QU’EST-CE QU’ON A FAIT AU BON DIEU ?
“Je me sers de mes médias pour mener un combat civilisationnel”. Ces mots, ce sont ceux de Vincent Bolloré, rapportés par le journaliste Vincent Beaufils dans une biographie dédiée au milliardaire. Autant dire que, depuis, on a eu l’occasion de constater la réalité de cette assertion, ne serait-ce qu’au contact des torrents d’inepties rétrogrades proférées par les Pascal Praud, les Hanouna et autres animateurs d’En quête d’esprit qui pullulent sur les chaînes du groupe Canal+.
Il est donc aussi navrant que peu surprenant de voir le “catholique traditionaliste” (selon les termes de Wikipédia) profiter de son influence pour rassembler les Sinister Six de la pensée réac bien de chez nous. C’est là qu’entrent en jeu le Puy du Fou et les Bouffons verts de la famille De Villiers, toujours prompts à exploiter leur parc à thèmes pour une instrumentalisation en règle de l’histoire.
Le succès indécent de la structure vendéenne permet désormais l’émergence de Puy du Fou Films, une société de production pensée pour exploiter les décors du parc pour des tournages, un peu à la manière d’une Cinecittà hexagonale. Dans les faits, l’idée est plutôt maline, et Nicolas de Villiers (directeur du Puy du Fou et producteur de Vaincre ou mourir) ne se prive pas de vanter les possibilités qui en découlent, à savoir d’en tirer un cinéma historique, épique, familial et rassembleur, bien loin de “ces films de gauchistes ultra-subventionnés par nos impôts” (insérer nom de Youtubeur inculte de droite).
Vaincre ou mourir est ainsi la première trace de pneu tendance diarrhée carabinée à sortir de cette usine infernale, épaulée par StudioCanal et l’implication personnelle de Bolloré, ainsi que par SAJE, un distributeur spécialisé dans les films chrétiens. Pour couronner le tout (sans mauvais jeu de mots), l’équipe puyfolaise a décidé d’adapter Le Dernier Panache, l’un des spectacles les plus populaires du parc autour des guerres de Vendée, et la figure controversée du Général François-Athanase Charette de la Contrie.
Entendons-nous bien, les guerres de Vendée reflètent peut-être mieux qu’aucun autre événement historique la période trouble que fut la Révolution française. Pour peu qu’on ait eu un prof d’histoire compétent dans sa jeunesse, il est impossible de tracer une ligne claire entre le blanc et le noir au sein de la multitude d’insurrections, de répressions, et de guerres civiles qui ont mené à la laborieuse institution de la République. Donc en l’état, il n’est pas question de faire un procès d’intention à un biopic sur Charette, militaire devenu presque malgré lui un symbole de la résistance anti-républicaine, catholique et monarchiste, bien que le bonhomme puisse sembler aujourd’hui du mauvais côté de l’Histoire.
Quand tu tournes dans le jardin de mamie Josiane
LES FACHOS SORTENT DU BOIS
Mais pour cela, il aurait fallu que Vaincre ou mourir ait pour priorité la nuance, ce qui n’est en aucun cas son souhait. Au contraire même, la production de Puy du Fou Films donne le bâton pour se faire battre dès son ouverture ubuesque, un sublime KO par forfait où des historiens viennent poser le contexte du long-métrage afin de servir d’argument d’autorité à la suite de la reconstitution.
En même temps, il est bon de préciser que cet objet improbable a d’abord été pensé comme un docu-fiction à destination de la télé, avant que ses décisionnaires ne décident d’en faire une fresque de cinéma (sic). Pas de bol, ça se voit, et ça se voit même beaucoup, puisque les réalisateurs Paul Mignot et Vincent Mottez n’essaient même pas de se dépatouiller de cette base.
Entre une musique générique que même un Hans Zimmer torché au Jägermeister n’aurait pas vomie au petit-déjeuner, et la voix-off omniprésente du héros qui donne envie de se percer les tympans, Vaincre ou mourir est moins un film qu’un podcast de luxe, platement illustré par des suites d’images sans queue ni tête, et des agrégats de scènes qui annihilent toute notion de scénographie, comme s’il s’agissait d’un défi.
Quand tu tournes sur le petit chemin de forêt qui mène au jardin de Mamie Josiane
Incapables de construire la moindre émotion, le moindre arc narratif ou le moindre souffle épique (pourtant vendu comme l’ambition numéro un de cette daube), les deux réalisateurs ne peuvent dissimuler la misère derrière une caméra à l’épaule indigente et un hors-champ qui en devient involontairement comique à force de se refuser de filmer la moindre bataille. Et encore, on ne parlera pas de la photographie qui fait passer la Vendée pour Dunkerque, puisque l’équipe technique ne devait pas savoir qu’un chef opérateur est essentiel sur un plateau.
Forcément, cette frise chronologique sans âme, qui engloutit les dates et les ellipses au point de causer l’indigestion, n’a pas d’autre choix que de se reposer sur la description permanente (mais VRAIMENT permanente) de Charette. Le pauvre Hugo Becker en vient d’ailleurs à faire rire en essayant de trouver la jonction vocale parfaite entre un Clint Eastwood constipé et le Batman de Ben Affleck. À ce moment-là, l’envie de se tirer une balle est à peine endiguée par le fait que le suicide reste un péché, et l’on ne peut que voir en Vaincre ou mourir l’inverse absolu de l’idée de mise en scène, tant ses plans ne racontent rien par eux-mêmes, à la manière d’une négation (presque) fascinante de l’expression “show, don’t tell”, si chère à notre septième art adoré.
L’état du cinéma après Vaincre ou mourir
CLAIREMENT, MOURIR
De là, on pourrait continuer de tirer avec joie sur l’ambulance, si sa forme catastrophique n’était malheureusement pas en adéquation avec son révisionnisme puant. Sans sourciller, et avec une approche décomplexée qui devrait franchement inquiéter, la production de Puy du Fou Films s’assume comme un tract royaliste et catho intégriste, où la République est perçue comme le système politique qui a, petit à petit, entraîné la chute de “nos valeurs chrétiennes”. Le montage erratique se veut au service d’une vision binaire de l’Histoire, faisant de tous les Républicains des manipulateurs narquois et méprisants, ou des criminels de guerre assoiffés de sang, le tout appuyé par des inserts pachydermiques sur des lames de guillotines et des baïonnettes.
Dans ce fatras irresponsable, les personnages se contentent tous d’être de bêtes fonctions, des pancartes qui cherchent juste à légitimer l’appellation hautement polémique de “génocide vendéen”. Charette devient une icône jamais remise en cause pour ses actes et son positionnement idéologique, et c’est bien normal puisque le long-métrage en fait un véritable héros de la nation, un défenseur d’une chrétienté nauséabonde portée en étendard (quand bien même la dernière partie montre que son orgueil l’a amené à envoyer au casse-pipe des paysans sous-armés).
Un film à l’image de cette photo : vide et austère
Difficile de ne pas tracer un parallèle immonde entre cette réécriture simpliste de l’Histoire de France et la stratégie de ses artisans, persuadés d’être de nouveaux Croisés partis en guerre pour sauver un pays qu’il faut évangéliser de nouveau. À moins que ce prosélytisme ne soit purement cynique, adapté à une époque grandement propice à sa résurgence, alors que des pans entiers de la population française ne savent plus en quoi croire.
D’aucuns se contenteront sans doute d’ignorer la chose, ou de minimiser son impact, mais la sortie de Vaincre ou mourir est bien grave et alarmante. Voilà le signe avant-coureur d’une extrême-droite catho qui trouve plus que jamais des tribunes décomplexées pour vomir son fiel, ce qui n’est pas sans évoquer le succès progressif des saloperies évangélistes américaines (Dieu n’est pas mort, Unplanned…), devenues aujourd’hui un business à part entière.
Il convient donc de pointer du doigt non seulement les responsables de sa fabrication, mais surtout ceux qui cautionnent son existence (en particulier les exploitants de salles, qui ont pourtant le choix de leur programmation). On supposera que leur éthique à géométrie variable ne devrait pas les empêcher de s’offusquer face à la montée de l’extrême-droite à chaque nouvelle élection…
Mais le pire là-dedans, c’est que Vaincre ou mourir n’est même pas un film. À force de chier à la gueule des règles les plus élémentaires du découpage et du montage, il n’est que l’une des expériences audiovisuelles les plus longues et douloureuses de ces dernières années, là où ses modèles américains ont au moins le mérite de faire passer la pilule réac par un minimum de tenue technique.
On peut en revanche parler d’antéchrist, d’anti-film, d’anti-cinéma et d’anti-culture. Le voilà, le véritable “combat civilisationnel” de Vincent Bolloré, qui exploite le septième art en outil de propagande similaire à Touche pas à mon poste. Bienvenue en 2023, et au retour de l’obscurantisme le plus total, qui ne prend même plus la peine de se fournir un écrin attrayant pour masquer son odeur méphitique. Non, plus besoin. Il suffit désormais de pondre un machin analphabète, pensé par des gens crétins, à destination d’un public que ces élites considèrent comme tout aussi crétin. Mais soyez rassurés chers agneaux, l’Apocalypse approche, puisque Vaincre ou mourir en est sans nul doute l’un des plus gros signes annonciateurs.
Ils ont besoins d’un cheffre/20
Heureusement qu’on a des gens comme Gordon, la France ne sera donc pas devenue un musée poussiéreux mais une décharge géante à ciel ouvert. L’important c’est que Gordon et ses amis puissent s’y plaire.
J’AI REVU RECEMMENT LES ENFANTS DU PARADIS QUELLE OEUVRE DE MARCEL C MEESAGE A LA GOCHE VOUS ETES VIDE ON SE FAIT CAGUER A VOUS REGARDER ET EN PLUS VOUS PIQUEZ NOS SOUS
C’est dingue qu’un film purement historique entraîne une réaction aussi violente de la part des gauchistes. Cet article semble avoir été écrit par un possédé…
gordon explique moi la phrase: « la conviction Républicaine dans tout ce qu’elle a de plus noble et de plus élévateur pour l’homme »
Parce que là après avoir lu ton commentaire de bon républicain je vois vraiment pas de quoi il est question.
Film de propagande pour catho-intégristes bouffeurs d’hostie, lécheurs de culs royaux et moutons de panurge trop heureux de laisser dieu et ses fidèles faire l’effort de penser à leur place et soucieux de ramener au goût du jour une vision arriérée de notre société : blanche, chrétienne, hétéro, nataliste, médiévale, archaïque et soucieuse de tendre le cul comme une soumise à toutes les têtes couronnées et mitrées qui se pointent. Avec ce genre de gens, la France ne serait plus qu’un objet de musée poussiéreux, coincé des siècles dans le passé, une vieille mémé grincheuse et parano, du genre de celle qui garde son fusil sous le coude des fois que le voisin (basané de préférence) ait le malheur de jeter un oeil par dessus la haie pour voir ce qui se passe. Avec au top niveau Vincent Bolloré, raclure niveau platine, à qui ont doit la présence de ce rebus de fond de chiottes publiques de Cyril Hanouna. Rien que cela devrait nous donner une bonne idée de ce que ces tristes sires nous réservent si on les fait venir au pouvoir.
Le génocide Vendéen n’est qu’une mascarade inventée par une frange de la population que le roman national a injustement laissé sur le carreau. S’ il est clair que la République n’a pas pris de gant avec la population vendéenne, l’appellation de génocide est un mensonge infect eu nauséabond, les massacres étant d’ordre politiques et non ethniques. Sans compter cette vision tout aussi fausse d’une Vendée unie dans l’idéal monarchique alors que bien des vendéens ont rejoint la cause révolutionnaire et ont même figuré à la Convention Nationale. La tendance à considérer ce chapitre de notre histoire comme un génocide est la résultante d’une omerta historique qui a pourtant depuis été longuement levée. Mais les cathos-intégristes sont taillés dans le même bois : celui qui préfère les pieux mensonges que les vérités ardues, les idées de propagandes que les faits historiques. Traverstir l’Histoire, mentir sur les faits, arranger la chose à notre sauce, voilà le crédo des cathos-fachos. Les raccourcis faciles évitent l’effort intellectuel après tout. Pas surprenant venant de gens qui remettent leur seule existence entre les mains d’un démiurge fictif au lieu de prendre leur destin en main.
Rassurons-nous, cet étron cinématographique n’aura aucun impact dans notre culture, tant il est minable. Mais il reste cependant un cri d’alarme qui nous rappelle que les idées les plus néanderthaliennes qui gangrènent notre pays ont de plus en plus de tribunes pour cracher leur haine. L’ennemi est à nos portes depuis trop longtemps. Il est peut-être temps, quitte à filer du grain à moudre à cette espèce de vieux con de De Villiers et à ses thuriféraires, de reprendre les armes et de renouer avec la conviction Républicaine dans tout ce qu’elle a de plus noble et de plus élévateur pour l’homme. En commençant par exemple par fermer le Puy-du-Fou, usine de propagande pour fous de dieux illuminés. Afin que l’hydre obscurantiste et arriérée à qui l’on doit ce genre de méfait cinématographique retourne crever de sa belle mort dans le trou à purin qu’elle n’aurait jamais dû quitter.
Vive la République. Mort au roi.
Votre crtique est a votre image, une grosse daube
Vous êtes un peu dur tout de même, la prod ok est géré par une bande de royaliste de droite avec la fortune de leur parc a thème a la con, ça c’est factuel.
Mais ça au moins le mérite de parler d’une tranche de l’histoire de France macabre est très sombre, la République un peu comme aujourd’hui à une échelle différente mat le peuple et les insurrections avec une violence exacerbée.
Parlons du film qui est plutôt bien tourné avec un manque de budget évident le Real arrive à faire quelque chose de passionnant, et sans se noyer dans une multitude de détails historiques , il arrive à découper son récit avec des dates clés .
Effectivement il y a petit côté docu on le récent parfois mais c’est pas sans déplaire car l’histoire avance tout de même plutôt rapidement et on a pas vraiment l’impression de regarder Louis la brocante sur France 3 faut pas déconner.
Moi je trouve que c’est du cinéma français un peu burné car il soulève des thématiques qui sont très controversées c’est autre chose qu’une merde avec Romain Duris qui interprète Eiffel ,fait sous fond vert et monté par un tâcheron.
Voilà bonne surprise que ce petit film et qui m’a pas sembler être un outil de propagande quelconque pour essayer de me retourner le cerveau pour justifier des actes d’une époque révolu.
Personnellement je suis fan du Puy du Fou, j’ai vu le film 3 fois et jamais été déçue. C’est vraiment dommage de détruire ainsi l’image d’un film qui ne fait que montrer la vérité. Il faut avoir un minimum de culture générale pour se rendre compte des atrocités de cette guerre, et ne pas se voiler la face avec des articles si pleins de haine.
Tiens, un faf s’invente cinquante pseudos pour déverser sa bêtise crasse en commentaire.