un sport en trois dimensions
Les amateurs de sport dans les mangas le savent : deux œuvres rivalisent de popularité quand il s’agit de basketball. Le très réussi (mais moins réaliste) Kuroko’s Basket et le légendaire Slam Dunk de Takehiko Inoue (également auteur de Vagabond et Real). Si Kuroko’s Basket a eu son film de conclusion en 2017, mettant en scène un unique match d’anthologie, c’est aujourd’hui au tour de Slam Dunk d’arriver sur grand écran.
La différence étant que ce long-métrage n’est pas un épilogue. Bien au contraire, s’il prolonge le manga original, The First Slam Dunk est en réalité une œuvre à part entière totalement conçue par Takehiko Inoue, qui n’a laissé à aucun autre le soin de réaliser ce projet. Bien déterminé à assurer lui-même la transition d’un médium à un autre, il s’est fait cinéaste pour la première fois, et sans lésiner sur les moyens.
Cette passion d’Inoue pour sa propre œuvre se ressent ainsi dans tous ses choix de réalisation, qui contribuent tous à donner à son film le plus d’ampleur possible. Et ce en ayant bien saisi les caractéristiques propres au médium cinématographique. Par exemple, l’utilisation de l’animation 3D n’est en aucun cas superficielle ; celle-ci est totalement cohérente avec l’expérience immersive qu’Inoue souhaite proposer à son spectateur.
Dès les premières minutes du match, le terrain de jeu devient une arène de force et de mouvement dans lequel tout ce que l’on y voit semble tangible. Non pas nécessairement par la texture de l’image, mais par la gravité des actions et par le poids des corps. La 3D s’accorde véritablement avec la physicalité des joueurs et dispose d’une telle qualité technique qu’elle n’empiète jamais sur l’esthétique du film.
La tension de chaque dunk est palpable
et un Panier à trois points (et demi)
Passé cette première observation formelle, un œil averti pourra distinguer de nombreuses autres bonnes idées de réalisation pour renforcer l’immersion: la gestion de la lumière (d’un blanc aveuglant qui écrase particulièrement les joueurs dans leur épuisement progressif) ou le tempo du match qui ne brise jamais le temps réel en jeu. Rares sont les bavardages infinis qui ralentissent l’action ou les soliloques intérieurs interminables (en dehors des séquences de flash-back qui découpent les temps morts).
The First Slam Dunk n’abuse pas d’effet de style propre au genre pour accentuer sa dramaturgie sportive ou humaine, et choisit avec sobriété d’utiliser plutôt des silences pour couper le souffle au spectateur ou assurer ses transitions entre récit présent et passé. Ces flash-backs (qui auraient pu être parasites à d’autres endroits) parviennent alors à s’imbriquer si organiquement dans le récit qu’ils ne sont jamais à contretemps du rythme global. Ils marquent presque les quarts-temps du match, et permettent de nous reposer, tout en apprivoisant l’émotion du film.
Cinq personnalités fortes et passionnantes (mais si difficiles à contenir en à peine deux heures)
Bien rythmé et souvent drôle, le scénario de The First Slam Dunk brille grâce à l’incroyable capacité d’Inoue d’appliquer sa maîtrise du découpage narratif sur un support filmique. Nos personnages centraux et secondaires (développés sur une trentaine de tomes à l’origine) sont bien caractérisés et le film s’attarde sur chacun d’entre eux (avec un certain favoritisme pour Ryota Miyagi, dont le passé tragique motive une grande partie du dernier acte) pour donner une réelle consistance à son suspens dramatique.
Malgré tout, The First Slam Dunk n’arrivera pas à impliquer tout le monde. En effet, les arcs narratifs des personnages perdront certainement leur impact pour quiconque n’est pas familier de l’univers. Et le sentiment d’accomplissement des personnages, là où leurs ultimes efforts payent, laissera un peu de côté le spectateur non averti. En somme ils auront le sentiment d’arriver seulement à l’acte final du vrai match. Le climax est saisissant et on embrasse toutes les émotions des joueurs… mais certains se sentiront un peu exclus de la fête.
@Pseudo2 : complètement d’accord avec toi à 100%, ce film d’animation m’a soufflé, et je n’ai jamais ouvert un des mangas d’origine.
enfin vu (dispo sur canal) et je me permettrais de contredire la critique : je ne connais absolument rien de Slam Dunk, je n’ai jamais ouvert un manga de cet auteur, ni lu ou vu le moindre bout d’extrait de cet univers et pourtant je n’ai jamais eu le sentiment d’échapper à quoi que ce soit concernant les personnages. C’est d’ailleurs assez fou à quel point tous sont parfaitement caractérisés en quelques secondes en pleine action.
Ce film est une superbe réussite et étrangement plus émouvant que prévu.
Par pitié, faites que la série animée des années 90 soit enfin doublée, par pitié, que les studios de doublage, fassent quelques choses, les chiffres suivront (avis a bon entendeur, plateforme de stream inclus).
Oula c’est moche, ça fait pas honneur à Inoue
Si il réalise un film Vagabond, le mec part en burn-out à tout jamais. Je rêve de lire la conclusion de ce chef d’oeuvre en pause depuis…..7 ans.
Dommage que Kana se sortent les doigts du derche 6 mois après la sortie du film pour sortir la perfect edition… mais bon, on les connaît…
Espérons qu’il soit bien distribué en France..
J’imagine que le ton du film est plus proche du manga que de la série d’époque.