Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes – critique du Marvel de Noël sur Disney+

Have Yourself a Merry Little Christmas

Les inconditionnels des productions Marvel allergiques à Mariah Carey, aux guirlandes et aux cantiques niais s’en sortent bien. Très légèrement saupoudrée de détails sur les personnages de la saga et sur leurs relations (particulièrement celle entre Star Lord et Mantis), cette petite aventure est toutefois très courte, pour ne pas dire franchement anecdotique. Pas question d’aller beaucoup plus loin que le postulat original, à savoir l’enlèvement du vrai Kevin Bacon par Drax et Mantis pour faire un cadeau à Star Lord.

Les ruptures de ton et climax chargés qui ont fait la popularité de James Gunn chez Marvel sont donc logiquement aux abonnés absents. Dommage que la parodie du célèbre Star Wars : Holiday Special (ahurissant téléfilm dérivé de l’univers de George Lucas, resté légendaire pour avoir humilié à la fois le casting et l’oeuvre), annoncée par le titre ainsi que par Gunn lui-même, soit trop légère pour combler ce vide. Hormis deux séquences animées, il évite prudemment de rejouer les sketchs délirants de son modèle, lui préférant une brève fugue consensuelle, mais divertissante.

Par élimination, la grande force comique de ce micro-téléfilm de luxe reste donc le duo (peu onéreux) formé par Drax et Mantis, chargé de s’occuper du cadeau de son ami. Les personnalités des deux protagonistes se complètent parfaitement, la bêtise naïve de l’une étant diamétralement opposée à la bêtise bourrine de l’autre, leurs échanges fonctionnent plutôt bien et provoquent plus de sourires que de rires, esprit bienveillant de Noël oblige.

Quand bien même ce Holiday Special n’a qu’une importance limitée pour la trilogie en attente de complétion et plus globalement pour la méga-franchise pilotée par Kevin Feige, il accorde plus de temps à une dynamique qui n’était qu’effleurée dans le précédent opus, mais qui peut difficilement être au centre d’une oeuvre d’envergure. Nos deux héros composent un duo comique qui s’inscrit modestement dans une pure tradition hollywoodienne, rien de plus.

Pom happy, tapis, tapis rouge

Tout est bon dans le Bacon

La mise en abyme laissait d’ailleurs craindre une overdose de clins d’oeil racoleurs, ou pire, une nouvelle affaire de maltraitance de quatrième mur. Heureusement, Gunn goûte peu au cynisme de certains de ses pairs. Malgré les références qui jalonnent le récit (principalement à la filmographie du fameux Kevin Bacon), il se sert de cette petite escapade dans le Hollywood artificiel qu’il connait bien pour rappeler son attachement au star-system américain, à ses absurdités et à ses légers travers.

Comme s’il avait anticipé les propos de Tarantino sur les films de super-héros, il s’amuse à mettre en scène côte à côte la valeur symbolique des costumes des Avengers, indépendante de ceux qui les portent, et une personnalité à laquelle, à l’inverse, on voue un culte qui va jusqu’à effacer ses personnages. L’amour que porte Quill à son idole en fait un héros absolu, tandis que Captain America peut bien être incarné par Chris Evans, Sam Wilson ou un intermittent du spectacle, il restera le même emblème.

We need to talk about Kevin

Une sorte d’éloge discrète de la star américaine à l’ancienne dans ce qu’elle a de plus attachante, bien aidé par l’investissement de Bacon lui-même, qui s’éclate comme jamais dans son propre rôle. Cette bonne humeur, ainsi que celle du duo en charge de le ravir, est assez contagieuse pour justifier quelques chansons mièvres et l’obligatoire conclusion pleine de bons sentiments. Si l’esprit de Noël, c’est vraiment un délicat mélange de simplicité et de sincérité, cette mission secondaire des gardiens de la galaxie parvient effectivement à le restituer quelques dizaines de minutes.

Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes est disponible sur Disney+ depuis le 25 novembre 2022