MATRIX circonvolution
En 1999, Matrix venait sonner le glas de la fin d’un siècle. Dans un feu d’artifice spectaculaire, le film des Wachowski se posait en parfait reflet de son époque, ouvrant en grand les portes d’un monde-miroir. Une révolution immédiatement avalée et assimilée par l’industrie, qui a transformé cette fable cyberpunk en nouveau piston de la machine du grand spectacle. En l’espace de quelques années, la Matrice était ainsi diluée dans la production mainstream, avec comme triste signal l’échec (relatif) de Matrix Revolutions en salles.
Deux décennies après, le monde a continué à muter. Comme les machines avec les humains à la surface, Hollywood cultive toujours plus, mais rarement mieux les blockbusters. Aucune trêve n’a été négociée avec les usines, qui continuent à assembler des versions modernisées de Star Wars, Jurassic Park, Terminator, S.O.S. Fantômes, Star Trek, Halloween, et autres Batman. Matrix Resurrections débarque dans ce monde d’après, avec la même allure de cadavre remaquillé. Mais contrairement aux autres, Matrix 4 regarde cette réalité en face, et l’intègre pour créer un nouveau miroir.
Resurrections n’est pas une simple suite, un semi-reboot ou un bête remake. Lana Wachowski a imaginé bien plus que ça avec ses co-scénaristes David Mitchell (auteur de Cloud Atlas) et Aleksandar Hemon, tous deux passés sur Sense8. Neo et Trinity sont de retour, mais leur réveil est aussi celui d’une gueule de bois, face à une industrie qui perd complètement la boule. Et a besoin d’être réveillée, comme les humains dans la Matrice.
La lumière au bout du tunnel hollywoodien
METAMATRIX
Matrix Resurrections annonce d’emblée la couleur avec un début sous forme de faux remake du premier film, comme un grand pied de nez à la paresse qui règne dans le circuit des blockbusters. Tout est soigneusement remis en scène sous un autre angle, une autre lumière, avec de nouveaux visages et nouveaux problèmes, pour ouvrir les nouvelles portes du grand cirque factice. Quand un personnage se demande au bout d’une minute « Pourquoi faire du neuf avec du vieux code ? », c’est quasiment la note d’intention du film, et c’est précisément cette idée qui hante les personnages (et les spectateurs).
Rarement un blockbuster aura embrassé et questionné sa condition de produit industriel avec une telle malice, qui confine au troll de haut vol dans certaines scènes. Warner Bros. n’avait cessé de demander aux Wachowski, année après année, de faire Matrix 4 ? Le studio est nommé et visé dans une scène déconcertante, qui lance une roquette sur l’industrie, avec dans le rôle du PDG une version Colgate de Smith. Le merchandising des films a rempli les caisses de tout le monde ? Des figurines et autres babioles sont disséminées dans le décor, et intégrées à l’histoire pour former un sinistre petit musée.
La vie est un long leurre tranquille
Cette vertigineuse mise en abyme sert d’abord d’auto-bilan, pour montrer comment Matrix a été essoré, après être passé à la machine à laver de la pop culture. Mais Matrix Resurrections n’est pas une chouinerie sur les affres du succès ni une critique facile des méchants studios (le film s’attarde même sur la ligne désormais floue entre humains et machines, grâce à des alliances vitales). C’est une réflexion passionnante sur le cycle de vie d’une œuvre et d’un phénomène, qui finit par échapper à ses créatrices, disparaître dans le monde, et devenir la propriété des autres.
Neo-dépressif est l’alter-ego affiché de Lana (et probablement Lilly) Wachowski, qui affronte la difficulté d’un monde post-Matrix, et d’un univers qui s’est refermé en emportant une part d’elle(s). L’étincelle de la résurrection arrive non pas du business froid, mais de la chaleur de nouveaux personnages purs, voire candides, qui incarnent littéralement les fans des héros de la première trilogie ; devenant à leur tour des alter-egos, mais du public cette fois.
Porte-parole des armées du Comic-Con
Ce n’est pas anodin si une scène pivot se déroule dans une salle de cinéma, où le Neo de Resurrections observe le Neo du premier Matrix : les films des Wachowski forment la mémoire collective, des deux côtés de l’écran. Les souvenirs des héros se confondent avec ceux des spectateurs, dans un vertige incroyable où les deux mondes s’enchevêtrent pour se réconcilier. Un peu comme le vieux Peter Pan de Hook, qui se méfiait de ses propres souvenirs, et donc de lui-même, jusqu’à ne plus savoir voler (un autre point commun), l’Élu a oublié. Le public, lui, a probablement perdu espoir face à un retour de Matrix, après une trilogie complétée.
Les seuls à avoir la foi sont les membres du nouvel équipage, mené par le personnage de Jessica Henwick. Eux qui ont trouvé une raison de vivre et ouvert les yeux grâce à Neo, portent encore la lumière de l’espoir. Et c’est probablement la plus belle déclaration d’amour de Lana Wachowski aux fans de Matrix.
b(O)ulet time
Mais Matrix Resurrections ne peut échapper à son propre programme de super-spectacle. Car la révolution visuelle du premier film s’est refermée comme un piège sur la trilogie. D’un côté, les sœurs Wachowski n’ont pas bêtement cherché de nouveaux gimmicks, préférant exploiter les règles établies pour replacer l’attention sur l’histoire. De l’autre, les scènes d’action dantesques de Reloaded (l’autoroute) et Revolutions (l’assaut de Zion) n’ont pas entièrement satisfait le public, qui avait largement boudé le troisième opus.
Où aller à partir de là ? En quête d’une prochaine révolution technique à la Avatar ? Dans le confort d’un recyclage, sous forme de boucle sans fin ? Reloaded et Revolutions avaient confirmé que les Wachowski ne voulaient pas transformer leur trilogie en bande demo, mais Lana Wachowski a conscience qu’elle ne peut échapper aux petits miracles qu’elle a elle-même mis en scène. Resurrections intègre donc cette donnée à l’équation.
Devenu la marque de fabrique de Matrix, usé jusqu’à la corde en l’espace de quelques années, par tout le monde et surtout n’importe qui, l’effet bullet time devient l’arme absolue d’un ennemi dans le film. Dans une scène lourde de sens, il l’exploite à l’extrême et piège Neo (et donc, le public) en retournant son arme contre lui. La liberté exaltante d’hier est la prison infernale de demain. Ou comment réfléchir le succès de Matrix et ses dérives, en termes de cinéma et imaginaire.
Dans la lignée de Reloaded et Revolutions, Resurrections rappelle que l’action n’a jamais été le seul (voire le vrai) moteur de la Matrice des Wachowski. La déception sera sans doute au rendez-vous pour le public venu chercher le prochain stade d’évolution du grand spectacle : Lana Wachowski (qui a réalisé toutes les scènes, sans seconde équipe comme la majorité des blockbusters) ne va pas dans cette direction.
Bastons, fusillades et carambolages : Matrix 4 rejoue des scènes plus ou moins classiques, jamais avec la volonté de révolutionner le jeu, mais toujours avec un grand savoir-faire. La maîtrise technique offre une poignée d’images sensationnelles, quand quelques idées diaboliques viennent pimenter l’action (notamment une pluie totalement sinistre sur le bitume).
Néanmoins, le film trouve rarement son cap côté action, soit parce que la séquence semble trop précipitée (le couloir du début, le train), soit parce qu’elle manque d’un enjeu pour tous les personnages impliqués (les scènes qui mettent en scène toute la bande). Le joker des pouvoirs de Neo n’arrange rien, aidant la résolution de beaucoup trop de situations. Enfin, la musique de Johnny Klimek et Tom Tykwer n’impulse pas la même énergie que celle de Don Davis et ses collaborateurs sur la trilogie. À ce niveau, la saga Matrix se confond un peu dans la masse, au lieu d’écraser toute la concurrence comme à ses débuts.
la douleur des SENTIMENTS
Si Matrix Resurrections est bien la suite de la trilogie Matrix, c’est aussi un vibrant écho à Cloud Atlas et Sense8 (Brian J Smith, Max Riemelt, Eréndira Ibarra, Toby Onwumere, Mumbi Maina et Freema Agyeman sont d’ailleurs de la partie). L’idée de destins entremêlés et de reconnaissance presque magique entre les âmes continue à s’écrire autour de Neo et Trinity, au sein d’une plus grande réflexion sur un monde moderne rongé par le désir et la peur.
Cette ligne structure le film, et l’empêche d’être emporté par ses défauts. Dans les grandes largeurs (le retour de Morpheus semble finalement superflu) ou les détails (la réapparition du Mérovingien en clodo déglingué), en passant par quelques saillies humoristiques malheureuses (la trilogie en avait aussi), Matrix Resurrections n’a pas la pureté narrative des trois précédents films.
Même les longs discours sinueux de l’Oracle et de l’Architecte avaient un sens clair dans la trajectoire des héros. Dans Resurrections, la main est plus lourde, avec notamment des parenthèses bavardes et explicatives dont le montage semble vouloir se débarrasser. Si bien que les nouveaux personnages ont du mal à prendre leur envol, malgré le talent de Jessica Henwick notamment.
Mais ce n’est pas ça qui compte et reste dans Matrix Resurrections. La bataille ne mérite d’être vécue que parce qu’elle a lieu dans les yeux et les cœurs de Neo et Trinity, et Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss. Grâce à une mise en scène devenue plus sensuelle et moins géométrique depuis Sense8, Lana Wachowski les filme comme pour la première fois, captant le passage du temps dans leurs yeux et sur leurs visages avec une tendresse parfois déchirante.
Les plus beaux moments sont avec eux, lorsque l’acteur de John Wick retrouve sa fragilité d’hier, et que Carrie-Anne Moss rappelle à quel point elle n’a pas eu les rôles qu’elle méritait vu son talent. Tout le monde, personnages comme scénaristes, œuvre dans le sens de leurs retrouvailles, jusqu’à un climax qui prend presque le contre-pied des attentes, pour offrir des images inattendues et sensationnelles.
Matrix Resurrections est une profession de foi. De Neo en Trinity, et de Trinity en Neo. Du studio Warner en Lana Wachowski, et en Matrix. Et finalement, de Hollywood en son public ; celui qui aime être diverti, mais également stimulé et dérangé.
J’ai adoré la tournure de ce 4 ème volet.
Je suis un fan absolu de la trilogie mais là je crois que c’était l’une de mes pires séances de cinéma… Ce film est une m.rde.
Et puis c’est quoi ce Morpheus puceau version Leader Price ?? Et Lambert Wilson qui visiblement est venu pour boucler ses fins de mois.
Quelle chance j’ai eu. Je n’ai vu que les 20 premières minutes. Parfois quand un plat est mauvais on a pas besoin de finir son assiette. On se cuisine autre chose. Du coup je ne garde en mémoire que les trois premiers opus. Comme Alien 4, finalement quand le héros meurt à la Fin, une résurrection peut avoir un goût de viande avariée.
Parfois vaut mieux downgrad.
Un film pétri de bonnes intentions et nourri de quelques bonnes idées, mais aussi bourré de maladresses dans ses clins d’œil (coucou Lambert) et d’une faiblardise dans sa mise en scène indigne de la franchise.
Peut-être suis-je passé à côté du sous-texte, mais… l’univers de Matrix mérite selon moi un traitement et une inventivité bien plus poussés que ce qui nous est montré dans ce film. Ce qui est un comble quand on pense qu’on nous vendait ce film comme un véritable contre-pied à l’industrie holy-disneyienne de ces dernières années.
Matrix 4, un « missile contre holywood » ?
Comme dirait l’autre… Nope.
Il me semble que c’était le Fred et Seb du JDG qui avaient dit un truc sympa.
Il a Matrix Ressurections qui est bien, on se sait pas ou il nous mène. Et au moment ou Néo sort de la matrice, c’est Matrix 4 un film de SF qui singe Matrix avec des l’actions et des FX pourris
Finalement, Matrix Resurrection est un film pour nous faire plaisir, pour les fans Mais, c’est dans le scénario que sa coince, limite très faible. Les acteurs essaient de faire leurs mieux pour sauver le projet. Moi, qui est fan de musique de film, cette musique est bof. Ou est Don Davis.?
Peut-être, un 5e opus, pour sortir en beauté Vive Matrix
Déjà oublié, une déception totale. Je ne le reverrai jamais. La trilo oui. Oubliette pour ce chapitre 4! Comme indy 4 en somme…
Flo@的时候水电费水电费水电费水电费是的, merci pour The Beta Test. Direct dans ma bucket list « à voir » ^^
Le film est, c’est un euphémisme, un doigt d’honneur fait au public.
Si la réal ne voulait pas le faire, qu’elle n’accepte pas.
Le questionnement méta, ne l’est pas, précisément parce qu’il n’a aucune finesse.
Citer la Warner sérieusement ?
On oublie un peu vite mais lorsque le deux est sorti (conspué par la critique) tout le monde affirmait que des suites avaient été initiées précisément parce que le 1er avait été un triomphe. Et là bizarrement personne ne crachait sur le studio.
Dans l’absolu, Le premier film se suffisait à lui-même.
Par conséquent, après avoir copieusement craché dans la soupe après s’en être gavé 3 assiettes, un quatrième film vient nous expliquer que la Warner ce sont des vilains.
La posture est intenable et n’est pas tenue au demeurant tant le film n’a rien à dire.
Rien.
Ici, encore on l’oublie mais le 1er Matrix était un film éponge (Tekken était cité, l’IA avait envisagé par Terminator notamment, le cinéma d’action de Hong-Kong etc etc) qui possédait des qualités propres évidemment, mais sous influence.
Que fait Matrix 4 a part se regarder le nombril ?
On critique les suites indigentes et sans idée mais que fait Matrix 4 de nouveau ????
L’indigence du scénario est une honte pour le métier de scénariste. Les scènes d’action n’ont aucune ampleur.
Le film a été un four monumental, je comprends mieux pourquoi.