MAL ET FILS
Le film part avec quelques bonnes cartes en mains. Entre les décors classiques mais toujours appréciés de la grande maison vieillotte et de la morgue insalubre, le cadre est séduisant et la photographie se tient. De même, si la première partie du film ne prétend pas à grand-chose, elle n’est ni honteuse ni désagréable. Tout comme The Vigil sorti en 2019, L’Emprise du Démon change des histoires d’exorcismes toutes racontées sur le même modèle de codes catho en se penchant sur le judaïsme. En utilisant un folklore moins rabâché, le film conserve un effet rafraîchissant sur sa première moitié.
Malheureusement, il ne s’en conforme pas moins au moule des scénarios clichés de films d’horreur moralisateurs lors de son dénouement. Un dénouement par ailleurs interminable qui vient conclure une deuxième partie particulièrement laborieuse dans laquelle les personnages font semblant de mourir quatre fois avant de casser leur pipe. On y oublie aussi presque totalement la relation père-fils, censée être l’un des arcs émouvants du film, mais comment la faire exister au sein d’un scénario aussi boiteux, dans lequel les personnages secondaires n’ont pas leur place ?
DANS LA COUR DES COURTS
Le réalisateur Oliver Park s’est fait connaître dans le milieu du court-métrage de genre grâce à ses films Vicious et Still, respectivement sortis en 2016 et 2017. Les deux films racontent chacun l’histoire d’une femme seule chez elle qui se retrouve confrontée à d’effrayantes manifestations (surnaturelles et sans pancartes). C’est d’ailleurs à peu près tout ce que ces courts-métrages proposent : une écriture et une mise en scène pauvres et bancales, reposant uniquement sur une apparition saisissante mais qui ne suffit pas. Et dans une continuité logique, il en va de même pour ce premier long-métrage.
Les acteurs, aussi insipides que leur personnage, sont une épine dans le pied de la mise en place du récit : l’intérêt que suscitent leurs mésaventures restera malheureusement très limité jusqu’à la fin du film. Et même surtout à la fin du film. Tout comme pour les courts-métrages cités, Park semble ne miser que sur l’efficacité d’une scène en particulier qui, si elle est très réussie, ne peut pas sauver la dégringolade sans fin du scénario au travers des multiples jumpscares artificiels.
ABYZOU DE BONNE NUIT
Cette scène très réussie, quelle est-elle ? Tout comme dans le Annabelle de John R. Leonetti qui, au milieu d’un film tout juste passable, frappait très fort avec la scène de l’ascenseur, L’Emprise du Démon réserve un superbe moment de frayeur d’une simplicité confondante. Au beau milieu de la morgue, un jeu de lumières clignotantes et de portes battantes donne lieu à une apparition saisissante : le démon Abyzou. La créature est suffisamment plongée dans le noir pour que son design très surprenant ne pâtisse pas trop des effets spéciaux fauchés (ce qui ne sera plus le cas dans la suite du film), et cette séquence reste indéniablement le moment le plus marquant du film.
Il aurait d’ailleurs mérité d’être plus au centre de l’histoire. Le cinéaste aurait sans doute pu abandonner à son profit le fantôme de la petite fille, complètement à côté de la plaque et qui souffre de la comparaison avec les rares scènes réussies. Et ce n’est pourtant pas compliqué de faire peur avec un fantôme de petite fille. Mais cette vilaine gamine – dont le rôle reste d’ailleurs très mystérieux – n’est finalement que l’un des multiples symptômes trahissant une construction faite sur des schémas faciles, restés inaboutis et qui laissent craindre pour la suite de ce passage au format long.
Salmigondis de jump scare attendus.
Sans intérêt, passez votre chemin.
Whaaaa comment le film se fait démonter 🙂
« surnaturelles et sans pancartes » ça m’a bien fait rire j’avoue ! Bon sinon le film a quand même pas l’air fou.