs saturées et de son contraste lourd un aspect prépondérant dans son esthétique, Princesse Dragon choisit l’harmonie, douce et chatoyante.
Le personnage de Dragon a bénéficié d’encore plus de soin. Son modèle étant en 3D, il a nécessité l’aide d’un logiciel pour « colorier » les différentes parties de son large corps. Et les gros plans sont magnifiques, laissant entrevoir le travail minutieux sur les nombreuses nuances de couleurs. L’attention aux détails va jusque dans l’éclaircissement de sa gorge lorsqu’il exhume des gerbes de flammes, elles aussi dessinées et coloriées à la main. Techniquement, Princesse Dragon tient la dragée haute aux standards les plus élevés de l’animation.
Les décors régalent également, tant ils sont variés et fourmillants de détails. Les forêts sont chatoyantes, et les rues pavées de la cité dans laquelle habite Princesse ressemblent aux images de nos vieux contes favoris remises à neuf. Cet environnement de conte ultra-classique peut ainsi se targuer de ne pas laisser le spectateur indifférent tant son traitement est précis.
Voilà pourquoi il faut payer des gens pour faire des flammes, parce que c’est beau
Pomme d’amour
Les oreilles seront elles aussi charmées par Princesse Dragon. Les personnages ont beau avoir un design parfois un peu simplet, ils bénéficient d’un doublage de qualité, et souvent tordant – Fiduval, Albert, Mimi. Et entendre la voix de Dorothée Pousséo est la parfaite dose de nostalgie qu’il nous fallait (qu’il s’agisse de ses nombreuses apparitions dans des dessins animés qui ont marqué son enfance, ou au sein de sa collaboration historique avec Ankama, où elle avait justement joué … un dragon anthropomorphe).
Même réussite pour la musique composée par Pierre-Jean Beaudoin, qui est à la hauteur de l’animation. Le thème du film, Vers la lumière interprêtée par Pomme, est désarmant de sensibilité. Les autres thèmes ne sont pas en reste, et c’est un (autre) gros point fort du film, qui ne verse jamais dans le niais.
Albert, à mourir de rire avec son doublage et son ton de bourgeois suffisant
Les défauts mineurs de Princesse Dragon sont donc finalement balayés sans difficulté par ses immenses qualités, et montrent bien la générosité et la sensibilité du projet. Le design des personnages est un brin simplet ? Le doublage les rend plus vivants que jamais. La narration est linéaire ? Elle ne lassera pas les spectateurs les plus pointilleux, grâce à ses décors riches et son rythme bien dosé.
Par conséquent, noter le film n’est pas simple. La note affichée est celle d’un adulte, pour un film destiné aux plus jeunes. Mais si vous vous interrogez quant à savoir si Princesse Dragon vaut le coup d’être vu avec votre progéniture ou quelque autre jeune chérubin, la réponse est définitivement un oui, de la taille d’un dragon.
Princesse Dragon vole dans les salles obscures à partir du 15 décembre 2021
Je suis allé voir le film avec ma fille et je confirme ce que dit la critique : histoire (agréable) sans surprise mais on en prend plein les yeux. Les décors à la peinture sont sublimes, le dragon en jette, et à une époque où les films d’animation sont en très grande majorité tout en 3D, ça fait du bien. Bref, je conseille vivement.
Hâte d’aller le voir, même si je n’ai pas d’enfant haha Les belles créations animées françaises sont rares, je pense qu’il faut les soutenir sans la moindre hésitation.
Effectivement le mec qui a validé la photo de promo il s’en battait royalement les couilles
@Birdy en vert :
N’hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé ! Si vous appréciez, Le Peuple Loup est tout indiqué pour vous !
Merci la redac pour ce coup de projo sur ce film, j’y fonce avec mon gosse. C’est tellement la pénurie de bons dessins animés…
J’espère qu’ils vont choisir mieux leur photos de promo, car la malheureusement ça envoie pas du rêve (en tout cas pour moi).