Liam Nissan
On ne le dit jamais assez, mais le carton improbable de Taken et de ses suites abominables a conditionné la carrière de Liam Neeson en star d’action tardive et vieillissante. À plus de 70 ans, on comprend bien que les coups de tatane et les cascades vont se faire rares, à moins qu’un montage haché et catastrophique ne vienne cacher des doublures.
Pourtant, le “Liam Neeson movie” a tout de même sa valeur, loin des prouesses d’un Tom Cruise ou d’un Keanu Reeves. L’acteur et sa voix caverneuse servent avant tout à mettre en valeur des personnages “trop vieux pour ces conneries”, et les confronter à des concepts de thrillers plus ou moins inspirés.
« J’ai des compétences particulières. Je conduis sans kit mains libres »
Au-delà de la malice potentielle du pitch, l’important réside dans la stratégie de la mise en scène, ce qui fait encore aujourd’hui de Non-Stop le meilleur de sa catégorie. Entre son plan-séquence pour présenter son lieu clos (un avion), son jeu avec l’apparition de SMS et sa caméra paranoïaque tendance Cluedo en haute altitude, le film de Jaume Collet-Serra a réussi à transformer son scénario bateau en exercice de style ludique.
En revanche, dès que le réalisateur à la barre lâche l’affaire, il ne reste plus que la paresse évidente de l‘acteur, qui se lit sur son visage à chaque gros plan en shaky-cam. À première vue, Retribution semblait tout indiqué pour rejoindre cette seconde option, malgré son concept alléchant sur le papier. Cette fois, ce bon Liam incarne un homme d’affaires dont la voiture a été piégée avec une bombe, alors qu’il emmène ses enfants à l’école. Bien pratique pour signer un huis clos où le gros de l’action se joue sur la route et au téléphone avec le mystérieux responsable, tout en permettant à son “action star” de rester assise sur une bonne partie du long-métrage.
Taken by surprise
Cependant, le cynisme supposé de l’entreprise s’efface au profit d’une série B rondement menée. En plus d’être le remake du film espagnol Appel inconnu, Retribution rappelle inévitablement Speed pour son véhicule au bord de l’explosion et son terroriste sadique. Mais dès le premier plan, qui transite de l’intérieur d’un écran de télévision vers la salle de sport du protagoniste, on comprend que le long-métrage a un peu plus d’ambitions que le copier-coller de ses référents.
Par cette douce ironie dramatique introductive – Neeson ne regarde pas le JT, qui annonce pourtant la rude journée qu’il va subir –, le film renforce une scission entre deux mondes, et le passage plutôt habile de l’autre côté du miroir. Derrière la façade propre du riche investisseur, le personnage de Matt Turner a ses secrets inavouables et les habitudes mensongères de sa profession. On pourrait reprocher au scénario de ne jamais aller au bout de cette démarche (sans doute pas peur de cloîtrer le spectateur avec un héros trop antipathique), mais le récit s’amuse à déconstruire petit à petit la vie de son protagoniste, jusqu’à en faire, à son tour, le sujet que des écrans projettent au moment de sa traque.
Rien de bien nouveau sous le soleil, mais Retribution colle à ce qu’on attend d’un bon “Liam Neeson movie” : une sobriété d’artisan qui réfléchit à son concept, à l’inventivité de son traitement, et surtout, à son crescendo émotionnel. Une exigence qui est sans nul doute à mettre sur le compte de son réalisateur : Nimród Antal. Certes, le bonhomme s’est surtout fait connaître pour avoir mis en boîte l’un des pires films Predator (Predators), mais il serait malhonnête de ne pas y percevoir des fulgurances de scénographie et de mise en scène, majoritairement plombées par un scénario à la ramasse.
De son premier long, Kontroll, jusqu’à ses épisodes pour Stranger Things, le réalisateur hongro-américain a souvent fait preuve d’une efficacité technique, et de cette stratégie évoquée plus tôt. Le huis clos n’est jamais prétexte pour se contenter d’une poignée de cadres et leur renouvellement soutient les pivots narratifs les plus importants (notamment lors d’un panoramique à 360 degrés, intelligemment placé au moment où la réalité de la situation crée la panique).
Nimród Antal exploite le potentiel de son récit à son maximum, et en vient même à décomposer son unique décor pour relancer l’intérêt à mi-parcours. Dommage que le final et son twist décevant fassent retomber l’ensemble comme un soufflet, mais on choisira de voir Retribution pour sa petite réussite de série B humble… ce que devraient être tous les Liam Neeson movies.
Bien longtemps aussi pour ma part que j’ai zappé les Liam Neesoneries post-Taken. Oui, Non-Stop était chouette et je l’ai revu y’a pas longtemps pour confirmer(« chouette », mais pas plus hein), mais le souci avec ces films, c’est que si t’en as vu un, tu les as tous vu et à moins de se faire une liste dont on barrerait le contenu au fur et à mesure, on finit par vite s’emmêler les pinceaux avec tous ces films qui partagent plus ou moins le même pitch et le même acteur (vieillissant).
C’est dommage, car en effet Neeson est un sacré acteur (il l’a encore prouvé dans l’excellent The Silence de Scorcese il n’y a pas si longtemps), mais son agent fait très mal son boulot depuis un petit paquet d’années. Ou peut-être qu’on apprendra d’ici quelques temps qu’il a tourné dans tous ces films à la chaîne pour telle ou telle raison inavouable. Mais ce qui est certain, c’est que c’est pas le cinéma qui en sort gagnant, ni même la carrière de l’acteur…
Bon, ceci étant dit, pour un dimanche soir pas très inspiré ça peut faire l’affaire, à condition ne pas s’attendre à un truc de ouf.
pourtant inconditionnel fan de Liam Neeson depuis TAKEN le film ne vaut pas de détour. on était habitué à plus de suspense de nervosité, et c’est peu mou malgré quelques cascades près et un huit clos ronronnant. dommage !
Avec Antoine et Matthieu, j’ai l’impression d’avoir du mad movies mais sans le Mad. C’est drôle a lire sans le scato des notules lunaires ^^
antal n’a pas réalisé le pire predator, shane black s’en est très bien chargé…
Hello,
en fait, le carton de Taken était tout sauf « improbable ». À l’époque de sa sortie, c’était un film d’action à moyen budget avec un acteur connu et reconnu et des scènes d’action efficaces. Le scénario était basé sur une formule très fréquemment utilisée en cinéma d’action et qui sert souvent de prétexte au déroulement du film : le type apparemment ordinaire qui se révèle un type dangereux retiré des affaires et qu’il ne faut surtout pas embêter. Faute de mieux, je vais la baptiser « ne réveiller pas un [flic/espion/mercenaire/tueur à gages/assassin…] qui dort ».
De ‘A History of Violence’ à ‘John Wick’ en passant par le coréen ‘The Man from Nowhere’, c’est une formule éprouvée qui est très efficace en terme de succès commercial dans la mesure où elle peut s’accorder avec un budget moyen. Malheureusement, comme toute recette de cuisine, tout dépend ensuite comment le cuisinier compte la réinventer ou au moins lui donner un soupçon d’originalité ou de différentiation.
Bien cordialement
3 étoiles pour un Neeson, ça faisait longtemps !
Sinon dans mes souvenirs, Non-Stop était pas désagréable à suivre en effet, un soir de pluie où on aurait perdu la télécommande.
Je regarde même plus le Neesonverse. On connait déjà la structure du film et la fin. Il commence à arriver sur Amazon, ça sent bientôt le directtostreaming comme Bruce Willis.
un nouveau film pour le NeesonVerse, un !
Ca se snippe entre membres de la rédac, on se croirait presque dans la section commentaires de EL XD