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Détective Conan : la Fiancée de Shibuya – critique qui ravive la flamme

Par Déborah Lechner
18 mai 2022
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Après Détective Conan: La Balle écarlate qui trahissait un essoufflement prévisible après plus d’une vingtaine de films (et 50 fois plus d’épisodes), la franchise Détective Conan a ravivé la flamme avec la Fiancée de Shibuya. Ce 25e long-métrage n’est pas exempt de défauts, mais il devrait permettre aux fans de renouveler leurs voeux, et aux néophytes de trouver une porte d’entrée plus accessible vers l’univers de Gōshō Aoyama.

Attention : spoilers !

affiche

SHI-BOOYAH

De 1997 à 2019, les 23 premiers longs-métrages de la licence Détective Conan sont sortis chaque année en avril au Japon, la carence de 2020 étant l’exception qui confirme la règle. Et si les fans hexagonaux ont longtemps été tenus à l’écart du rendez-vous faute de distribution en France, le petit détective de Gōshō Aoyama a enquêté dans nos salles pour la première fois en 2021 avec La Balle écarlate, un 24e film qui n’a cependant pas fait une entrée triomphante sur le marché français. 

Le distributeur Eurozoom a malgré tout réitéré l’expérience avec le 25e film, Détective Conan : la Fiancée de Shibuya, qui a repris la cadence annuelle et profité du temps de production supplémentaire pour revoir ses ambitions à la hausse. Après la réalisatrice Chika Nagaoka, la franchise a fait appel à un nouveau réalisateur, Susumu Mitsunaka, qui a par ailleurs conçu plus de la moitié des story-boards après son expérience d’animateur sur Lettre à MomoMary et la fleur de la sorcière et Les Enfants du temps

 

Détective Conan : la Fiancée de Shibuya : photoDétective Conan a appelé les renforts

 

Le film présente ainsi une plastique irréprochable, notamment pour la fluidité et la minutie de l’animation, la palette de couleurs vives et la richesse des décors, en particulier le réalisme du quartier de Shibuya, dont l’euphorie et l’agitation se retranscrivent à l’écran – en plus du gigantisme de l’architecture qui donne un peu plus de relief au cadre. Au niveau de la réalisation, certaines séquences sont plus nerveuses qu’à l’ordinaire avec des mouvements de caméra amples et des cadrages plus variés pour accompagner les scènes d’action qui tonifient un peu plus cette licence verbeuse par nature. Tout ça sans abuser d’effets numériques lourds et désagréables à l’oeil, à l’inverse des courses-poursuites peu emballantes de La Balle écarlate.

En revanche, le fait que les événements se déroulent durant Halloween a malheureusement un faible impact sur le visuel, qui se contente de déguiser quelques personnages et de suspendre quelques décorations dans les rues. Dommage que le film – qui ne se destine pas plus aux enfants qu’aux adolescents ou aux adultes – n’ait donc pas osé proposer des scènes plus sombres, à influence fantastique et horrifique comme la licence a déjà pu le faire (notamment dans le manga). 

 

Détective Conan : la Fiancée de Shibuya : photoImmersion  

 

PRÉCÉDEMMENT DANS DÉTECTIVE CONAN…

Détective Conan : la Fiancée de Shibuya ne cherche pas à jouer les scientifiques fous en modifiant l’ADN de la franchise. Cette nouvelle histoire est donc toujours aussi invraisemblable – les personnages qui traitent un gamin de six piges comme un adulte sans se poser de question -, l’action est abracadabrantesque, l’émotion est poussive et le déroulé de l’enquête reste parfois hasardeux avec plusieurs facilités scénaristiques pour la boucler  sans trop de difficulté. Autant de défauts inhérents à cette licence ultra-codifiée qui sont devenus les repères et la zone de confort d’un public qui ne demande pas plus à Conan d’être crédible qu’à Luffy de trouver le One Piece. 

Le scénario de Takahiro Okura se permet malgré tout d’être plus généreux en fan service (ce qu’on attend généralement de ce genre de production), tout en étant plus accessible aux néophytes grâce à sa narration moins bordélique et plus intuitive. À nouveau, le film a pioché dans le lore préexistant pour ramener plusieurs personnages qui se greffent habilement et intelligiblement au récit. Contrairement à la famille Akai qui parasitait La Balle écarlate et pouvait facilement perdre le public en route, le retour de Miwako Sato et Wataru Takagi n’a rien de confus dans le sens où les deux sont simplement présentés comme deux policiers enquêtant sur un terroriste.

 

Détective Conan : la Fiancée de Shibuya : photoLe genre d’image qui fait pousser des petits cris de satisfaction aux fans

 

En plus de rejouer un événement qui avait déjà été présenté dans la série animée (la mort de Jinpei Matsuda) pour l’étoffer et creuser la mythologie, le film est surtout l’occasion de voir avancer la relation de Sato et Takagi qui deviennent les protagonistes de l’affaire. Après les balbutiements de leur couple, il s’agit donc de les faire franchir un nouveau palier, avec déclaration d’amour et projet de mariage qui font sens même pour ceux qui ne les avaient pas rencontrés avant le générique d’ouverture. 

Sans surprise, la véritable identité de Plamya, le poseur de bombe anonyme, reste quant à elle prévisible, mais la promotion a été assez maline pour nous laisser croire que la fiancée du titre serait Miwako Sato, que la bande-annonce a présenté en robe de mariée sans révéler la supercherie. Malgré toute la bonne volonté de l’intrigue, le traitement des personnages secondaires et le découpage suffisamment rythmé pour avoir envie de connaître le fin mot de l’histoire, la caractérisation du méchant est le gros bémol.

 

Détective Conan : la Fiancée de Shibuya : photoPlamya, le méchant du film, au cas où il y aurait un doute

 

La plupart des enquêtes de Détective Conan ont toujours mis l’accent sur les mobiles et les motivations des coupables (qu’ils soient légitimes ou non). Si le mystère qui entoure Plamya accentue l’idée d’une menace invisible qui plane au-dessus des protagonistes, il aurait été préférable que son caractère unidimensionnel soit également désamorcé pour en faire un ennemi plus complexe et pas juste le gros vilain pas beau qui fait des trucs de méchant comme faire exploser des gens. 

Le fait que cet antagoniste soit aussi manichéen, à côté de tous ceux qui ont élaboré d’autres plans super compliqués sur plusieurs années pour se venger, pourrait même laisser penser que ce dernier est destiné à revenir dans la franchise pour conclure dignement son arc. Ce qui serait aussi l’occasion d’installer plus durablement le personnage de Yelenika Lavrentyeva, qui est probablement le plus intéressant que la licence a créé ses dernières années.

 

Détective Conan : la Fiancée de Shibuya : affiche

Rédacteurs :
Résumé

Plus appréciable et ambitieux que le précédent film, Détective Conan : la fiancée de Shibuya a réalisé un numéro d'équilibriste pour offrir aux initiés le fan service attendu et au public moins aguerri une histoire accessible qui ne trahit jamais l'ADN et les codes de la franchise malgré ses défauts inhérents.

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