Good Time
Entre son titre à rallonge, son décor très parisien et son côté verbeux, Chronique d’une liaison passagère pourrait en décourager certains avant même son visionnage. Ce serait passer à côté de bon nombre de qualités que propose le cinéma d’Emmanuel Mouret. Ne serait-ce que plastiquement puisque la photographie printanière signée Laurent Desmet vient capter un très beau Paris lumineux et chaleureux.
Une image solaire qui se conjugue parfaitement avec une musique mozartienne sautillante et entraînante. Un ton apaisant qui emballe avec légèreté l’histoire d’un duo de personnages que tout oppose. Lui est coincé et inquiet, elle est vivante et pétillante. De cette antinomie naît une jolie complémentarité qui laisse place à des dialogues amusants et à un ton joyeux, faisant de Chronique d’une liaison passagère un film radieux et divertissant.
Mais Emmanuel Mouret ne se contente pas de livrer une simple comédie joviale et envolée. Entre les corps que touche Simon pour son métier, et celui de Charlotte qu’il caresse lors d’une balade dans un parc, le cinéaste déploie tout au long du film un champ lexical du toucher, capté avec une grande délicatesse. En résulte une certaine tendresse, doublée d’une jolie pudeur due à l’absence de scène de sexe durant le long-métrage, non pas par puritanisme, mais comme pour protéger l’intimité de ses personnages.
Cette retenue fait écho à celle des protagonistes eux-mêmes, qui évitent toute espèce de dramatisation et de confrontation dans leur liaison. Même au moment de sa rupture annoncée par le titre du film, le personnage de Simon dissimule sa colère et sa tristesse derrière une fausse résilience. Chronique d’une liaison passagère se refuse ainsi aux hurlements et aux cris d’une scène de ménage classique. Emmanuel Mouret leur préfère une forme d’intériorisation qui n’en est pas moins intense.
Two Lovers
En effet, la structure scénaristique du film s’organise exclusivement autour des retrouvailles des deux amants, reléguant le reste de l’histoire à des ellipses régulières. Cette narration trouée et épurée ramasse alors le récit d’Emmanuel Mouret et de son co-scénariste Pierre Giraud et leur permet de catalyser la force émotionnelle du film en une poignée de séquences éparpillées.
De la même façon, ce journal intime est augmenté d’une belle ampleur visuelle. Les décors spacieux comme les parcs, forêts et grands musées sont cadrés avec peu de plans rapprochés et un ratio CinémaScope constamment habité par du mouvement. Chronique d’une liaison passagère raconte un récit à petite échelle, mais filmé comme une grande aventure.
Une histoire sentimentale qui est vouée à disparaître, comme l’impose immédiatement le titre du film. Une liaison destinée à être passagère, de la même façon que la mort ne peut qu’être l’issue de la tragédie grecque. Une jolie façon de donner de l’ampleur à une passion dont la joie est donc constamment parasitée par une bouleversante idée de finitude. Malgré tout, le spectateur se met au fur et à mesure du récit, à l’instar des personnages, à croire que cette romance va rompre la malédiction des autres, et durer à tout jamais.
Mais Charlotte et Simon ont fait un pacte, ils doivent se contenter d’une relation de pur plaisir sous peine de réitérer des déceptions sentimentales passées. Mais peut-on ne s’aimer qu’à moitié ? Une très belle question que nous pose Emmanuel Mouret à travers une réflexion à l’amertume qui jure habilement avec le ton léger et doux du long-métrage, l’enrichissant considérablement.
Le Grand silence
Empoisonnés par une relation qu’ils ne peuvent pas complètement consommer, les personnages de Chronique d’une liaison passagère vont alors se plonger dans un antidote pour eux indispensable : la parole. De discussion en discussion, les protagonistes se racontent et se confient avec transparence, mais ne parviennent toujours pas à se dire réellement ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre.
Le verbe caractéristique du cinéma d’Emmanuel Mouret se trouve ainsi court-circuité, comme si les mots en eux-mêmes ne suffisaient plus. C’est alors la caméra du cinéaste qui va prendre le relais des non-dits en quelques travellings signifiants, plans étirés sur le visage affecté d’un comédien et allers-retours pleins de zèle dans le cadre.
Il y a donc les choses que les personnages se disent, et ce que la mise en scène nous montre. En dévoilant les émotions des protagonistes exclusivement à travers des mouvements de cadres, des jeux de décor et des rythmiques de montage, Emmanuel Mouret les rend d’autant plus spectaculaires et intenses. Un dispositif de réalisation passionnant, jusqu’à un final où les mots se libèrent enfin en une dernière séquence déchirante.
Un très beau geste de cinéma qui va plus loin que les mots, quand bien même l’écriture littéraire du cinéaste trouve dans Chronique d’une liaison passagère un merveilleux équilibre avec un niveau de stylisation qui n’écrase jamais la sensation de réel du film. Les dialogues, eux, sont assez brillamment écrits pour sembler naturels, tout en bénéficiant de l’ampleur et de la force des scènes filmées.
Enfin, les comédiens principaux, Vincent Macaigne et Sandrine Kiberlain, usent de la sobriété de leur jeu pour donner de la fluidité et de la crédibilité à leur texte. Ils incarnent leur personnage avec beaucoup de retenue, les rendant d’autant plus tendres et touchants.
Très joli film, j’ai bien apprécié et pourtant j’y allais à reculons. Merci pour la reco Écran Large ;-).
Je n’ai pas aimé. Je suis sorti avant la fin. Ennuyeux.
je suis parti à la moitié du film. Tellement ennuyant que j’avais tendance à m’endormir. Heureusement quelques belles images sauvent le film
Je m’attendais à un film agréable, je l’ai trouvé mièvre, sans aucune intensité avec un scénario plat, des personnages sans aucune profondeur et des dialogues d’une stupidité déroutante.
Je me suis ennuyée et je suis outrée qu’on puisse faire un film aussi mauvais.
Ce film est d’une subtilité fascinante. La qualité des dialogues et de leurs interprètes n’est pas étrangère à la sensation de plaisir in-tranquille qui traverse le film. On se doute qu’il n’y aura pas de « scènes de la vie conjugale » ou extra-conjugale, pas davantage de scènes de sexe et c’est précisément cette pudeur dosée au millimètre qui suscite l’émotion. De très beaux plans de cinéma sans effets inutiles, une belle réussite.
Du vrai cinema, agréablement surprise pour un film français!
DU GRAND CINEMA
J’ai adoré le jeu des acteurs, les décors, la musique, les alternances de scènes éclairées, et d’autres plus sombres. Les scènes d’exérieur, splendissimes.
Pour moi ce film tout en douceur et délicatesse nous change tellement des nanards qui abondent par ailleurs, dans le paysage cinématographique actuel. Merci aussi à Emmanuel
Mouret pour la liberté qu »‘il laisse à ses interprètes ainsi qu’à son équipe de tournage.
J’ai adoré ce film …
D’autant plus qu’en 2020 – en plein confinement – j’ai vécu aussi une liaison passagère avec une autre femme que la mienne.
Visites de musées suivi d’un repas au restaurant ou chez elle et la suite au lit …
Mais, en position horizontale, nous parlions nettement moins.
C’est tout à fait ça : les personnages parlent beaucoup mais ne se disent pas l’essentiel, leur ressenti.Leurs visages et les mouvements de la caméra racontent la vraie histoire.
De plus j’ ai beaucoup ri !
@simon nolan
Je ne comprends pas votre propos, certes ce cinéma est réservé à une clientèle extrêmement érudite et lettrée, avide d’extase poétique et neuronale mais Sandrine et Vincent sont tellement effervescents c’est prodigieux.