Films

La Nonne 2 : La malédiction de Sainte Lucie – critique du cul maudit

Par Mathieu Jaborska
12 septembre 2023
MAJ : 3 octobre 2023
21 commentaires

Incroyable, mais vrai : La Nonne premier du nom est le plus gros succès de l’univers Conjuring, surpassant les Annabelle et même les films de James Wan. Warner ne s’est donc pas fait… prier pour confier une suite à son nouvel homme à tout faire, Michael Chaves (Conjuring : Sous l’emprise du DiableLa Malédiction de la Dame Blanche). Et vu la solidité de son démarrage aux États-Unis, le catho-porn rance a encore de beaux jours devant lui.

critique film Conjuring

Nonne of their business

Peuchère ! Le démon Valak, toujours incarné par Bonnie Aarons, prend des vacances dans le sud de la France, semant derrière lui désolation et barbecues de curés. Mise au courant de ses exactions, l’Église envoie sur place non pas l’Exorciste du Vatican, mais la seule personne l’ayant affronté et encore vivante pour en témoigner, Soeur Irene (toujours Taissa Farmiga). Le match retour va être serré : terrée dans un internat d’Aix-en-Provence, où s’est aussi réfugié Maurice (toujours Jonas Bloquet), la nonne maléfique craint dégun.

 

 

Un nouvel environnement un peu plus original que les traditionnelles maisons hantées ou le monastère pseudo-gothique vaguement exploré par le premier opus. Du moins ça serait le cas si le film n’était pas issu du même moule que la quasi-intégralité des opus récents de la franchise. Amoureux des cigales et des accents chantang, faites une croix sur les champs de lavande et les oliviers. L’action de La Nonne 2 se déroule majoritairement entre une ruelle sombre éclairée en orange et un vieux cloitre hideux où se succèdent jumpscares et apparitions fantomatiques.

 

La Nonne : La malédiction de Sainte Lucie : photoComplètement fada, celle-là

 

Car qu’il se passe à Aix-en-Provence, aux États-Unis ou sur Jupiter, un film du « Conjuring-verse » obéira au même cahier des charges, à la même charte esthétique et aux mêmes ressorts narratifs. Après le sang du Christ, nos héros partent à la recherche d’une énième relique-MacGuffin, afin d’empêcher un antagoniste interchangeable et interchangeant de gagner en puissance. En effet, comme Annabelle avant elle, cette brave Nonne n’est rien de plus qu’une image, parfaitement exploitée dans le prologue de Conjuring 2, très pratique pour pondre de jolies affiches… mais à laquelle il faut bien donner un peu d’épaisseur pour la propulser en tête d’affiche d’un long-métrage de 1h50.

Rien de tout ça ici. Cette malédiction de Sainte Lucie sera logée à la même enseigne que toutes les autres : le grand vilain est un démon à l’identité floue, pouvant prendre n’importe quelle forme selon les besoins du scénario, ou plutôt des différentes saynètes de trouille qu’il tâche maladroitement de relier entre elles. Qu’il s’agisse de Malthus, de Valak ou de la pleureuse, les entités des productions Conjuring servent de prétexte à ressortir la même soupe depuis des années, amassant inexplicablement une nouvelle brouette de billets verts à chaque color swap.

 

 

GOD’S NOT DEAD

Tout au plus peut-on reconnaître que le diptyque La Nonne accentue l’une des particularités du modèle Conjuring-verse : une passion immodérée pour les bondieuseries en tous genres, dont les motifs les plus célèbres sont ressassés en boucle.

C’est d’ailleurs l’un des rares mérites à mettre au crédit du premier volet, qui profitait de s’éloigner des combines douteuses des Warren (escrocs abusant de la faiblesse d’autrui dépeints en héros dans le dernier film) pour mettre la mythologie catholique au coeur du récit. Il s’intéressait à une croyance plus qu’à un mensonge, allant jusqu’à proposer quelques idées directement reliées au concept de foi religieuse, telles les soeurs qui se relaient pour prier sans arrêt.

 

La Nonne 2 : Photo Storm ReidLe reste du temps, elle fait le gobi

 

Dans la suite, la foi devient un super-pouvoir pour grenouilles de bénitier, voire un deus ex machina opportuniste dans l’interminable climax, quand Ian Goldberg, Richard Naing et l’omniprésente Akela Cooper ne versent pas dans le prosélytisme pur et simple. C’est à se demander si le personnage campé par la pourtant talentueuse Storm Reid n’est pas écrit par un télévangéliste américain entre deux prêches, confortablement installé dans son nouveau jet privé offert par ses fidèles. Sa seule et unique fonction consiste à jouer les représentantes des pauvres hères qui n’ont pas encore trouvé la foi, attendant le dernier acte pour se convertir. Amen.

Comme souvent dans cet « univers étendu », les quelques traces d’originalité sont effacées au profit d’un tunnel de jumpscares insupportables. Dépourvue de ses promesses, La Nonne 2 ne déçoit pas autant que le troisième Conjuring, lequel laissait quand même tomber son principal enjeu en cours de route, mais fait preuve d’un niveau de faignantise que seule La Malédiction de la Dame Blanche (lui aussi réalisé par Chaves) atteint dans ses pires instants. Preuve en est de la fameuse scène du kiosque, au coeur de la promotion, qui débute avec une idée amusante (les magazines qui s’ouvrent)… et se conclut avec l’obligatoire sursaut clignotant, présent dans à peu près 90% des films du genre américains.

 

La Nonne 2 : photoOh, la cong de toi, tu me mets la honte

 

Quand il ne reste plus que les séquences d’angoisse, censées convaincre les adolescents qui vous hurleront dans les oreilles au fond de la salle de claquer leur argent de poche dans un pot de pop-corn, à se mettre sous la dent, on pourrait s’attendre à ce qu’elles fonctionnent un minimum. Mais les techniciens et les exécutifs à la barre ont cessé de prétendre mettre en scène un film d’horreur, découpant certaines confrontations comme le plus fade des téléfilms d’action Europacorp.

On a beau racler le fond à la recherche d’une audace ou d’un vestige de cinoche, la franchise a tout de la chaine d’assemblage dévote et industrielle, qui restera en marche tant qu’elle enrichira ses patrons. Étant donné la pitoyable scène post-générique, on n’a pas fini de se faire escagasser.

 

La Nonne 2 : Affiche française

Rédacteurs :
Résumé

Le changement de décor n'y fait rien : la franchise Conjuring est devenue une usine à productions formatées et interchangeables, à destination des ados crédules et des culs bénis. La Nonne 2 est par conséquent à peu près aussi savoureux qu'un Pastis frais (donc, absolument dégueulasse, soyons honnêtes).

Autres avis
  • Geoffrey Crété

    Une bouse infernale et interminable qui fait relativiser La Nonne 1, Annabelle 3, et la vie en général.

Tout savoir sur La Nonne : la Malédiction de Sainte-Lucie
Vous aimerez aussi
Commentaires
21 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Maxibestof

Je vous trouve un peu dur, perso je l’ai trouvé meilleur que le premier. Et il y a une autre créature que la nonne dans le climax final que j’ai trouvé assez flippante.
Mais pas mal de choses sont gâchées par la réalisation à la ramasse (la scène du kiosque, franchement….).

DonSimon

Entre cette daube et anatomie d’une chute qui ne vaut guère mieux j’ai passé une sale semaine cinéma… On me dit dans l’oreillette que je ne verrai même pas Killers of the flower moon au ciné

le rom

Critique satisfaisante mais… Qu’est-ce que c’est que cette balle perdue contre le pastis ?

Brosdabid

Je suis persona None ingrata aux projections ciné n étant pas réceptif à l univers Con juring

Geoffrey Crété

@morcar

On dit que ça empire, et qu’à mesure des épisodes, il n’y a même plus le plus simple savoir-faire technique pour emballer un minimum de suspense, comme James Wan avait su le faire. Donc ça fait une sacrée différence tout de même.

Morcar

Euh… Sans vouloir vous décevoir, dès le premier Conjuring on était face à une production à destination des ados crédules et des culs bénis. Donc ce que je lis là n’apporte pas de changement à ce qu’est la franchise depuis le début.

Punish62

Moi je rejoins la team Anti-Pastis, je cherche encore en quoi le goût du pastis, le goût de l’anis et de la réglisse en lui-même est agréable en bouche ?

Comment on peux aimer les 2 pires saveurs au monde ?

….

Sinon on parlait de quel film ?

GhostFacED

Je vous trouve un peu dur avec la critique.
Alors certes ;
– La réalisation est complètement gâchée par Chaves qui, comme à son habitude, ne maîtrise pas du tout ; que des successions de Jumpscare maladroit et prévisibles.

– Ce n’est pas habile du tout de montrer la Nonne en plein jour, cela fait descendre drastiquement la peur qu’elle inspire.

– Aucun lien avec le Conjuring Verse, c’est très dommageable car on se demande quel est l’intérêt du film ?

Mais ça reste un bon divertissement, j’ai passé un bon moment devant le film et la Nonne est quand même devenu un démon iconique.
Alors oui, ça aurait dû être bcp mieux, mais de là à mettre 1 étoile … aussi mon avis est très subjectif du fait que j’adore le Conjuring verse mais le principal problème c’est Chaves, il doit dégager. C’est pas pire que Conjuring 3 et Annabelle 3 qui sont des navrés.

L'autre

C’est pourtant simple ! chez EL ils aiment leur pastaga « bieng biieng fréééééé » ! Un simple pastis frais non !
Vous voyez le mal partout la team;premier degré !

Thekiller

Ok Vaurien, ta blague de bourgeois est plus flippante que le film.