Par Pitt-ié
Dans la première scène de John Wick 2, Chad Stahelski projette sur la façade d’un immeuble new-yorkais un extrait de Sherlock Jr. de Buster Keaton. Alors que le son d’un véritable crash se superpose sur la cascade hallucinante du roi du cinéma muet, le réalisateur appuie sa note d’intention : un retour à la pureté des premiers temps, et à leur viscéralité.
Si Stahelski ne cesse de rendre justice à cette approche, qui a permis au cinéma d’action contemporain de retrouver une scénographie plus claire, aérée et lisible, on ne peut pas en dire autant de son comparse David Leitch. Co-réalisateur du premier John Wick, Leitch a surtout été un cascadeur reconnu aux côtés de Stahelski, avant que les deux bougres ne créent 87North (anciennement 87Eleven), une boîte spécialisée dans la conception de scènes d’action.

Mais en allant tracer sa route avec Atomic Blonde et Deadpool 2, Leitch a prouvé qu’il était moins doué que son collègue, sacrifiant le crescendo émotionnel de ses scènes de baston pour quelques effets tape-à-l’œil et une ironie embarrassante. Néanmoins, on pouvait espérer avec Bullet Train un film d’action amusant au vu de son unique décor, ce train à grande vitesse japonais dans lequel une bande de tueurs déjantés se massacre pour la récupération d’une mallette.
Mieux encore, les références communes de Stahelski et Leitch auraient pu faire croire à un retour salvateur vers un cinéma old-school, ramenant le train à ce qu’il a toujours été : l’une des figures de proue d’un septième art fasciné depuis ses débuts (L’Arrivée d’un train en gare de la Ciotat) par la vitesse et la mécanique. Forcément, on en revient à Buster Keaton et à son indispensable Mécano de la General.

Train de nuit pour l’ennui
Pas de bol, David Leitch a préféré chercher son inspiration ailleurs, pour un gloubi-boulga infernal qui mixe du sous-Guy Ritchie avec le cynisme de Deadpool. Dès ses premières minutes, où un Brad Pitt anxieux grimace comme Louis de Funès avec un bob sur la tête, on comprend que Bullet Train a l’intention de transformer son protagoniste en vaste blague, justement largué dans une intrigue dont il ne comprend jamais les enjeux.
À partir de là, le film se contente de platement agencer des clichetons de cinéma éculés en se dédouanant à coups de clin d’œil. C’était déjà le problème de Deadpool (et encore plus de sa suite) : pointer du doigt des facilités d’écriture n’excuse en rien leur emploi. Tout au plus, la démarche n’en est que plus bête et détestable.

Le problème, c’est que Bullet Train est constamment sur ce mode pseudo-cool, aussi irritant qu’un ado bourgeois persuadé d’être rebelle parce qu’il fume une clope de temps en temps. Apparitions ringardes des noms des personnages tendance Suicide Squad, flashbacks introduits dans le montage n’importe comment et set-up/pay-off surexpliqués, le long-métrage n’a aucune confiance dans sa mise en scène, malgré l’implication évidente de ses comédiens. La classe intersidérale de Brad Pitt aide bien entendu à sauver l’ensemble par instants, mais on ne peut qu’être déçu de voir Aaron Taylor-Johnson, Brian Tyree Henry ou encore Joey King se contenter d’incarner de vagues silhouettes réduites à peau de chagrin.
Sur ce point, la proposition souffre surtout de ses dialogues ouvertement neuneus, comme une version mal dégrossie d’un Tarantino ou d’un Roger Avary. Là encore, connecter des personnages par l’absurdité de leurs interactions ne suffit pas à tirer de l’ensemble un postulat fun et iconoclaste.
Ce qui marche dans le cinéma de Tarantino, c’est l’authenticité qui se dégage de ses rebonds narratifs, de ses dialogues qui enchaînent les idées en sautant faussement du coq à l’âne. Ici, c’est le minimum syndical, si ce n’est une vanne (très) reloue et répétée autour de l’importance de Thomas le train.

Film de gare
Pour autant, en prenant l’allure d’un rêve mouillé d’ado edgy auto-satisfait, Bullet Train aurait pu au moins assumer sa dimension nawak, et lâcher la bride dans des séquences d’action inspirées. Malheureusement, David Leitch ne sait pas quoi faire de son décor, réduit à trois pauvres wagons vaguement différenciés. On sauvera bien une petite scène d’action rigolote où le silence est d’or, mais le film donne la désagréable impression de poser deux-trois idées cools sans jamais les traiter en profondeur.
Il faut tout de même attendre la fin du film pour que le train soit utilisé à son plein potentiel, en coupant des gens en deux par sa vitesse et en faisant péter les wagons. Certes, à ce moment-là, on n’attendait plus vraiment un hommage vibrant à Buster Keaton, mais au moins un film d’action conscient des possibilités de son concept, à l’instar du récent Dernier train pour Busan (pour ne citer que lui).

Le personnage de Brad Pitt a beau être un roi de l’improvisation, il n’a jamais vraiment l’opportunité d’accaparer le décor, d’autant qu’il fait face à une galerie de tueurs fendarde mais cruellement sous-exploitée (au point que la mort précipitée de certains devient un running-gag). On sent bien que David Leitch se rêve ici en héritier de Jackie Chan, mais Bullet Train n’en est que le vague cousin issu d’un inceste cradingue.
Le climax et la photographie chatoyante de Jonathan Sela ont beau faire illusion, difficile de ne pas s’exaspérer devant une médiocrité qui se voudrait presque attrayante. On en aurait presque oublié que David Leitch a également réalisé le pathétique Hobbs & Shaw, spin-off de Fast & Furious entièrement régi par son second degré. De caméo nul en twist indigent, Bullet Train s’engouffre dans le même moule, et confond l’énergie pulp dont il voudrait s’inspirer avec une ironie qui n’a plus rien à raconter. Dans le domaine, revoyez plutôt le génial Mi$e à prix de Joe Carnahan.

Pourquoi ressortir cette vieille critique ?
Qu’est-ce que tu te brades, Pitt…
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C’est toujours pareil pour David Leitch, alors autant ne rien changer à l’analyse :
Pour Brad Pitt, c’était le bon moment pour s’extraire d’une (petite) suite de films mélancoliques qui jouaient sur son statut de demi-dieu en recherche de rédemption… en faisant un bon actionner bourrin avec plein d’acteurs – et de la bonne grosse violence irréaliste et marrante.
Mais non, il y a un épais guide du « bon petit Tarantino, avec toutes les cases à cocher pour avoir l’air cool » (le blabla, la BO), qui ne fait que limiter tout le potentiel inventif d’une histoire d’assassins en délire, se passant dans ce type de train, le Shinkansen.
Donc avec une identité japonaise à creuser – ça n’arrivera jamais, on se contentera de gags sur la politesse et la philosophie niponne, et autres gadgets locaux, que des trucs réducteurs
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Et si Pitt n’hésite pas à jouer à fond l’autodérision, jamais il n’arrive à un équilibre qui nous fasse comprendre sa dépression, son dégoût récent de la violence. Impossible, il débite sans conviction ses maximes pacifistes, ses dialogues semi improvisés, en voulant nous faire croire que « True Romance » c’était hier (ou « Johnny Suede », ou pire, « Burn After Reading »)…
On ne peut pas y croire, pas quand tout ça a l’air sorti de la bouche d’un ado qui se la raconte.
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Et que Tous les acteurs et cameos (vains ou gênants) soient alignés sur le même ton. Sans contrastes. Sans grandes nuances individuelles. Sans même créer de backgrounds tangibles pour tous. Et sans être drôles.
Même punition que pour « Hobbs and Shaw »… pas assez de sincérité et ils sont tous beaucoup trop similaires, au jeu du « qui va avoir la plus grande gueule ».
David Leitch semblait presque s’être rappelé pourquoi son « Deadpool » marchait bien : il y avait un protagoniste et son univers clairement établi, des personnages qui se complétaient, et c’était aussi très, Très rentre-dedans, ça assumait d’être énervé et sanglant.
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Du sang et des tripes, OK là il y en a – mais ça reste du cartoon. Car d’univers établi, cohérent et allant au delà de simples archétypes, le résultat est bof…
Et de méchanceté, désespoir et imprévisibilité (en tuant par surprise les personnages les moins évidents, ou bien des innocents), que nenni.
Le Karma (précepte moteur de tout le film) se chargeant, de façon alambiquée, de punir… les méchants, et les moins sympathiques. Pour que tout revienne dans l’ordre… et que les gaijins dégagent – ne pas y voir une critique de la réappropriation des cultures asiatiques par les blancs, le film n’est pas assez subtil pour être lui-même une mise en abîme.
Bon néanmoins, comme plaisir coupable un peu décomplexé, avec de la baston qui tâche, pas moche et pas une franchise, oui ça se regarde. Mais c’est inoffensif.
. Comment dire… Heu rien. Seulement moi, quand je n’ai rien à dire, je ne fais pas de film.
Ce n’est pas que je me suis ennuyé, non, car j’ai eu tout le temps de ruminer mes 20 balles foutues en l’air. Franchement, passer deux heures devant ce navet, c’était comme regarder de la peinture sécher, mais sans l’excitation.
On aurait dit que le scénariste avait utilisé un générateur aléatoire de dialogues dont j’en ai encore des acouphènes.Chaque minute passée devant ce film m’a donné envie de me lever et de crier « remboursez ! ». Même mon pire ennemi, je ne lui infligerais pas ce supplice. En résumé, ce film est un chef-d’œuvre de nullité, un précipice d’ennui. La prochaine fois, je mettrai mes 20 balles dans un ticket de loto : j’aurai peut-être une chance de gagner, au moins.
Film inutile : 2h perdues. Le concept semblait intéressant mais le scénario a dû être écrit un soir de beuverie et réalisé dans le même état. Mais que fait Brad Pitt dans ce nanar absolu non assumé ?
@Ghob
En même temps, c’est le 2e Deadpool que Leitch a réalisé, pas le 1er
Un film injustement détruit a sa sortie! Je dois peut-être etre d’accord sur 1% de ce qui est ecrit sur cette critique (et je pourrais rajouter des effets spéciaux rates sur la fin) mais ça reste pour moi un film fun, divertissant et meme attachant
Vu la 1e partie il y a quelques jours, mais en fait je m’étais tellement emmerdé que j’ai même pas eu la force de le terminer.
C’est exactement ça : un film pseudo-cool rejouant les prolongations des sous-Ritchie et compagnie, complètement auto-satisfait mais jamais réellement drôle et qui n’arrive jamais exploiter son décor, ni son concept. J’étais de revoir Aaron-Taylor Johnson, un acteur que j’apprécie beaucoup, mais si c’est pour jouer dans des films aussi relous, autant rester à la maison Aaron, ton agent finira bien par te rappeler pour ton proposer un VRAI rôle de cinéma, avec un réalisateur qui a peut-être quelque chose d’intéressant à dire…
Là nan, juste très mauvaise pioche (mais je suis masochiste et je le savais d’avance lol je voulais juste constater l’ampleur du désastre).
Dommage pour David Leitch, qui est un réalisateur plutôt capable malgré le côté faussement cool-36e degré de ses films, mais j’avais bien aimé Atomic Blonde (sans être renversant non plus) et le premier Deadpool. Mais s’il continue sa carrière sur ces rails, c’est clair que le gars aura perdu toute crédibilité à mes yeux.
Mais comment j’ai grave kiffé
Je ne m’attendais à RIEN , pas lu le synopsis ni rien et quand je vois les critiques négatives et bien je ne comprends pas
Dès les 1ere seconde ça ressemble à un sous Tarentino, en plus drôle
J’ai pas su deviner la fin, mais l’humour et les retournements de situations sont très sympas
Et le casting…topissime
Pa du tout d accord avec vous ecran large. Très bonne surprise ce film très sympa action bien stylée scénario alambiqué et humour très présent. Brad Pitt est bien meilleur que d habitude.
Il faut sans doute un don particulier pour rendre illisible une scène d’action dans un wagon…
Je suppose que l’air « cool » de Brad, la violence cartoon est sensée rappeler le style Tarantino, mais, on est pour les dialogues, la réalisation plutôt sur de la contrefaçon type « AliExpress »…
Abscons