Best-Zeller
En passant à la mise en scène de cinéma sur ses propres créations pour la scène, Florian Zeller avait tout pour se casser les dents. Pourtant, au-delà du traitement scénaristique de son sujet et de la performance d’Anthony Hopkins, la réussite de The Father dépendait de sa réflexion toute cinématographique. Le corps de son protagoniste, encapsulé dans cet appartement mutant, y évoluait par à-coups, tandis que la matérialisation de sa psyché vacillante affrontait des raccords volontairement incohérents. Par le montage, l’espace fixe se transformait en véritable décor en mouvement, soit l’inverse du théâtre filmé.
Cependant, le concept même du film permettait un parti-pris aussi fort. À l’inverse, l’adaptation de The Son semble, à première vue, plus ingrate et difficile. Il y est à nouveau question de suites d’appartements, à commencer par celui de Peter (Hugh Jackman), lieu de vie fantasmatique au cœur de Manhattan, où il vit avec sa femme Beth (Vanessa Kirby) et leur bébé. Il ne faut pas longtemps pour que le vernis de cette bourgeoisie idéale se craquelle. Kate (Laura Dern), l’ex-femme de Peter, vient sonner à sa porte pour lui annoncer que leur fils, Nicholas (Zen McGrath), sèche les cours et ne va pas bien. L’adolescent souhaite rejoindre la famille recomposée, ce qu’accepte le père aimant, mais dépassé.
Là où The Father se reposait sur la perdition progressive et inévitable d’un homme dont l’esprit malade l’isole, The Son est construit sur une tentative de reconnexion, toujours avec ces espaces clos comme arènes des tourments humains. On aurait pu craindre que Zeller ne perde sa caméra dans les joutes verbales et les élans lacrymaux, mais il réfléchit une nouvelle fois à cet espace, aux limites ouvertes et abstraites de la scène de théâtre, et à la manière dont son objectif peut leur donner une tout autre valeur.
L’idée brillante du film est alors d’assumer l’artificialité larvée des quatre murs qui emprisonnent cet enfant et ses sentiments. Si le réalisateur joue avec les lignes de fuite dans des champs-contrechamps où le dialogue s’enclenche (un signe d’ouverture), il les contraste bien souvent par des aplats qui bouchent l’arrière-plan. Les comédiens se retrouvent plaqués contre le décor, pour mieux refléter l’incompréhension qui se tisse entre eux. Zeller en tire parfois des compositions d’une magnifique ambiguïté, à l’instar de cette visite chez un psychologue. Les protagonistes s’opposent et communiquent à partir des deux coins de la pièce, alors que le mur derrière eux démontre une impasse que tout le monde refuse de voir.
Spleen et idéal
L’effet pourrait sembler scolaire ou programmatique, mais The Son devient dès lors une anti-pièce de théâtre, médium du dialogue qui dépeint ici son impossibilité. Peter supplie son fils d’expliquer son mal-être “avec ses propres mots”, bien que celui-ci en soit incapable. Les phrases peinent à se terminer, et le besoin maladif d’une réponse rationnelle se prend de plein fouet la réalité complexe de la dépression. Florian Zeller en joue, et revient même à des éléments encore plus théoriques du théâtre pour manipuler le spectateur, à l’image de ce fusil de Tchekhov littéral, source de suspense insoutenable pendant une bonne partie du long-métrage, bien que traitée avec la pudeur d’une synecdoque bienvenue : une machine à laver.
En transitant des planches au cinéma, le réalisateur aurait pu renforcer une mise en scène en accord avec l’intériorité de ses personnages. Pourtant, The Son reste cryptique, d’autant qu’il s’attarde moins sur le point de vue du personnage éponyme que sur celui du père, magnifiquement incarné par un Hugh Jackman investi.
On pourrait reprocher à Zeller de privilégier ce regard par rapport à celui de l’enfant en souffrance, mais le cinéaste y puise la véritable tragédie de son film. À la manière d’un Œdipe moderne, Peter cherche tellement à fuir le modèle de parentalité toxique de son propre père (Anthony Hopkins, dont la seule apparition suffit à glacer le sang) qu’il finit par tomber dans les mêmes travers.
L’histoire se répète inexorablement, et les traumatismes se transmettent de génération en génération. La culpabilité de chacun (d’avoir refait sa vie, de décevoir ses parents…) pèse tellement sur leurs épaules que tout l’amour du monde ne saurait éviter à la cocotte-minute d’exploser. De là, The Son impressionne par son tempo et sa gradation dérangeante, à la fois soutenue par sa réalisation au cordeau et par l’implication dévastatrice de ses comédiens. Un film bouleversant sur la transmission, dans ce qu’elle a de meilleur comme de pire.
Vu hier, je n’ai pas retrouver la puissance de the Father, ici les ficelles sont grosses, c’est lent … très lent ! On essaye de nous tirer les larmes avec des situations vues et revues et de la musique dessus pour bien appuyer les moments d’émotions. Hugh Jackman et Anthony Hopkins sont top, Laura Dern un peu monocorde et manque de relief dans ce rôle. Ça reste un bon film mais vraiment mal cadencé pour ma part
magnifique film , criant de vérité !
@Hank Hulé qui passe sa vie à poster des coms nuls.
C’est dingue d’être aussi patate…
The father très bon film. Remarquable interprétation de Hopkins. Tout en sensibilité. Acteur incroyable depuis bien longtemps mais il m’a particulièrement touché dans ce film.
Personnellement j’avais détesté the Father
Voilà qui met mouret ozon desplechin et consorts face à la réalité du talent
@的时候水电费水电费水电费水电费是的 Pie o Pah : on ne peut hélas pas tous être aussi intelligent et pertinent que vous. C’est dommage, ça a l’air bien…
@Hank Hulé
C’est d’un niveau comme commentaire… Très pertinent et intéressant..
@Hank Hulé
Et ben The Mother très probablement, l’article en parle dès le chapeau introductif 🙂
Son prochain : the mother ? The aunt ? the cousin ?
y devrait faire un fast and furious le gars…