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Project Wolf Hunting : critique bourrino-gore

Par Mathieu Jaborska
14 février 2023
MAJ : 21 février 2023

Après le truculent The Sadness, c’est au tour de Project Wolf Hunting de quitter les festivals (L’étrange festival, Gérardmer et le PIFFF, entre autres) pour nos salles, grâce à ESC. Un petit miracle : les bains de sang de ce calibre ont rarement l’occasion d’éclabousser les murs des multiplexes français. Alors on ne va pas bouder notre plaisir et on va s’efforcer de ne pas trop en révéler.

Project Wolf Hunting : photo

Raid dingue

Attention : le synopsis officiel, lisible notamment sur Allociné, en révèle un peu trop. Bien entendu, Project Wolf Hunting n’est pas exactement un whodunnit millimétré, bien au contraire. Il avait été largement comparé à The Raid lors de sa tournée des festivals. Des flics à l’intégrité aléatoire, des criminels assoiffés de sang transférés vers la Corée du Sud, une émeute impromptue, une bonne dose d’ultra-violence et un huis clos bien crado… Sur le papier, c’est bien un nouvel ersatz du classique contemporain de Gareth Evans, si toutefois l’immeuble décrépi était un cargo huileux.

Et ça fait à peu près illusion jusqu’à un énorme dérapage bis éloignant le film du diptyque indonésien (que les bandes-annonces ont par ailleurs l’audace de ne pas révéler). Et c’est pour le mieux, puisque les bastons qui parsèment ces deux heures n’ont pas la prétention de rivaliser avec ses chorégraphies ahurissantes, privilégiant les geysers d’hémoglobine à la minutie des mandales. Car passé ce point de non-retour, l’hypothétique film d’action vire au film d’horreur pur et dur, et se vautre largement dans l’un de ses sous-genres les plus généreux.

 

Project Wolf Hunting : photoDernier bateau pour Busan

 

La rupture de ton est d’autant plus délirante qu’elle intervient quasiment à la moitié, ajoutant au bordel ambiant une dose de folie supplémentaire. L’idée est à la fois le meilleur atout et le plus gros handicap du film. Car une fois le twist révélé, il ne gagne plus en puissance et l’heure restante se contente de massacrer les personnages encore en vie – ils sont nombreux – un à un, ce qui lui a valu d’ailleurs également une comparaison avec Battle Royale. Contrairement au chef-d’oeuvre de Kinji Fukasaku, Project Wolf Hunting n’a qu’une seule devise, un seul objectif, une seule bannière : la bourrinerie pure et dure, dans la grande tradition du cinéma d’exploitation bête et crado.

 

Project Wolf Hunting : photoSe taper (sur les doigts)

 

Splatterboat

Et il est à la hauteur de cette modeste ambition. C’est en effet un digne représentant de ce cinéma-là, miraculeusement dénué du cynisme rigolard qui contamine le cinéma d’horreur contemporain aux 4 coins du globe. Moins influencé par le Category III que pouvait l’être The Sadness par exemple, il se situerait plutôt au croisement entre les héritiers jusqu’au-boutistes de Sam Raimi et Peter Jackson (on pense à Kitamura) et certains délires sanglants japonais.

Une filiation qu’il assume souvent pour le meilleur, parfois pour le pire : le film est délicieusement bancal, bouffant à tous les râteliers au point d’emprunter des plans à John McTiernan lui-même (l’auteur de ces lignes doit avouer avoir laissé échapper un éclat de rire sincère à ce moment), s’empêtrant dans son impressionnant bodycount, quitte à paraître franchement répétitif. C’est une gigantesque orgie dégoulinante de viscères, de fautes de goût, de stupidité et de sincérité. Un délire pop qui envoie ses dizaines de comédiens-figurants à l’abattoir, quitte à transformer le beau gosse chanteur de pop Seo In-guk en sadique tatoué et traumatiser les deux tiers de son public.

 

Project Wolf Hunting : photoSang pur

 

Le peu de substance des personnages se répand au sol une fois leur crâne broyé et les synapses des spectateurs se déconnectent les unes après les autres. Le carnage peut hypnotiser ou ennuyer, au choix, d’autant qu’il manque d’un climax à la hauteur de son ultra-violence. Mais les amateurs de tripaille prendront assurément leur pied (et le balanceront à l’autre bout de la salle) devant un flashback historique azimuté ou quelques meurtres sinon inventifs, au moins bien gorasses, accompagnés d’un sound design consistant à exploser des centaines de citrouilles pourries sur des micros. Sprotch.

 

Project Wolf Hunting : affiche

Rédacteurs :
Résumé

Une élucubration gore un poil répétitive, mais dans la droite lignée des splatter movies les plus bourrins.

Autres avis
  • Antoine Desrues

    Sur le papier, c'est bien sûr un grand oui, y compris pour ce qui est du twist régressif mais jouissif de ce bain de sang. Mais très vite, Project Wolf Hunting manque d'idées et de mordant, et se contente des mêmes effets gore répétés ad nauseam.

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Commentaires
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SebSeb

Mais qu’est ce que c’était bon bordel ! Une bonne série B qui prend le gore au sérieux mais avec second degré et humour, c’est L’arme X (Wolverine) et Predator en mode Resident Evil chez Rec 4. Bonne grosse rigolade, comme The Sadness.

@CineP

Ah mon dieu !!!!
Mais c’est qui qui fait ça ?!!!!

kast_or

Non, vraiment… on est vraiment dans le gros nanar là.
Les films films ultra violents ne me dérangent pas spécialement (j’ai d’ailleurs beaucoup apprécié The sadness et encore plus The terrifier 2) mais là rien ne va.
Les acteurs sont mauvais, les scènes sont fades, les effets spéciaux grotesques, l’histoire complètement plombée par la piètre réalisation, aucune tension, aucun enjeux.
Même le sang est raté, de l’eau avec un peu de colorant rouge pour un rendu ridicule. C’est quand même balo pour un film qui faire dans la surenchère de gerbes de sang…

Mokuren

« quitte à transformer le beau gosse chanteur de pop Seo In-guk en sadique tatoué et traumatiser les deux tiers de son public »

Commentaire macho mais assez drôle, en fait. Les fameux « deux tiers de son public » ont aussi beaucoup apprécié la vision de son postérieur dans le film, vous savez ! Et son sens de l’humour, qui a toujours fait partie de son charme. Bref, on a retrouvé notre Seo In Guk comme on l’aime, avec son audace et sa personnalité. Au fait, je ne sais pas ce qu’on vous a dit dans le dossier de presse, mais il a une expérience d’acteur solide à son actif depuis une dizaine d’années. Qu’il fasse enfin un méchant semble avoir réjoui plutôt que traumatisé son public.

CineP

The Sadness est raté (tout comme Terrifier 2 dans un autre registre), PWH a le mérite d’être divertissant. Comment prendre au sérieux un film au gore sous forme de geysers de sang et personnages dotés de pouvoirs ? Quant à Laugier et Ducournau… Horreur poseur/grand public bof bof… Et tenir « 20 minutes en mode accéléré », c’est surtout qu’on a piraté PWH. Les distributeurs indépendants, ici ESC, apprécieront qu’on pirate leur film pour chier dessus.

Film complètement con

qui fait dans la violence bête, gratuit et complaisante sans queue ni tête.
J’ai tenu 20 minutes en mode accèléré.
Ce n’est pas juste moche et complaisant c’est chiant en plus.

Miraken

Très loin de l’excellent » The Sadness ». Plus proche du nanar hyper gore.

zetagundam

Donc un peu à l’image du gorissime « The Nignt come for us »

cinefab

Un film qui ma fait le même effet que The Sadness une escalade de l’ horreur gratuite, choquer pour choquer, même si le sang à la consistance d’un mauvais beaujolais, les intentions malaisantes des antagonistes fond virer le film vers le torture Porn en roue libre, les victimes ne sont que des morceaux de viande qu’on saigne de façon perverse, pas, plus ma came, on est pas chez Laugier ni chez Ducournau pour sur, ….

Sess

Malheureusement redondant et sans idée. Tout l’inverse de The Sadness.