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Sonic 2 : critique 2 Fast 2 Craignous

Par Antoine Desrues
28 octobre 2022
MAJ : 29 mai 2024
27 commentaires

Deux ans à peine après la sortie du premier volet, Sonic le film, la suite Sonic 2 débarque dans les salles de cinéma avec l’intention de surfer sur ce retour en force du hérisson bleu de Sega (et toujours avec Jim Carrey en Dr Robotnik). Cette fois, le héros super-rapide se retrouve aux prises avec Knuckles, tandis que Tails vient lui donner un coup de main dans sa quête. Au-delà de ce manque flagrant d’originalité toujours mis en scène par Jeff Fowler, est-ce que Sonic 2 ne reflète pas une franchise d’ores et déjà essoufflée ?

photo

Gotta go (too) Fast

Peut-être que son statut de dernier blockbuster pré-Covid a joué en sa faveur, mais le premier Sonic possède un étonnant capital sympathie auprès de certains spectateurs et de l’auteur de ces lignes (quand bien même le film s’est fait atomiser dans nos colonnes). Derrière la tristesse évidente de sa production design faite de bitume et de villes grisâtres, il n’empêche que le long-métrage a pour lui sa dimension de buddy movie humble et honnête, au point où son final parvient à construire une réelle émotion autour de la nouvelle famille trouvée par notre hérisson préféré.

Pas de bol, Paramount s’est empressé de pondre une suite à la va-vite avec, pour seul enjeu, l’éternel bigger, better, louder typique de ce genre de projets. Dès lors, Sonic 2 déçoit dès ses premiers instants, où il nous fait comprendre que notre Usain Bolt épineux va être séparé de son binôme Tom Wachowski (toujours incarné par James Marsden), parti au mariage de sa belle-sœur.

Si la note d’intention laisse déjà sérieusement à désirer, elle aurait pu fonctionner si elle avait été confiée à quelqu’un d’autre que la serpillère Jeff Fowler, déjà à la barre du premier volet. Au cours de l’abominable introduction du film, où Sonic se la joue super-héros du pauvre en attaquant des braqueurs de convois dans les rues tristes de Seattle, la nullité abyssale du montage laisse entrevoir le pire de ce que le métrage a à offrir.

 

Sonic 2 : image SonicSega-lère

 

Hérisson sans piquant

Heureusement, cette énième séquence d’action urbaine et nocturne (décidément la plaie des blockbusters actuels sans imagination) laisse vite place à une dimension globe-trotter un tant soit peu dépaysante. Avec sa caméra qui se balade en Sibérie avant de rendre hommage à un niveau culte des jeux vidéo, Sonic 2 semble enfin exploiter (un minimum) les possibilités de son univers.

Le problème, c’est qu’il s’agit de la seule ambition claire du film, dont la production précipitée a été pensée avec le même cynisme que les DTV que Disney torchait par le passé pour faire suite à ses grands succès. Cette fainéantise saute aux yeux par la qualité très fluctuante des effets visuels, bardés de textures laides et d’aliasing indignes d’un blockbuster de ce type.

 

Sonic 2 : image TailsAttention, l’un des rares plans en CGI bien rendus du film !

 

Cet aveu d’échec est d’autant plus aberrant que le récit ajoute deux personnages en images de synthèse dans l’équation, si bien qu’on en vient à se demander si Sonic 2 ne cherche pas à rendre hommage aux pires heures du personnage lors de son passage des jeux 2D à la 3D. Comme une façon de mettre involontairement en scène le coma vidéoludique du héros, l’ensemble donne la triste impression d’être sous respirateur artificiel. Seul subsiste Jim Carrey, de retour en Dr Robotnik cartoonesque, qui s’amuse à relâcher toute son énergie cabotine dans de trop rares scènes comiques.

 

Sonic 2 : photo, Jim CarreyHeureusement que The Mask est là

 

Rien ne sert de courir, il faut partir à point

Mais le plus terrible avec Sonic 2, c’est de constater au fur et à mesure du métrage qu’il tombe dans un normativisme désincarné, qui cherche à courir après les formules du moment. Pour même être plus précis, l’icône de Sega ne cherche plus à tapiner du côté de Nintendo, mais du côté de Marvel. On sait que le succès du MCU fait des envieux depuis des années, mais le film de Jeff Fowler bat ici tous les records.

Entre un Knuckles débile et premier degré comme Drax dans Les Gardiens de la galaxie, et une rivalité façonnée comme dans Civil War, Sonic 2 confirme que les codes marvelliens sont devenus l’alpha et l’oméga d’une pop-culture qui n’offre plus aucune alternative. Même le hérisson bleu compare son adversaire au Soldat de l’hiver, incluant dans sa diégèse l’hégémonie d’un système transformé en simple algorithme. Fowler se retrouve ainsi à recycler les rares idées de mise en scène de la concurrence, à l’instar de ces points géographiques présentés dans des textes qui prennent l’entièreté de l’écran, comme dans les montages pachydermiques des frères Russo.

 

Sonic 2 : image KnucklesUn film pieds et poings liés ?

 

À partir de là, le film court à sa perte, et déploie vainement son énergie sans jamais envisager une quelconque surprise (jusqu’à sa scène post-générique grillée à des kilomètres). Pour sûr, le dernier acte à base de gros robot réveille un plaisir régressif, mais il est déjà trop tard. Sonic 2 a lâché l’affaire depuis longtemps, et se contente d’agencer son fan-service pour titiller les nostalgiques.

Là encore, Paramount adapte au mieux le talent de Marvel, qui réside moins dans une consistance créative que dans sa méthode de rétention de ses éléments mythologiques. Pour un film dédié au hérisson le plus rapide du monde, il faut croire qu’un film dont le plaisir est similaire à celui d’une éjaculation précoce est assez cohérent.

 

Sonic 2 : affiche

Rédacteurs :
Résumé

En choisissant de mettre de côté le (léger) cœur émotionnel du premier film, Sonic 2 tombe dans les travers du blockbuster débile et fainéant, qui accumule les scènes d’action poussives et les effets spéciaux pourris avec cynisme.

Autres avis
  • arnold-petit

    Formaté par les films de super-héros et le cahier des charges typique des autres blockbusters hollywoodiens produits à la chaîne (et donc à l'arrache), Sonic 2 sacrifie l'émotion du premier opus pour de l'action aussi bête que moche.

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Flo

Toujours un bon moment à passer comme pour le premier, grâce au côté mignon de ces personnages cartoonesques, et à Jim Carrey qui s’éclate à faire comme si « The Mask », c’était hier.
Un quart d’heure en trop tout de même (le mariage de Rachel et le pote Wade, trop facultatifs), mais l’action est elle vraiment bien poussée, nous régalant de vrais supers bolides en l’absence de film « Flash ».
Et le héros titre d’apprendre la responsabilité en aidant plus petit et plus brutal que lui, cela suffit à garder de l’empathie.

lana

Les enfants ont adorés, très bon film pour les enfants. Comme pour le premier.

dai

Super bon film de vacances. Les enfants sont aux anges. C’est vraiment un film pour les gamins simple, fun et super cool !!!!

Sascha

Vu aujourd’hui.
SI âge < 12 ans : le film est très drôle pour cette population cible. Il y a de l'humour, de l'action, l'amitié. Si âge > 12 ans : c’es mignon. Dispensable mais mignon. On ne s’ennuie pas, les scènes s’enchaînent bien et ca va droit au but.

Jim Carrey est en roue libre et cabotine : un croisement entre The Mask et Ace Ventura. On aime ou on aime mais ca fait rire les mômes.

Si gamer (et qui a grandi avec Sonic) : catastrophique. Le malaise total : la scène de danse dans le refuge sibérien… Un vrai calvaire. L’histoire familiale et ce qui se passe sur Hawaï : une horreur qui n’a rien à faire dans le film. le doublage VF est très mauvais (et encore pire avec la voix de Tails qui ne correspond pas à ce qu’on se fait du personnage). les SFX vont du passables au mauvais. Aucun plan de marque la rétine. Je me souviens encore du dessin animé (le sombre, pas l’autre). Une adaptation de ce niveau aurait été parfaite.

J’ai donc mis mon cerveau en mode <12 ans et j'ai passé un bon moment. Mais aussitôt un aussitôt oublié

yellow submarine

plutôt sympa comme film quand même. Les critiques sont dure quand même.
Ok les humains ne servent plus à rien mais dans le 1 ils étaient déjà accessoires et presque de trop.
Pour les sfx à part la séquence de l’avalanche sur la plage qui pique méchamment je les ai trouvé plutôt très bon. Je n’ai pas non plus vu d’aliasing ou alors vaguement sur la texture un moment de knuckles. Mais un détail, le film se passe quasiment que de jour donc le résultat est plutôt très convainquant.

J’ai passé un très bon moment