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Zaï Zaï Zaï Zaï : critique qui ne tourne pas très rond

Par Gaël Delachapelle
10 décembre 2022
MAJ : 12 décembre 2022
8 commentaires

Après Le Discours en 2021, l’auteur de BD Fabcaro revient de nouveau sur le devant de la comédie française avec l’adaptation d’une autre de ses œuvres cultes, la satire absurde Zaï Zaï Zaï Zaï, réputée pour être inadaptable. Porté à l’écran par le réalisateur François Desagnat (La Beuze), avec Jean-Paul Rouve dans le rôle principal, entouré d’une pléthore de seconds rôles (Ramzy Bedia, Julie Depardieu, Yolande Moreau), Zaï Zaï Zaï Zaï ressemble sur le papier à un projet fou dans le paysage des adaptations de BD françaises. Pari réussi ?

photo, Jean-Paul Rouve

La BeuzaïE

Dès les premières minutes de son long-métrage, le réalisateur François Desagnat semble être animé des meilleures intentions du monde pour adapter l’œuvre de Fabcaro sur grand écran, à travers une direction artistique qui tend à retranscrire le plus fidèlement possibles les saillies visuelles de la BD et de son univers satirique et absurde.

Il n’y a qu’à voir sa mise en scène géométrique qui répète plusieurs fois le motif visuel d’un cercle (notamment au détour d’une machine à laver ou d’un rond-point) pour nous souligner l’étrangeté d’une utopie où les gens ne tournent pas rond (alors qu’ils en sont persuadés) ou bien les petits détails dans le décor qui sautent aux yeux de par leur absurdité aussi évidente qu’hilarante.

Avec son directeur artistique, Cyril Houplain, le réalisateur revendique donc une vraie volonté de donner à cette adaptation une identité visuelle qui assure à cet univers une cohérence esthétique. Moyen de le rendre encore plus absurde qui ne l’est déjà à travers le jeu de ses comédiens. Frère de Vincent Desagnat (qui passe une tête dans le métrage) et comparse à une époque de Michaël Youn dans ses délires les plus fous, François Desagnat met sa mise en scène au service de ses acteurs. À commencer par le premier intéressé, Jean-Paul Rouve, qui semblait tout droit désigné pour devenir Fabrice, le double fictif du dessinateur Fabrice Caro dans la BD (transformé pour l’occasion en acteur/réalisateur de comédies).

 

Zaï Zaï Zaï Zaï : photo, Jean-Paul RouvePersonne ne peut aussi bien jouer avec un poireau

 

En effet, qui d’autres que l’ancien membre des Robins des Bois aurait pu aussi bien retranscrire la verve de l’auteur ? L’acteur sonne comme une évidence à l’écran, et on lui doit clairement la réussite de la plupart des gags absurdes du long-métrage, bien aidé également par la multitude de seconds rôles qui l’entourent (mention spéciale à Ramzy Bedia, hilarant dans son rôle d’acteur méta, ou encore à Yolande Moreau toujours aussi irrésistible dans son rôle de commissaire).

Des invités surprenants jusque dans les plus petits caméos, dont nous tairons les noms pour ne pas gâcher la surprise. À l’image notamment d’une séquence musicale parodiant ouvertement We are the World de Michael Jackson, avec une chanson originale écrite et composée par un chanteur français bien connu, interprétée par des acteurs du cinéma français qui se prêtent également au jeu de la parodie. Et c’est d’ailleurs peut-être là aussi la limite de Zaï Zaï Zaï Zaï, à savoir ne jamais vraiment dépasser le stade de la simple parodie.

 

Zaï Zaï Zaï Zaï : photo, Yolande MoreauYolande Moreau, toujours aussi géniale 

 

Le (faux) Discours

En effet, au-delà des gags visuels assez drôles et des performances habitées de ses comédiens, qu’est-ce que nous raconte Zaï Zaï Zaï Zaï dans sa transposition au cinéma ? Eh bien pas grand-chose au final, tant la mise en scène de François Desagnat tend à illustrer assez sagement son matériau d’origine pour l’adapter le plus fidèlement possible, mais sans jamais vraiment parvenir à saisir l’aspect corrosif dans son propos satirique d’une société surmédiatisée. La succession de saynètes comiques et burlesques fait sourire, certes, mais le long-métrage ne fait jamais vraiment rire à gorge déployée, à l’exception peut-être de quelques situations plus inspirées que d’autres.

 

Zaï Zaï Zaï Zaï : photo, Jean-Paul RouveQuand le film rigole plus que toi

 

Mais passé la surprise de son écrin visuel plutôt soigné et le ton absurde de ses comédiens, il ne reste rien de vraiment marquant dans cette adaptation, la faute à une mise en scène bien trop sage qui manque de vraies idées de cinéma. Tout l’inverse du récent Le Discours, où Laurent Tirard parvenait à adapter l’œuvre de Fabcaro avec brio en la filmant comme un théâtre filmé en mouvement constant. On peut en dire autant sur le propos satirique, qui pourrait se résumer à l’équivalent de « on vit dans une société », alors que le matériau d’origine est beaucoup plus engagé qu’il n’y paraît. 

Certes, il serait dommage de bouder son plaisir, car Zaï Zaï Zaï Zaï n’en reste pas moins une comédie de qualité dans le paysage actuel. Toutefois, ici, il n’est ni plus ni moins question d’un simple théâtre de boulevard, fort amusant par moments, mais qui se contente de recycler les gags de son auteur, là où l’on était en droit d’attendre un peu plus de la part de François Desagnat.

 

Zaï Zaï Zaï Zaï : affiche

Rédacteurs :
Résumé

S’il ne parvient jamais à transcender le propos de son matériau d’origine, François Desagnat adapte Zaï Zaï Zaï Zaï avec soin et sincérité. Une comédie absurde portée par un Jean-Paul Rouve inspiré et une pléthore de seconds rôles irrésistibles.

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Commentaires
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Freze

A voir vraiment pour passer une heure 25 de détente ! JP Rouve et Yolande Moreau sont fidèles à eux-mêmes… ;justes et drôles et la kyrielle des « second rôles » n’est pas en reste.

Moixavier58

Bd culte! Si le pitch c’est le film. C’est que les lecteurs sont con voir très con. De meme pour voir ça

Dooble60

Jean-Paul Rouve : NON MERCI

JR

@simon, @rientintinchti dirait plutôt que c’est un coup des Wachowski quand @lautrespeudoaralongequichangetoutletemps dirait pour sa part que l’impérialisme américain joue sur la perception des nationalités européennes. Sinon @Ethan que c’est à cause de Netflix (qui ne crédite jamais tous les noms sur la plate-forme).

Simon Riaux

@Numberz

C’est encore de la propagande bobo-gauchiste internationaliste et islamo-wokiste, je vois que ça !

Numberz

@fabrice

Problème de nationalité chez EL. Après Simenon français et non belge, fabcaro belge et non français.

Fabrice22

A priori Fabcaro né à Montpellier est pas vraiment belge.

Hermine a tort

Jean Paul Rouve, non merci