La BeuzaïE
Dès les premières minutes de son long-métrage, le réalisateur François Desagnat semble être animé des meilleures intentions du monde pour adapter l’œuvre de Fabcaro sur grand écran, à travers une direction artistique qui tend à retranscrire le plus fidèlement possibles les saillies visuelles de la BD et de son univers satirique et absurde.
Il n’y a qu’à voir sa mise en scène géométrique qui répète plusieurs fois le motif visuel d’un cercle (notamment au détour d’une machine à laver ou d’un rond-point) pour nous souligner l’étrangeté d’une utopie où les gens ne tournent pas rond (alors qu’ils en sont persuadés) ou bien les petits détails dans le décor qui sautent aux yeux de par leur absurdité aussi évidente qu’hilarante.
Avec son directeur artistique, Cyril Houplain, le réalisateur revendique donc une vraie volonté de donner à cette adaptation une identité visuelle qui assure à cet univers une cohérence esthétique. Moyen de le rendre encore plus absurde qui ne l’est déjà à travers le jeu de ses comédiens. Frère de Vincent Desagnat (qui passe une tête dans le métrage) et comparse à une époque de Michaël Youn dans ses délires les plus fous, François Desagnat met sa mise en scène au service de ses acteurs. À commencer par le premier intéressé, Jean-Paul Rouve, qui semblait tout droit désigné pour devenir Fabrice, le double fictif du dessinateur Fabrice Caro dans la BD (transformé pour l’occasion en acteur/réalisateur de comédies).
Personne ne peut aussi bien jouer avec un poireau
En effet, qui d’autres que l’ancien membre des Robins des Bois aurait pu aussi bien retranscrire la verve de l’auteur ? L’acteur sonne comme une évidence à l’écran, et on lui doit clairement la réussite de la plupart des gags absurdes du long-métrage, bien aidé également par la multitude de seconds rôles qui l’entourent (mention spéciale à Ramzy Bedia, hilarant dans son rôle d’acteur méta, ou encore à Yolande Moreau toujours aussi irrésistible dans son rôle de commissaire).
Des invités surprenants jusque dans les plus petits caméos, dont nous tairons les noms pour ne pas gâcher la surprise. À l’image notamment d’une séquence musicale parodiant ouvertement We are the World de Michael Jackson, avec une chanson originale écrite et composée par un chanteur français bien connu, interprétée par des acteurs du cinéma français qui se prêtent également au jeu de la parodie. Et c’est d’ailleurs peut-être là aussi la limite de Zaï Zaï Zaï Zaï, à savoir ne jamais vraiment dépasser le stade de la simple parodie.
Yolande Moreau, toujours aussi géniale
Le (faux) Discours
En effet, au-delà des gags visuels assez drôles et des performances habitées de ses comédiens, qu’est-ce que nous raconte Zaï Zaï Zaï Zaï dans sa transposition au cinéma ? Eh bien pas grand-chose au final, tant la mise en scène de François Desagnat tend à illustrer assez sagement son matériau d’origine pour l’adapter le plus fidèlement possible, mais sans jamais vraiment parvenir à saisir l’aspect corrosif dans son propos satirique d’une société surmédiatisée. La succession de saynètes comiques et burlesques fait sourire, certes, mais le long-métrage ne fait jamais vraiment rire à gorge déployée, à l’exception peut-être de quelques situations plus inspirées que d’autres.
Quand le film rigole plus que toi
Mais passé la surprise de son écrin visuel plutôt soigné et le ton absurde de ses comédiens, il ne reste rien de vraiment marquant dans cette adaptation, la faute à une mise en scène bien trop sage qui manque de vraies idées de cinéma. Tout l’inverse du récent Le Discours, où Laurent Tirard parvenait à adapter l’œuvre de Fabcaro avec brio en la filmant comme un théâtre filmé en mouvement constant. On peut en dire autant sur le propos satirique, qui pourrait se résumer à l’équivalent de « on vit dans une société », alors que le matériau d’origine est beaucoup plus engagé qu’il n’y paraît.
Certes, il serait dommage de bouder son plaisir, car Zaï Zaï Zaï Zaï n’en reste pas moins une comédie de qualité dans le paysage actuel. Toutefois, ici, il n’est ni plus ni moins question d’un simple théâtre de boulevard, fort amusant par moments, mais qui se contente de recycler les gags de son auteur, là où l’on était en droit d’attendre un peu plus de la part de François Desagnat.
A voir vraiment pour passer une heure 25 de détente ! JP Rouve et Yolande Moreau sont fidèles à eux-mêmes… ;justes et drôles et la kyrielle des « second rôles » n’est pas en reste.
Bd culte! Si le pitch c’est le film. C’est que les lecteurs sont con voir très con. De meme pour voir ça
Jean-Paul Rouve : NON MERCI
@simon, @rientintinchti dirait plutôt que c’est un coup des Wachowski quand @lautrespeudoaralongequichangetoutletemps dirait pour sa part que l’impérialisme américain joue sur la perception des nationalités européennes. Sinon @Ethan que c’est à cause de Netflix (qui ne crédite jamais tous les noms sur la plate-forme).
@Numberz
C’est encore de la propagande bobo-gauchiste internationaliste et islamo-wokiste, je vois que ça !
@fabrice
Problème de nationalité chez EL. Après Simenon français et non belge, fabcaro belge et non français.
A priori Fabcaro né à Montpellier est pas vraiment belge.
Jean Paul Rouve, non merci