zérotonine
Tous ceux qui, trompés par l’affiche chatoyante, anticipaient une comédie française franchouillarde à concept, avec Michel Houellebecq dans le rôle habituellement tenu par Didier Bourdon, risquent d’être déçus. Bien que le pitch improbable sème le doute – l’écrivain est invité en Guadeloupe à un concours de sosies de lui-même présidé par Blanche Gardin –, il s’agit en fait du troisième volet de ce qu’on est bien forcés aujourd’hui d’appeler une franchise : le MCU, Michel Houellebecq Comatique Universe.
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C’est la troisième fois que le réalisateur touche-à-tout Guillaume Nicloux (qui avait déjà signé le très houellebecquien La Tour l’année dernière) met en scène sa muse dans son propre rôle, après L’enlèvement de Michel Houellebecq et Thalasso. Et il assume avoir façonné une saga, puisqu’il fait allégrement référence au premier opus dans son nouveau film, ainsi bien entendu qu’à des évènements réels. Comme dans les précédents, le casting est composé en bonne partie de vedettes se jouant elles-mêmes et improvisant la moitié de leurs répliques, comme pour tourner en dérision l’entre-soi généralement cultivé par le milieu, et qui s’exporte mal dans les Antilles françaises.
Chacun joue donc une parodie de ce qu’il représente dans le petit monde du show-biz intello. Jean-Pascal Zadi est un opportuniste prêt à tout pour tourner chez Gaspar Noé (oui). Blanche Gardin est une artiste arrogante persuadée que sa passion pour la consommation de stupéfiants divers la rend subversive. Quant à Michel Houellebecq, il est plus que jamais cet auteur cynique à peine conscient des drogues qu’on lui fait prendre, des crimes dont il est témoin ou d’à quel point il est devenu réac’, marmonnant des inepties jusqu’à carrément être privé de parole.
Il y en a qui trouvent ça croquignolet, notamment la presse parisienne qui buvait ses paroles avant ses pires dérapages récents. D’autres sont atterrés. Voilà qui dépend du niveau d’affinité avec cet authentique personnage de fiction, monté de toutes pièces par ses éditeurs, les médias et Guillaume Nicloux.
Rester vivant (à peu près)
Rien à voir donc avec une comédie TF1 sur rails : désobéissant à la plupart des conventions narratives, bordélique et qui plus est tourné en mode guérilla, à l’épaule, en basse résolution, Dans la peau de Blanche Houellebecq est plus une sorte de happening improvisé autour de l’écrivain, qui finit par prolonger de cette manière au cinéma ses univers désincarnés.
Comme ses livres, dont le style souvent volontairement trivial s’accorde bien avec la photographie terne, le film brouille la limite entre la personnalité de l’auteur et celle de son protagoniste et brasse moult thèmes sociaux. Allant de la considération des relations homosexuelles au racisme, au colonialisme et à la problématique de l’appropriation culturelle, en passant même par ses propres propres positions (contre l’euthanasie par exemple), le film aborde même son fameux dialogue putrescent avec Michel « On ne peut plus rien dire et je le dis partout » Onfray, qui lui a attiré bien des ennuis en amont de sa considération pour le prix Nobel (qu’il ne compte pas pour autant remettre en question).
Le tout est en effet passé en revue avec un marasme absolu déconcertant, invitant le spectateur à, comme cet anti-héros, se foutre autant du misérable pastiche de progressisme contemporain que des mouvements socioculturels qui traversent la région. De toute manière, le personnage de Blanche Gardin est là pour rappeler à quel point l’engagement n’est qu’une posture débile, qu’il soit exigé par ces salauds de journalistes ou esquivés par ces crétins d’artistes.
Bref, bienvenue non pas dans la peau, mais dans la tête de Michel Houellebecq. L’expérience a beau être toujours aussi singulière, elle n’en demeure pas moins profondément désagréable. Mais bon, puisqu’on est sur Terre pour souffrir de toute façon…
Film bien barré et complètement inattendu, improbable.
Houellebecq, je ne sais pas trop qui c’est. Un écrivain, c’est tout ce dont je j’ai connaissance.
En lisant les divers avis, j’en viens à penser que c »est sans doute pourquoi j’ai vraiment apprécié ce film. Parce qu’étant sans à prioris.
Comédie qui part dans tous les sens, imprévisible, un peu grinçante. On ressort de là sans vraiment savoir où on a voulu nous amener, mais on s’en fiche : on s’est bien marré. C’était frais.
Mich Mich c’est comme Céline , un sens littéraire indéniable( Loulou Ferdinand éminemment supérieur évidemment), maïs dans la vie de grosses merdasses .
Sinon côté cinéma,Vu »L’enlevement… »’ , bof et thalasso 20 minutes en zappant sur canal ou OCS , rebof donc pour celui ci, pas envie.
Revoyez plutôt de nicloux , le poulpe avec un très bon daroussin
Ce film est une purge totale, si le début laisse espérer un film comique gentillet à la Groland, dès que le film attaque la partie thriller on sombre dans un n’importe quoi sous hallucinogène. C’est juste inregardable. Pour lire ensuite des critiques bienveillantes dans Le Monde et Telerama alors qu’il y a des scènes d’une malaisance effroyable (les 2 types nus dans la limousine..). Vraiment ça en dit long sur le chemin de croix qu’est devenu un certain cinéma français
Excellente critique.
La belle liberté d’expression d’Écran Large.
je sais que c’est pas bien de taper sur le physique mais ce mec m’est insupportable à regarder :/
Tiens ! encore un film français qui ne semble pas vraiment avoir lieu d’exister mais qui se passe étrangement en Gouadeloupe.
Certains ont trouvé le bon filon pour passer des vacances au soleil aux frais de la princesse.
Je trouve Houellebecq très talentueux dans ses romans, et très courageux dans ce qu’il dit, qui n’est pas conforme à la doxa ambiante.
Pourquoi fait-il ce genre de film ? Sans doute pour gagner sa vie. On ne peut pas écrire un livre génial tous les six mois.
Le traiter de « raciste » est une connerie. Dire que ses oeuvres sont…. « de merde » prouve qu’on ne sait pas lire ou que l’on n’a aucun critère de jugement.
C’est cette même équipe de gaudriole qui aurait été ravi d’embarquer GD s’il n’était blacklisté. BG est vraiment tombé bien bas, son précédent iris était un vrai navet également. Devrait rester maxi 2 semaines en salle
@kyle reese : oui il a écrit d’excellents romans…
En revanche, je te conseille plutôt ses premiers écrits (les particules élémentaires, plateforme, la carte et le territoire…)
Son dernier récit en date est en revanche un sacré raté à mes yeux.