Films

Barbie : critique qui voit la vie en rose

Par Antoine Desrues
19 juillet 2023
MAJ : 8 mai 2024
53 commentaires

Après des années de développement chaotique, l’adaptation de Barbie, la célèbre poupée de Mattel, débarque enfin sur les écrans. Et derrière l’étonnant bulldozer, la proposition a eu de quoi titiller lorsque Greta Gerwig (Lady Bird, Les Filles du docteur March) a hérité du projet, promettant un regard féministe et réflexif dans un écrin de comédie délirante. Résultat, la présence délicieuse de Margot Robbie et de Ryan Gosling, ainsi qu’un matraquage promo turbo-bourrin, ont fait de cet étrange objet pop l’un des films les plus attendus de l’année. Mais réussit-il à dépasser cette alléchante poudre aux yeux ?

LES 5 MEILLEURS FILMS : MARGOT ROBBIE

photo critique

Pink Lady

Les premières minutes de Barbie sont à la fois tout ce qu’on espérait du long-métrage de Greta Gerwig, mais aussi son principal cheval de Troie. La joie béate qui émane de Barbieland est hautement communicative et stimule l’œil par sa créativité visuelle emballée dans son artificialité rose bonbon. Avec ses maisons de rêve sans murs, les mouvements impossibles des corps et un comique de répétition savoureux (les salutations interminables), la cinéaste s’amuse de son monde de plastique et de sa transposition d’un imaginaire enfantin en taille réelle.

 

 

Avec ses multiples travellings et ses compositions grouillantes, elle emplit ce pur espace de cinéma, et en tire une fantasmagorie à l’esthétisme flamboyant, quelque part entre Jacques Demy et Jacques Tati. Si cette superficialité enivrante fait son office pendant une bonne vingtaine de minutes, c’est parce que Gerwig a conscience de tenir le spectateur à la merci de ses paillettes et de ses couleurs vives, comme des enfants en attente d’une dose de sucre.

Et puis, tout déraille. Derrière le vernis et les sourires Colgate, la “Barbie stéréotypée” de Margot Robbie se met à avoir des pensées morbides, ses talons osent toucher le sol, et de la cellulite apparaît sur ses jambes. La voilà contrainte de partir dans le monde réel, afin de retrouver l’enfant qui pervertit cet univers idéal.

 

 

Certes, Greta Gerwig se contente d’une structure narrative assez évidente de “fish out of water”, qui mixerait ici The Truman Show, Last Action Hero et Toy Story. Sauf qu’elle tire de cette potentielle déception une nécessité, qui affirme l’identité du film. Barbie ne peut se contenter d’être une utopie féministe autour du jouet de Mattel et de sa réinvention permanente, qui a appris avec le temps à représenter des femmes indépendantes et entreprenantes, ici docteures, écrivaines, scientifiques ou même présidentes.

La bulle cinématographique rassurante que déploie la réalisatrice, renforcée par la nostalgie doudou de la marque, a le devoir de se raccrocher au réel et d’affronter les contradictions de son existence. Oui, la création de Ruth Handler a une valeur féministe, comme le reflète la malicieuse parodie inaugurale de 2001 : L’Odyssée de l’espace. Les petites filles ont pu arrêter de “jouer les mamans” avec des poupons, et s’imaginer un futur de femme. Mais ce serait omettre à quel point Barbie symbolise un idéal féminin inatteignable et demeure une bimbo asservie au regard masculin.

 

Barbie : photo, Margot RobbieLa La Barbieland

 

Life in plastic, it’s feminist

Or, Greta Gerwig embrasse ce jeu d’équilibriste, quitte à se perdre dans les situations de son deuxième acte. Il lui faut le temps et l’espace pour asséner toutes les subtilités de sa thèse, et ce didactisme lourdaud plombe par instants l’énergie candide du long-métrage. D’un autre côté, celui-ci n’en est que plus passionnant et honnête dans sa nature d’objet pop, conscient de son inévitable nature de pub géante pour Mattel. Il serait trop simple de simplement égratigner la promesse factice du jouet, qui aurait “résolu tous les problèmes du féminisme”.

Là où La Grande Aventure Lego prônait une forme de libération au travers des briques danoises et de l’imagination qu’elles libèrent, Barbie prend à bras le corps l’hypocrisie d’un progressisme masqué derrière sa dimension capitaliste. Cela n’enlève en rien sa raison d’être, mais la cinéaste constate de quelle façon les combats actuels contre l’inégalité sont transformés en appels à la consommation… au sein même d’une œuvre qui se doit de rapporter de l’argent à ses investisseurs.

Le conte philosophique dans lequel s’engage la réalisatrice prend alors une tournure à la fois belle et surprenante, où elle oppose l’idée de Barbie (l’abstraction) à l’individu qui incarne le jouet ou le manipule (le concret). Le concept dépassera toujours ses créateurs, et sera toujours au service d’une corporation peu attentive à l’image qu’elle renvoie aux femmes, et plus généralement aux normes de genre. Pour autant, cela ne veut pas dire que la poupée n’a pas de valeur subversive. Elle en acquiert au contact de celles et ceux qui décident d’y projeter leurs propres espoirs, ainsi que leurs doutes et leurs insécurités. Pour détourner Simone de Beauvoir, Barbie ne naît pas féministe. Elle le devient.

 

Barbie : photo, Ryan Gosling, Margot RobbieLa Grande Aventure Mattel

 

C’est de cette façon qu’après des élans comiques et satiriques bien sentis, le film cueille par une émotion inattendue lorsque Barbie se découvre des sensations impossibles à définir, et toute la complexité d’une conscience de soi et de son corps. Il est juste dommage que Gerwig n’aille pas plus loin avec ces sentiments en quête de mots, alors que de nombreux personnages secondaires sous-développés (à commencer par ce duo mère-fille prometteur) sont censés aider l’héroïne dans sa quête initiatique.

On sent d’ailleurs l’envie profonde du film de recouvrir tout le spectre de ses problématiques sociales et sociétales. Même si ce trop-plein s’accorde aisément avec le dégueulis rose du monde de Barbie, le récit mené tambour battant cale en cours de route, et laisse sur le bas-côté certaines de ses meilleures idées (comme ce PDG de Mattel à côté de la plaque interprété par Will Ferrell).

 

Barbie : photoBarbituriques

 

Who run the world ?

Cependant, le cheval de Troie initial se révèle d’autant plus imparable dans ces baisses de régime, qu’on les pardonne face à la vigueur de l’ensemble. Greta Gerwig façonne de minute en minute une comédie irrésistible, qui doit beaucoup au charisme de ses comédiens. Outre sa brochette de talents plus ou moins décoratifs (Emma Mackey, Kate McKinnon, Michael Cera, Simu Liu…), Margot Robbie a plus que jamais l’occasion de briller, et ce dans tous les registres. Sa Barbie s’incarne et se complexifie de scène en scène, jusqu’à devenir cette allégorie à la fois idéalisée et imparfaite.

Reste que Ryan Gosling est vraiment celui qui tire son épingle du jeu. Sa vision de Ken en éternel second pathétique offre au film ses moments les plus hilarants. L’auto-dérision de l’acteur est aussi réjouissante que son tempo comique (“I just… beach”), et confirme après The Nice Guys à quel point on le sous-estime dans le domaine.

 

Barbie : Photo Ryan Gosling, Margot RobbieEnvie de Ken

 

Ce tirage de couverture peut être perçu comme un aveu d’échec, mais il permet à sa réalisatrice de déconstruire une masculinité toxique et risible. Comme Barbie, Ken doit apprendre à exister au-delà du carcan patriarcal qui le réduit à sa propre caricature. Le duo compose bien les deux faces d’une même pièce, non pas en tant que “copain-copine”, mais en tant que clichés hétéronormés se cherchant une individualité.

Et d’individualité, il en est bien question dans Barbie, à la fois dans la direction prise par sa narration (et son joli final) et dans la démarche globale du long-métrage, qui s’affranchit le plus possible des prérequis de son univers et des codes attendus par sa nature de blockbuster. Greta Gerwig n’arrive pas totalement à transformer l’essai, mais il est indéniable que son film est unique dans son jusqu’au-boutisme.

 

Barbie : affiche française

Rédacteurs :
Résumé

Derrière la fable féministe et l’auto-critique bien huilée de la marque, Greta Gerwig parvient à faire gripper la machine, et embrasse les contradictions de cet étrange projet. Barbie interroge un progressisme parasité par sa récupération libérale et consumériste, sans pour autant baisser les bras. Un objet pop plus complexe qu’il n’y paraît, sublimé par ses acteurs.

Autres avis
  • Déborah Lechner

    Cette immersion dans le monde kitsch et factice de Barbie est plus acide que sucrée. Du fait de sa démarche ouvertement féministe, le film avait cependant autant à dire qu'à montrer, amenant fatalement quelques déséquilibres et maladresses contradictoires. Mais pas de quoi entacher la sincérité de Margot Robbie et Greta Gerwig.

  • Geoffrey Crété

    Barbie barbante dans un bel exercice d'autosatisfaction pseudo malin, qui crame toutes ses bonnes idées en 10 minutes avant de tourner en rond (sur Ryan Gosling) jusqu'à l'overdose de clins d'œil vides. Tant de talents et de pognon, et si peu d'imagination et timing comique.

  • Judith Beauvallet

    Sous ses discours féministes didactiques, le film tombe dans les écueils sexistes les plus enfantins puisque Ken finit par devenir le cœur de l'histoire, l'humour n'échoit qu'aux personnages masculins et les questions de représentation n'empiètent jamais sur la blondeur suprême d'une trop lisse Margot Robbie. Et, en plus, c'est même pas très drôle.

Tout savoir sur Barbie
Vous aimerez aussi
Commentaires
53 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
noxonweb

Vu ce jour.
D’une bêtise abyssale…

L’exercice est honorable, le résultat déplorable

Bzh Punisher

Sérieux … Je ne comprends pas votre note…. Moi j’aurai mis au maximum 1 étoile….

Raven

Dans les derniers commentaires ils y a des mazos.
Si ce film est à l’image de la poupée, c’est donc qu’il est bien sauf à être dépressif de nature.

Kelly

Consternant de la première à la dernière minute. En tant qu’objet cinematographique, c’est nullissime ! La voix off qui surexplique ce que vous voyez déjà à l’écran n’est que la première goutte de l’océan de paresse créative qui attend le spectateur. Les acteurs se marrent et ça sauverait presque les meubles, si la réalisation n’était pas à ce point indigente. Dans ses meilleurs moments, Barbie ne dépasse jamais en qualité un téléfilm de Noël de M6. En tant que « pamphlet politique », c’est bien pire. Que ce film ose se prétendre féministe, c’est une affreuse arnaque opportuniste, alors qu’il ne véhicule que de laborieux clichés bienpensants en surface mais bien capitalistes, sexistes et passéistes dans le fond. Quant à la complaisance envers Mattel, on se doute que c’était inévitable, mais c’est quand même gênant. On pourra juste retenir le côté méta involontaire : un produit formaté, artificiel et en plastique qui pollue, et qui véhicule en toute innocence des valeurs pourries. A l’image de la poupée Barbie…

Miraken

Grosse déception ce film. Beaucoup d’argent… mais aussi de bonnes idées mais c’est très mal exécuté. Pour moi, le plus gros problème du film est que Greta Gerwig oublie une règle de base du cinéma. Créer un univers avant de mettre en avant ces personnages et son propos. On passe de l’univers Barbie au monde réel et inversement sans aucune explications ce qui fait que le second acte du film est foutraque comme pas possible. Blagues mal rythmées se mélangent à des messages sur le patriarcat qui aurait mérité bien plus de profondeur et ses personnages secondaires trop peu exploités ( L’excellente America Ferrera ). Le film repose quasi entièrement sur son exthetique pop et son duo de stars. Ça tient plus ou moins la barque sur la première moitié qui reste quand même divertissante mais le film se prend les pieds dans le tapis par après à vouloir tout faire en même temps ( Film sociétal, comédie « musicale », clins d’oeil pop,…). Le pire c’est qu’une vanne sur deux tombe complètement à plat, très mauvais rythme. Un des pire rôle de Margot Robbie qui m’a éblouie dans Babylon et quitte à voir Ryan Gosling avec une poupée… autant regarder « Une fiancée pas comme les autres ». Déçu.

Jlevesque

Pour les mécontents et mécontentes, ne vous en faites pas, ce film en amènera un deuxième. On approfondira la réflexion.

Vous êtes choqué-es, hé bien prenez sur vous. Lisez, cultivez vous, regardez vous, analysez vous. Au final, vous verrez: le patriarcat:? Un système social de merde toutes catégories . Sexisme, racisme, capitalisme, hégémonisme, guerrier, etc.

Flo

 » – Qu’y a-t-il de mieux dans la vie ?
– L’immense plage, un rapide destrier, des gants à tes poings et le vent dans tes cheveux.
– Faux ! Kenan, qu’y a-t-il de mieux dans la vie ?
– Sourire devant ses ennemis, bomber le torse face à eux et éviter les lamentations devant les femmes ?  »
Kenan, le Barbie boy

Et voilà un « produit » commercial pour le cinéma, qui s’est donné les moyens pour attirer la curiosité… des gogos prompts à tout observer sous le prisme de l’analyse ?
Passons complètement l’évidente pub géante pour la marque Mattel/Barbie, qui donnera envie à des spectateurs de se précipiter ensuite au magasin de jouets le plus proche…
Pub du genre à également matraquer l’espace médiatique, en tant que « Phénomène », « Idée conceptuelle », œuvre unique (c’est bien sûr faux)… Et une sortie jumellée avec un autre film traitant d’une Bombe, ayant de grosses stars et des effets spéciaux le plus possible en dur – de quoi être aussi fiers que si on avait fait l’émission « En terre inconnue » (bien sympa pour les techniciens numériques, surtout pendant cette période).

Mais derrière tout ça, est-ce qu’il y a au moins un film ? Et qui tient debout, qui va plus loin que la blague, sans perdre trop de temps ?
Des exemples récents, très lucratifs mais assez indigents, n’ont pas beaucoup rassuré : Transformers, ou Mario, ce ne sont pas des histoires, à la base. Ce sont des Jouets/Jeu, et leurs personnages n’existent que comme icônes pour utilisateurs proactifs. Pas pour qu’on soit simple spectateur.
Même avec un historique aventureux préexistant, qui peut résonner avec une narration cinématographique connue…
Ce dont le jouet Barbie est complètement privé. Ne reste alors que la réflexion sur ce que celle-ci représente, concrètement et métaphoriquement.
De quoi créer un scénario à la fois comique et réflexif, surtout pour un film en Action Réelle – pas le choix, l’alternative aurait été de juste la lancer à l’aventure, comme dans de précédentes adaptations animées. Ou bien traiter de la Barbie de façon souterraine comme l’ont fait certains films, de « La Vallée des Poupées » à « Don’t Worry Darling »… mais là, le constat en devenait très amer.

Le prologue – avec une voix-off très présente durant le film, qui lui donne l’allure d’un conte ironique – nous explique très bien les origines de ce personnage fonctionnel, et son rôle d' »incubateur » pour les petites filles, afin d’être inspirées pour devenir de futures femmes actives. C’était déjà d’époque, et ça n’a pas attendu le XXIeme siècle pour être élargi à plusieurs types de physiques, d’ethnies. Et être toutefois raillé, sous un autre point de vue.
Bref, comment aider à faire de fillettes des individus adultes capables d’enrichir la Société, tout en s’amusant.
Greta Gerwig ? Actrice qui a justement basé toute sa carrière sur l’émancipation féminine et le passage à l’âge de raison, si possible en rentrant dans le lard et en dansant, que ce soit au cinéma, à la télé, dans des clips d’Arcade Fire (une de ses meilleures prestations).
Scénariste puis réalisatrice, elle a continué en indépendante (« Lady Bird »), puis avec du film historique à stars et plus gros budget (« Les Filles du Dr March »). Du style, de l’énergie, des séquences se superposant les unes sur les autres… et toujours au centre, une héroïne filant à toute allure, qui a son antagoniste à affronter dans un mélange de rivalité et d’amour…

OK, donc ce n’est pas du n’importe quoi fait par un faiseur, il y a bien des thématiques identifiables et récurrentes. Est-ce pour autant suffisant, pas trop tiré par les cheveux ?
Il faut un peu de temps pour reconnaître un style particulier à ce film, tellement son ambition lui fait prendre de multiples directions. En espérant que celles-ci s’agrègent dans un Tout cohérent, logique.
Clairement, c’est essentiellement de la comédie parodique, kitsch et méta. Ce qui fait quand-même beaucoup d’un coup. Et va mettre énormément à l’épreuve la patience de spectateurs irrités, se demandant si on ne se fiche pas de leur tête. Ou, pour les plus curieux, si tout ça a vraiment un sens.
Disons que, s’il faut des exemples de films connus, ça se situe entre « La Grande Aventure Lego » (la Warner et Will Ferrell sont là pour faire le lien « multiversel »), avec des protagonistes dans leur monde franchisé ouvert à toutes sortes de créations, malgré la menace du conformisme et du consumérisme…
Et « Toy Story » (qui avait déjà raconté son propre segment sur Barbie et Ken, très similaire), avec des jouets conscients de leur statut, et s’interrogeant sur le rôle qu’ils doivent tenir auprès des enfants.
Les références historiques à la franchise servent également le scénario, ne se contentant pas d’être toutes de simples clins d’œil légers (il y en a quand-même).

En fait, il n’y a pas grand chose d’original dans ce film, si ce n’est qu’il doit garder une fluidité que l’Animation possède plus facilement.
Pour que cela marche en Action Réelle, il y a heureusement des exemples de films ayant une esthétique de maison de poupée, de Jacques Tati à Wes Anderson (Noah Baumbach oblige). Ce qui donne l’excuse de montrer à l’écran une esthétique purement chargée et factice, sans que ça passe pour du fauché.
Mais donnant aussi l’impression d’un film d’auteur trop intello et un chouïa économe, alors qu’il est en fait blindé d’idées extrêmement « faciles » :
Margot Robbie a fait quasiment toute sa carrière sur les rôles de poupées flippées ou flippantes. Et Ryan Gosling a régulièrement fait preuve d’une autodérision spectaculaire.
Un casting bardé d’interprètes du moment, entre 20 et 30 ans, dont certains sont complètement évidents (Emma Mackey n’est-elle pas le sosie de Robbie ? Kate McKinnon n’est-elle pas spécialisée dans le Bizarre ?).
« L’éveil » faisant passer d’un univers fictif à la Réalité (qui reste néanmoins romancée, enfin pour le peu qu’on y voit) ? C’est Matrix, et la Warner de rectifier un peu le tir après un quatrième volet bancal – et pas du tout excitant.
L’héroïne qui peut compter sur des alliées « humaines » (classique mère/fille) pendant son périple, lesquelles vont aussi en apprendre sur elles-mêmes.
L’antagoniste qui a des raisons crédibles pour agir ainsi (c’est même sa frustration qui lance réellement l’intrigue, à l’écran), mais qui n’utilise pas les méthodes les plus subtiles… et en devient touchant, à sa manière.

En tant que comédie burlesque à l’apparence inoffensive, rien de terrible ne s’y passe, les acteurs s’amusent, tout s’arrange, et le propos du film devient aussi la façon qu’a le film de communiquer son message. À savoir que quand il y a beaucoup d’attente (pour une femme), il faut tout le temps marcher sur des œufs.
Exprimer ses envies d’en vouloir plus, de montrer qu’on est bon… mais sans aller non plus trop loin, sans être plus direct, sinon ça se retourne contre vous.
Montrer un matriarcat très heureux, mais qui est un cauchemar de nunucherie et sans jamais prononcer les mots « matriarcat » ou « féminisme »…
Prononcer 8 fois le mot « patriarcat » (ça ne compte que pour 4 puisque c’est souvent répété dans une même phrase), mais jamais avec du dégoût dans la voix, ni même en en montrant les aspects les plus violents.
Ça n’est pas un brûlot féroce, ça ne peut pas l’être. Même une bataille rangée entre Ken(s) finit en comédie musicale… Ce qui reste quand-même de la chorégraphie, de la performance.

Alors qu’est-ce qui fait que ce film mérite le grand écran, sans se contenter de caresser les fans dans le sens du poil ?
Et bien le fait que quelques moments un peu plus crus, autocritiques, surréalistes ou insolites émergent bel et bien de temps en temps, ce fameux niveau de lecture parallèle mais pas seulement réservé aux adultes… ce qui donne une ampleur supplémentaire, malgré une gestion du rythme pas toujours à la hauteur (comment se déplace le comité de Mattel dans cette histoire ?).
Ou bien la sympathie qu’on peut éprouver devant ses deux héros principaux, pas parce-qu’ils ont l’immunité due à leur lien avec l’enfance… Mais parce-qu’ils sont des créatures finalement émotives et bêtement candides, cherchant à évoluer alors qu’ils n’ont pas les outils pour ça. Des monstres d’innocence trop à l’étroit dans des univers étriqués, qui réussiront à exprimer leurs angoisses… et qui peuvent bien avoir droit à leur moment de gloire, pour une fois.
Et enfin, il y a de jolies apartés intimes, dont une conclusion métaphysique (ça nous fait deux clins d’œil à « 2001, l’Odyssée de l’espace »)… très très belles, loin de toute surenchère, qui imposent un peu de calme et de douceur dans ce(s) monde(s) de fous.
Même avec un ultime pied de nez très drôle.

La fierté féminine, ce n’est pas forcément Barbant.

Chris11

Assez surpris, dans le bon sens du terme.
Le film évite les écueils auxquels je m’attendais, notamment celui d’un féminisme bourrin, et va plutôt vers la nuance, tout en laissant le message rester léger.
La coexistence du monde mattelisé de Barbie vs le monde réel est très bien fait et ne tombe jamais dans la facilité ou le niais, il y a plein de supers bonnes idées (certaines malheureusemet pas bien exploitées), les acteurs, premiers ou seconds rôles (Liu et Ferrel) sont excellents, et certains caméos sont à mourir de rire (Cena!!!)
L’écriture au global n’est pas toujours parfaite mais il y a eu un vrai travail de réalisé, là où je pensais voir un film dont le scénario tient sur 2 phrases, ce qui n’est pas du tout le cas.
Un vrai OVNI, assez inclassable (pas pour les enfants qui ne comprendront pas grand chose, tous les adultes n’aimeront pas), avec pas mal de second degré assumé, beaucoup de placements de produits (ça reste un film US), quelques passages un peu mous et l’ensemble tient franchement pas mal la route. Un film de divertissement, pas toujours équilibré mais loin d’être désagréable.

Sanchez

Gros boulot sur la direction artistique , ambitieux dans son scénario , interminable dans sa fin, consensuel dans son idéologie. C’est pas déplaisant mais pas ouf non plus
6/10

s2ada

Je ne suis pas du tout d’accord avec cette critique et je vous trouve étonnamment complaisant par rapport à d’habitude.

Tout tient sur un timbre poste, du féminisme ultra enfantin, des séquences moralisatrices navrantes, des séquences d’humour qui tombent à plat… En dehors des questionnements obvious sur le patriarcat, le sens de la vie, de l’humain, ce qui est encore plus navrant c’est la manière dont toutes les scènes sont machées :

La mère et sa fille ne s’étonnent pas de voir une vraie barbie.

La fille sort un discours féministe malaisant à la barbie devant ses copines.

La mère et sa fille vont dans le monde imaginaire de barbie. Comment ? Ça ne les étonne pas ? w*f.

La Barbie qui ne mange pas, ne boit pas, n’a visiblement pas besoin de respirer et apprends à avaler de l’eau et du thé en 2 minutes…

En fait tout dans le film n’est qu’une succession de scenettes qui auraient méritées beaucoup plus de temps, de profondeur, de travail.

Rien que le passage dans la vie réelle dure littéralement une dizaine de minutes à tout casser. 10 minutes pour conclure que c’est du patriarcat et limite finir 50% du film.