SAD STORY
En plus d’avoir bercé plusieurs générations, le roman Matilda fait partie des derniers écrits et dernières belles démonstrations d’insolence de Roald Dahl avant son décès en 1990. Son histoire sur une petite fille extraordinaire qui emprunte autant à Cendrillon qu’aux X-Men a déjà été adaptée en 1996 par Danny DeVito, également présent au casting. Son film n’a pas eu la postérité des adaptations de Charlie et la Chocolaterie ou de Sacrées sorcières, mais a parfaitement retranscrit l’esprit malicieux et permissif du roman de l’écrivain britannique.
La nouvelle version de Netflix, si elle reprend aussi les grandes lignes de l’histoire originale, a cependant choisi de faire un pas de côté pour mettre l’accent sur le pathétique sous-jacent de l’oeuvre. Le scénario insiste particulièrement sur la solitude de Matilda et la cruauté de ses parents, qui cherchent à la blesser au-delà de l’humilier. Le film est donc moins drôle et malicieux, mais aborde plus frontalement la détresse psychologique et la rancoeur de sa jeune protagoniste. Ainsi, le rapport de Matilda à la littérature extériorise son inventivité et sa vivacité d’esprit, mais aussi et surtout son profond mal-être.
Comme disent les jeunes, « cheh »
DOUBLE LECTURE
Cette petite fille malheureuse s’est réfugiée dans les livres, y a trouvé une zone de confort et une échappatoire, jusqu’à ce qu’elle se mette à inventer ses propres histoires pour tenter de réécrire la sienne. Elle mêle à son récit ses fantasmes (un père aimant et secourable), ses angoisses (la tante maléfique calquée sur Legourdin) et ses peines à travers la fille de l’escapologiste à qui elle impose sa réalité et emprunte sans le savoir le vécu de Mademoiselle Candy. Dès lors, le film prend la forme d’une poupée russe et entremêle le réel et le fictif, qui se superposent aussi bien dans la narration qu’à l’écran.
Un personnage plus effacé, moins complice
En plus de sonder son esprit et d’y faire quelques escales, le film tisse une relation intime entre elle et Mme Foylot, la propriétaire d’un bibliobus qui a eu droit à un rôle plus important. C’est elle qui écoute les bouts d’histoire de Matilda, qui lui donne des conseils et s’inquiète pour elle, devenant ainsi une nouvelle figure adulte bienveillante en plus de Mademoiselle Candy (qui reste cependant un peu trop lisse et sage). Avec son sceau de popcorn et son intérêt sans faille, le personnage de Sindhu Vee tient en quelque sorte notre rôle, celui de spectateur qui se prend au jeu et souhaite une fin heureuse.
Si elle n’est pas inintéressante et place la littérature et l’imagination au coeur de son intrigue, cette démarche méta est parfois confuse, ce qui a tendance à alourdir l’histoire, qui manque d’un peu de simplicité et d’enfantillage pour être vraiment touchante ou l’ode à l’enfance qu’elle devrait être.
Une lectrice et spectatrice des plus dévouées
THE GREATEST SHOWGIRL
Comme le laisse deviner le titre, cette nouvelle adaptation a la particularité d’être une comédie musicale, ce qui lui laissait l’occasion d’exalter son récit et d’assumer pleinement son caractère fantasque. Si quelques scènes chantées sont dispensables et plombent le rythme le temps de deux ou trois minutes, il faut néanmoins saluer le travail de réalisation et de chorégraphie, les séquences musicales poussant à fond la mise en scène et l’extravagance, avec une mention spéciale au numéro de Legourdin.
Celui-ci fait jaillir toute sa folie, son exubérance (et sa forme physique olympienne) après avoir passé trois quarts d’heure à garder une expression sévère et monolithique. Emma Thompson, qui rajoute une métamorphose à son CV après Harry Potter et Nanny McPhee, est par ailleurs bluffante dans le rôle de cette armoire à glace mi-ogre mi-marâtre. D’autres séquences comme celle sur le morceau When I Grow Up (sans rapport avec les Pussycats Dolls) retrouvent l’insouciance de Roald Dahl et se mettent à hauteur d’enfants pour mieux leur parler et les faire rêver, tout en accordant plus de place et d’intérêt aux personnages secondaires.
Couplé au jeu vif d’Alisha Weir (qui prend brillamment la relève de Mara Wilson) et à la direction artistique colorée (ou exagérément glauque dans le cas de l’école et de l’étouffoir), le film déborde d’énergie et renoue avec l’esprit contestataire et indigné du roman – la chanson entêtante Revolting Children cristallisant cette euphorie révolutionnaire. Malheureusement, cette volonté de spectaculaire est à double tranchants, notamment au moment de l’affrontement contre Legourdin, qui abuse d’effets spéciaux et force trop le dramatique pour ne pas devenir complètement froid et artificiel.
Toujours est-il que Matilda reste un divertissement bienvenu pour Noël et les fêtes de fin d’année, et reste de bon augure pour les prochaines adaptations de Roald Dahl par Netflix dont on pourra attendre des nouvelles avec un peu moins d’appréhension.
Matilda : La comédie musicale est disponible sur Netflix à partir du 25 décembre 2022
J’ai vu à Londres la comédie musicale.. Malgré son succès internaitonal. j’ai détesté, En cause principalement une musique criarde, sans saveur, ne jouant que sur l’énergie. Impossible de garder en mémoire une seule musique. Alors cette adaptation est épuisante, laide, criarde, sans charme. Ces chorégraphies « électriques » impressionnantes oui, mais que tout cela est laid… Cette vision sans saveur où se côtoient des enfants qui crient en permanence et des adultes plus détestables les uns que les autres m’a épuisé Une machine à sous et à soupirs
La version de DeVito reste la meilleure adaptation.
Franchement nul !!
« sans rapport avec les Pussycats Dolls »
Je l’avais pas vu venir celle-là PTDRRR
Pour information, ce film est une adaptation de la comédie musicale qui tourne depuis quelques années, voire une décennie, à Broadway ou à Londres. La Comédie musicale explore un côté plus sombre du personnage de Matilda. Ce qui est bien retranscrit dans le film. L’adaptation de Netflix, de plutôt bonne facture, n’apporte pas grand choses en elle-même. Le mérite est juste d’avoir fait du spectacle un film (réussi).